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Bonne lecture ♥

Je ne me suis jamais sentie aussi épanouie que maintenant. Là, dans ses bras, ma tête sur son épaule et mes doigts formant d'étranges dessins sur son torse. Un sourire béat aux lèvres, le cœur battant à la chamade. Un sentiment d'apaisement et de plénitude s'est installé au plus profond de moi il y a maintenant une bonne heure.

— À quoi penses-tu ? me demande-t-il au creux de mon oreille.

Sa voix est douce. Il murmure. C'est délicat et passionné, ça me provoque des drôles de sensations dans la nuque. Sa main caresse mon dos avant de se réfugier dans mes cheveux, me faisant frissonner au passage. Je lève la tête et plonge mon regard dans le sien.

— À rien, répondé-je.

— À rien ? répète-t-il en rigolant. Comment peut-on ne penser à rien ?

— Je ne préfère pas te répondre où tu vas me traiter de fleur bleue !

— Où est le mal si c'est ce que tu es ?

Sa réponse me fait automatiquement craquer et me donne envie de lui répondre.

— Tu n'as jamais connu un moment où tu étais tellement bien que tu en oubliais le monde qui t'entourait ? Que le monde extérieur n'avait plus d'importance ?

— Si, admet-il. Je le vis en ce moment. Sauf que mes pensées sont tournées vers toi et non le néant !

Je lui adresse un large sourire avant de le gratifier d'un câlin. Le silence s'installe assez rapidement, me permettant d'entendre ses battements de cœur. Je finis même par caler ma respiration sur la sienne.

— Qu'est-ce qui t'a poussé à venir aujourd'hui et non un autre jour ? le questionné-je un peu tracassée.

— On avait quelques jours de repos, m'explique-t-il avec tristesse. Tant que je travaillais, j'arrivais à me focaliser sur autre chose. Mais dès le premier jour de repos, j'ai commencé à tourner en rond, à me morfondre. Il ne m'a fallu que deux heures à peine pour que j'atterrisse à l'aéroport le plus proche.

Je n'aurais peut-être pas dû poser la question, car cela me rappelle que le monde extérieur existe, ainsi que nos responsabilités. Je sais qu'il va devoir retourner en tournage et ça me fait mal au cœur. Combien de temps nous reste-t-il ? Quelques heures ? Quelques jours ? Cette question me brûle les lèvres, mais je préfère la garder pour plus tard.

Jake ne voit pas mon regard, pourtant je sens que quelque chose a changé. Parfois, il n'y a pas besoin de parler.

— Je dois prendre mon avion à dix-neuf heures, m'apprend-il avec difficulté.

Je lève mon regard vers le sien et mon sourire disparaît. Nous avons donc quoi ? Une quinzaine d'heures grosso modo ? Et puis, un mois sans se voir. Encore. La situation est largement différente, mais tout de même.

— Viens avec moi, me propose-t-il très sincèrement.

La proposition est alléchante, beaucoup trop. C'est difficile de refuser quand on en a envie, mais ce n'est pas compatible avec ma vie, ici. Je ne peux pas partir pendant un mois, laisser Lily tout gérer. Ce n'est pas une réaction rationnelle, logique envers la personne qui m'a tant donné ces dix dernières années. Devoir refuser me brise le cœur, mais je n'ai pas le choix.

— Je comprends, ajoute-t-il en saisissant ma réponse. Lily a de la chance.

— C'est plutôt l'inverse, le contredis-je.

— Elle doit me détester d'ailleurs, suppose-t-il avec une étrange grimace.

Il n'y a pas de mots pour lui faire comprendre ce que Lily a bien pu ressentir ou lui expliquer comment elle a vécu la situation. Je me contente donc de rire et de le laisser mariner.

Scènes Coupées | Tome ☆ ☆ : moteur !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant