- JOY -
Le lendemain, je me réveillais ragaillardie d'une bonne nuit de sommeil. Je m'étirai tout en demandant :
- On va s'acheter des croissants, aujourd'hui ?
Seulement, ce fut le silence qui me répondit. Mahaut n'était pas dans son lit. Fait étrange. Peut-être était-elle dans la salle de bain ? Après vérification, je m'aperçus que celle-ci était vide également.
Je descendis dans le réfectoire, confiante de sa présence. Étant moi-même une lève-tard, ce n'était pas étonnant qu'elle soit partie manger plus tôt. C'était certes très rare mais cela pouvait arriver. Elle pouvait être partie acheter à manger dans la Boutique également...
Toute à mes pensées, je me servis mon petit-déjeuner. Deux tranches de pain, deux petits beurres et deux petites confitures. Tout était présenté dans de petits pots individuels en plastique. Un régal pour l'écologie.
À notre place habituelle, il n'y avait que ce crétin de Martin.
- Où est Mahaut ?
- Je te retourne la question, pourquoi n'est-elle pas avec toi ?
- Elle... elle n'était pas là quand je me suis réveillée.
Nous mangions en silence, un peu gênés de se retrouver en tête à tête malgré nous. Cela aurait été encore plus gênant de changer de table pour s'isoler.
Je venais juste de finir la seconde tartine qu'un son s'éleva des hauts-parleurs. Nouveau fait étrange, puisque ceux-ci servaient rarement.
« Nous vous informons qu'une de vos camarades à attraper une maladie hautement infectieuse. Elle est en isolement à l'infirmerie. Nous vous prions de pas vous approcher des lieux pour limiter la propagation du virus. L'élève Mahaut Ninn retournera en cours dès qu'elle sera à nouveau sur pieds. Merci de votre compréhension. La directrice. »
- Tu étais au courant ? accusai-je Martin.
- Pas du tout, mais je le sens mal. Je vais aller parler à ma mère.
- Je vais voir Mahaut, annonçai-je tout net.
- Non ! cria-t-il de façon autoritaire. Il vaut mieux que tu restes tranquille, je pars me renseigner, d'accord ?
Je grommelai mais n'insistai pas : Martin serait plus à même de comprendre ce que Mahaut fichait là-bas. Une maladie infectieuse, un virus ? Qu'avait-elle choppé exactement ? Je n'y connaissais rien, je ne savais pas si c'était grave ou non et cela me paralysait. Je devais agir pour en apprendre plus. Je m'en fichais si tout le monde choppait ce virus, même si je l'attrapais moi-même, au moins, je serais avec ma meilleure amie !
***
J'étais motivée à agir mais je me retrouvais entourée d'enfants au milieu des jeux extérieurs, comme avant chaque fin d'après-midi. Je riais devant mon incompétence légendaire, comme pour ne pas en pleurer.
J'avais passé une journée tout à fait ordinaire. Le contrôle de chimie avait été un désastre, je détestais plus que tout enfiler leur Contrôleur qui me filait un mal de crâne à chaque utilisation. De la haute technologie ? Et bien leur technologie semblait vraiment pourrie.
À la fin du contrôle, Johakim s'était presque pâmé devant Baptiste, tout gonflé de vantardise. Leurs petits jeux m'épuisaient. Les sciences étaient les seuls cours où Johakim faisait tout pour être le meilleur. Ce qui signifiait pour lui de surpasser le premier de la classe, Baptiste Lagarde.
Ce dernier, sous ses faux airs de filou, cachait un véritable intellect. Il avait de bonnes notes quelque soit la matière enseignée, sans jamais produire autant d'effort que ses pairs. Pour ajouter à la liste de son exécrabilité, il semblait également avoir l'objectif de devenir populaire.
S'il avait voulu mon avis, je lui aurait dit qu'il s'y prenait mal. Toutefois, j'étais la dernière à pouvoir le critiquer étant donné que la seule popularité dont je jouissais était au sein du groupe des gamins de l'orphelinat. Et encore, j'étais au mieux considérée comme un gentil chien de garde.
Il était déjà presque l'heure du dîner et je n'avais toujours pas d'appétit, ce qui était rare dans mon cas. Dans un coin du jardin parsemé d'arbustes, un couple s'embrassait à pleine bouche. Je reconnus Baptiste et sus donc que la blonde que je voyais de dos devait être sa petite amie Marlyne. Ces deux-là étaient toujours fourrés ensemble.
Quand j'avais vue Marlyne dans les couloirs, je l'avais trouvé particulièrement joyeuse et vivante. Puis, au fil des mois, j'avais remarqué ce que cachait cette joie insensée. Non qu'elle était heureuse de sa vie, elle était simplement toujours droguée.
J'avais fait le lien quand j'avais vu ses yeux après qu'elle ait fumée une cigarette ayant une odeur particulièrement âcre. Plus je la regardais et plus je réalisais que ses pupilles étaient toujours aussi dilatées. Elle faisait bien ce qui lui chantait, tant qu'elle n'approchait pas les enfants de trop près...
Je ressassais la conversation eut avec Mahaut, à propos de la vision d'horreur que j'aurais apparemment eu à l'infirmerie. Cet endroit me fichait la chair de poule quand j'y pensais. Pourtant, je savais que Mahaut détestait ce lieu plus que moi encore. Je devais la sortir de là au plus tôt.
Ce midi, Martin était passé me voir. Selon lui, tout avait été réglé, Mahaut allait bientôt pouvoir sortir. Je restais dubitative. N'était-elle pas malade ? Mais peut-être était-ce une fausse alerte. Il valait mieux prévenir que guérir, n'est-ce pas ?
Les enfants se préparaient déjà à aller prendre leur douche, je n'y pensais même plus, toute perdue dans mes pensées que j'étais.
Je vis du coin de l'oeil deux infirmiers dans les jardins. Ils empoignèrent Marlyne avant de filer à l'intérieur. La jeune femme se débattait, faisant s'envoler ses longs cheveux de blé. Baptiste tentait de l'arracher à leurs bras mais une infirmière arriva pour le calmer. Marlyne était déjà rentrée, hors de vue.
Baptiste s'effondra à genoux sur la pelouse, le corps parcourut par des vagues de sanglots.
Que se passait-il, encore ?
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L'orphelinat des enfants trouvés [En Réécriture]
Misterio / SuspensoL'histoire débuta avec Joy. Bien qu'aussi radieuse et joyeuse que son prénom le laissait supposer, sa vie à l'orphelinat était loin d'être parfaite. En effet, sous son apparence insouciante et décadente, la jeune femme souffrait de terribles maux. ...