Lorsque j'ouvre la porte, je reste, bien malgré moi, stupéfaite l'espace de quelques secondes. Immobilisée par la surprise ainsi que par la colère. C'est d'ailleurs cette dernière émotion qui est la plus dominante.
Jake est face à moi, presque identique à la dernière image que j'ai de lui, excepté la barbe de quelques jours. Il porte une veste en cuir noir, le genre de vestes que j'ai toujours beaucoup aimé sur un homme, mais que je n'arrive pas à apprécier sur lui au vu de ces actes et de la déception qui en ont découlé depuis plusieurs semaines.
- Qu'est-ce que tu fais là ? le questionné-je très froidement.
J'ai préféré prendre la parole la première, histoire d'être maîtresse de la discussion, pouvoir l'orienter, mais surtout pour lui faire part dès maintenant de mon état d'esprit. Et puis, il ne semblait pas prêt à parler.
- Je, commence-t-il des plus embarrassé.
- Non, le coupé-je aussitôt, on va commencer par une autre question : c'était bien toi, il y a un mois, dans la cage d'escalier ? N'est-ce pas ?
- Oui et...
- Ce qui m'amène à ma deuxième question, je poursuis sans lui laisser le temps de répondre, pourquoi m'as-tu totalement ignorée durant plus de quatre semaines ? Et va falloir me trouver une réponse vraiment crédible, parce que me faire croire que tu n'as pas pu t'extirper une seule minute de ton satané programme si chargé ne suffira pas Jake.
- Je suis sincèrement désolé, m'affirme-t-il accablé et en faisant un pas.
Quant à moi, je recule de la même distance et le stoppe d'un geste de la main. Je ne veux en aucun cas qu'il entre chez moi, impossible de lui faire confiance pour ça. Ou pour autre chose.
- T'es sérieux ? fulminé-je. Tu crois sincèrement qu'un simple et pathétique « je suis désolé » pourra effacer tes réactions immatures ? Tu sais quelle est l'une des premières choses que j'ai dites à Carver après qu'il m'ait embrassé ? je le questionne en m'emportant un peu plus.
Je marque un temps d'arrêt, suffisamment long pour remarquer que son regard a changé. Il paraît plus blessé qu'avant, comme si lui parler de Carver n'avait fait qu'empirer la situation.
- Je lui ai dit que je n'étais pas une personne que l'on pouvait prendre et jeter, je lui explique en sentant des larmes de rage pointer le bout de leur nez. Je pensais que tu étais au courant, toi aussi. Tu es au courant que je ne suis pas un jouet Jake ?
- Évidemment que je le sais...
- Et que tu n'as pas le droit de me jeter quand bon te semble et me reprendre quand tu as besoin de moi ?
- Aby, laisse-moi t'expliquer, tente-t-il de m'implorer.
Ses tentatives sont vaines. J'ai trop de rancœur envers lui. Je suis sourde à tout ce qu'il pourrait bien formuler comme explication. Je suis tellement en colère et blessé par son silence...
- Je ne vois pas comment tu pourrais expliquer mon comportement, soupiré-je en serrant les poings. Va-t'en Jake, ça vaut mieux....
Les derniers mots sont sortis un peu difficilement à cause des larmes qui sont sur le point de faire leur apparition. Je n'ai plus envie de le voir et encore moins que lui me voie dans un tel état. J'accomplis donc la seule que je peux faire dans une situation pareille : je lève la main, la dépose sur la porte ferme cette dernière avec toute la force que j'ai en réserve. Un fracas assourdissant s'abat entre lui et moi tandis que je me décale.
Mon regard est posé sur la porte fermée, en particulier sur la poignée. Une partie de moi souhaiterait presque l'ouvrir à nouveau, mais je reste assez forte pour faire cette voix. Je n'ai plus envie de donner du temps à quelqu'un qui ne m'en a pas accordé ne serait-ce qu'une seule seconde malgré mes demandes répétées.
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Scènes Coupées | Tome ☆ ☆ : moteur !
RomanceLes derniers mois ont été intense pour la jeune fleuriste anglaise. Entre des rencontres improbables, un voyage et une courte relation, Aby n'a pas trop eu le temps de s'occuper de ce qu'elle ressentait. Mais quand ce fut le cas, elle s'est heurté à...