𝕀𝕝 𝕖́𝕥𝕒𝕚𝕥 𝕞𝕒 𝕝𝕖́𝕘𝕖𝕟𝕕𝕖 ☀ ᴶᴵᴷᴼᴼᴷ

二

— Range moi ce putain de carton.

Il baragouine quelques trucs incohérents mais prend tout de même ce que je lui tends. Ça fait déjà trois jours qu'on a emménagé mais il n'a encore rien déballé, ce qui a le don de me mettre en rogne comme jamais. Je ne suis pas la personne la plus organisée mais voir des cartons étalés partout dans le salon me fait chier.

— Ça va Jim' détends toi on vient à peine d'arriver! Ose-t-il me dire en plus.

Je ne réponds pas, ça ne sert à rien, on n'a vraiment pas la même notion de l'expression « à peine ». On s'est installés tous les deux en colocation après avoir été admis à l'université de Séoul. Taehyung et moi venons tout droit de Busan où nous avons grandi ensemble, nos parents étant aussi des amis d'enfance.

— Tu ne saurais pas où est ma trousse par hasard ?

Un à un, il ouvre les cartons avec l'aide d'un cutter, à la recherche de ce dont il a besoin pour commencer les cours demain matin. Bien décidé à laisser se débrouiller tout seul, je me dirige silencieusement vers ma chambre pour y déposer mes derniers livres sur les étagères. C'est enfin terminé !

— JIM' ! Hurle Taehyung du salon.

Je me mets à rire et prends mon casque audio qui se trouve sur mon bureau pour recouvrir mes oreilles, la musique se diffusant automatiquement après avoir liés les écouteurs à mon téléphone. Je me jette sur mon lit dont les draps sentent encore le doux parfum de la lessive de ma mère.
La porte de ma chambre s'ouvre, m'obligeant à lever la tête de mon jeu. Taehyung, les traits faussement tirés me regarde avec un sourire qu'il ne parvient pas à dissimuler. Ce gars ne sait pas ce que c'est d'être en colère, je ne l'ai jamais vu s'énerver, il passe sa vie à prôner la positivité alors que je suis bien son strict opposé sur ce point.

— Viens m'aider s'il te plait, je n'ai pas envie d'être tout seul.

Avec un petit sourire en coin, je retire mon casque, lui faisant comprendre que je n'ai pas du tout entendu ce qu'il m'a dit. Il se met à grogner puis il sort de la pièce en claquant la porte alors que je me mets debout sur mon lit pour le rejoindre dans le salon en riant.

— Ça va Tae, détends-toi, je rigolais ! Dis-je en reprenant ses mots.

Je pense que mon but ultime dans la vie est de le voir réellement sortir de ses gonds au moins une fois, histoire de voir à quoi ressemble un Taehyung enragé. De temps en temps, je me mets en tête de le pousser à bout mais ça ne fonctionne jamais vraiment puisqu'il tourne tout à la rigolade.

— Tu ne peux pas te séparer de moi plus de dix minutes c'est fou.

Je l'attrape par la taille et le soulève comme si je l'enlaçais mais je le secoue dans tous les sens plus qu'autre chose. Ses mains se posent instinctivement sur les miennes pour que je le laisse descendre, ce que je ne fais pas immédiatement.