𝕀𝕝 𝕖́𝕥𝕒𝕚𝕥 𝕞𝕒 𝕝𝕖́𝕘𝕖𝕟𝕕𝕖 ☀ ᴶᴵᴷᴼᴼᴷ

十二

— Ça va ? Demandé-je en chuchotant lorsque je le vois grimacer.

— Franchement ce n'est pas la partie qui fait le plus mal, le pire reste à venir. Répond-il sur le même ton.

    Un grand dragon d'encre noire prend petit à petit forme sur ses côtes droite, seule place encore libre sur le buste du jeune barista.

     Le tatoueur qui a déjà fait la plus grosse partie des contours est concentré sur sa tâche. Parfois, il blague avec nous ou il esquisse un sourire.

— On fait une pause.

    L'homme essuie le surplus d'encre sur la peau de SuIl puis il pose sa machine avant de se relever pour s'étirer. Mon ami qui était allongé sur le côté se redresse sans remettre le tee-shirt que je lui tends.

— Pourquoi tu es aussi livide alors que je suis celui qui douille ? Rit-il.

    Assis sur la table qui est juste à côté de celle sur laquelle SuIl se fait tatouer, il n'a qu'à tendre la main pour venir tapoter ma joue avec un sourire moqueur. Mes yeux restent fixés sur le dessin qui ne quittera désormais plus son corps et le bout de mes doigts viennent d'eux-mêmes retracer les courbes de ce majestueux être mystique qui donne l'impression de s'enrouler autour d'un cylindre invisible. C'est magnifique.

— Minnie ?

    Je me tourne vers lui lorsque mon surnom fraichement donné par ses soins passent la barrière de ses lèvres. Je croise son regard interrogateur et ne peux m'empêcher de le rassurer en souriant.

    Quand je suis avec SuIl, j'ai l'impression d'être la personne la plus importante à ses yeux et ça me fait étrangement plaisir.

— Tu peux m'attendre dehors ou dans un café si tu ne te sens pas bien.

— Je vais rester avec toi ! Me précipité-je de dire.

Je suis décidé à être là jusqu'au bout et je le ferai. C'est lui qui a mal, pas moi. SuIl se lève et sort une cigarette de son paquet qui traine sur un tabouret.

— Tu veux venir ?

    Je secoue la tête, lui montrant mon téléphone en le secouant devant son nez. Il s'en va alors, et me voilà seul devant tout ce matériel. J'en profite pour prendre quelques photos quand son tee-shirt dans mon autre main me rappelle qu'il est torse-nu dans la boutique, sans pression.

    Alors je me lève, part en vadrouille dans l'endroit avant de le retrouver au deuxième étage dans une pièce ouverte pour les fumeurs. Il discute avec le tatoueur et je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant parfaitement à l'aise dans cette tenue. Cet homme est quelque chose.

    J'essaie de me faire discret mais SuIl se tourne vers moi et me fait signe de m'approcher, ce que je fais.

— Je venais te rendre ton tee-shirt...