Mon corps opéré

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Je t'en fais voir de toutes les couleurs, pas vrai ? Pardonne-moi, ne me lâches pas, c'est tout ce que je te demande.

Je sais, récemment, tu es passé sur le brancard, tu es allé au bloc, on t'a un peu charcuté, je suis désolée mais il le fallait. Tu sais, cette maladie me bouffait la vie, réellement, c'était dur. Tu as vu tout ce qu'elle te faisait endurer ? Ce n'est pas une vie ça.

Alors oui, j'ai faits en sorte que l'on nous aide, toi et moi. On a un peu fouillé en toi, dans tes entrailles, dans mon ventre gonflé pour retirer ce qu'on appelle adhérences d'endométriose. Mais tu verras, d'ici quelque temps, tu vas revivre, j'en suis sûr et moi avec d'ailleurs.

Tu sais que c'est dur pour moi aussi en ce moment ? Je souhaiterais aussi reprendre le travail correctement, avoir une vie intime de nouveau, être « normale », mais pour le moment c'est compromis.Il faut être patient.

Mais c'est compliqué pour moi aussi, parce que je te vois tout déchiré, marqué par les scalpels qui t'ont ouvert pour aller te remuer dans tous les sens. Ça me fait mal de te voir changé et de voir encore une fois, des traces, des balafres sur ma peau, qui te constitue.

Alors il faut que je te reconnaisse, il faut que je recommence tout ce travail sur moi pour t'apprécier à ta juste valeur, quel calvaire. Il va falloir que je te réapprivoise, doucement, je ferais calmement, à ton rythme. Je sais essayer d'être indulgente avec toi, je vais, je dis bien, essayer, de t'écouter et de ne pas te brusquer.

Après tout, cette opération, c'est pour notre bien, pour nous garantir un meilleur avenir. Que tu puisses porter la vie sans problème, que ma vie ne soit pas un cauchemar constant, que la peur cesse de s'emparer de moi à chaque mouvement. Tu verras, ça ira, je t'assure.

Ce que je veux te dire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant