Spectre familial

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Ulrich était le premier à quitter Kadic pour retrouver ses chers parents dans le manoir désormais froid dans lequel il avait grandit. Il appréhendait énormément de devoir affronter les critiques constantes de son père et l'indifférence de sa mère.

Après avoir salué ses amis, qui s'étaient rassemblés pour lui dire au revoir, le jeune homme parti en direction de la grille du collège. Il entendit des pas approchant rapidement derrière lui et se retourna, apercevant Yumi qui venait à sa rencontre. Elle ne dit rien et le prit simplement dans ses bras avant de lui embrasser le front.

« Tu vas me manquer, beau brun. Bon courage avec tes parents. »

Et elle repartit, ne lui laissant pas le temps de répondre. Il sourit, il avait déjà hâte de la retrouver. L'été allait être long.

Après une heure de trajet, dans la voiture apprêtée par son père pour venir le récupérer, Ulrich arriva au manoir. Évidemment, personne n'était là pour l'accueillir.

Il gravit les quelques marches qui menaient à l'entrée et ouvrit la grande porte, après avoir pris une grande inspiration. Il faisait frais à l'intérieur. S'il n'avait pas habité au manoir depuis toujours, il aurait pu penser que personne n'habitait là, le silence était assourdissant.

Une porte s'ouvrît sur sa gauche et il vit une femme sortir du bureau de son père. Il ne la connaissait pas. À vrai dire, il ne connaissait pas tellement l'entourage de ses parents. La femme était très belle, avec une silhouette élancée et une longue chevelure blonde qui lui tombait jusqu'au milieu du dos.

« À très bientôt, Walter. »

Elle referma la porte du bureau derrière elle et commença à se diriger vers la sortie quand elle aperçu l'adolescent qui la scrutait. Elle sembla gênée et se contenta de lui sourire, avant de se hâter vers la sortie.

Ulrich resta immobile quelques instants. Ses soupçons semblèrent alors se confirmer. Son poing se serra. Alors qu'il était plongé dans ses réflexions, tentant de contrôler la colère qui bouillonnait en lui, son père sorti à son tour de son bureau.

« Oh Ulrich, je n'ai pas entendu arriver. Je suis content de te voir ! »

Alors ça c'était une première ! Son père, content de le voir ? Il devait surtout avoir compris que Ulrich avait vu la jolie blonde sortir et allait essayer d'acheter son silence.

« C'est ça, bien sûr. Tu me prends pour un imbécile ? Tu n'en as vraiment rien à faire de nous, pas la peine de faire semblant ! »

Le visage de son père se figea, il ne comprenait pas ce que son fils voulait dire par là. Il ne comprenait pas non plus la colère qu'il déchiffrait facilement sur son visage. Ulrich ne lui laissa pas le temps de formuler ses interrogations, il avait déjà filé dans sa chambre.

Arrivé dans sa chambre, seul pièce du manoir où il se sentait vraiment à l'aise, l'adolescent bouillonnait d'une colère grandissante. Il ne savait pas si sa mère était là, il espérait que non. Il avait perdu le peu de respect qu'il avait encore pour son père. Il ne pensait pas que sa situation familiale pouvait empirer davantage mais son père avait visiblement décidé de lui prouver le contraire. Des larmes de colère se mirent alors à couler le long de ses joues. Qu'avait-il fait pour mériter une telle famille ?

« Ulrich, tu es là ? Ton père m'a dit que tu étais arrivé. »

Zut, il avait oublié de fermer la porte de sa chambre derrière lui. Sa mère était donc là, à l'observer depuis l'encadrement de la porte. Elle arborait, comme à son habitude, son sourire absent. En sa présence, Ulrich avait toujours l'impression qu'elle n'était pas vraiment là. Elle avait toujours l'air ailleurs.

Elle n'avait pas toujours été comme ça. L'adolescent se rappela d'une époque où elle arborait un vrai sourire et où son père se montrait encore affectueux envers lui. Et où il ne trompait pas sa mère. Cette époque semblait remonter à une éternité, il n'avait pourtant que quatorze ans.

Avant de lui répondre, Ulrich essuya discrètement ses larmes. Il ne voulait pas inquiéter sa mère, qui avait toujours tendance à en faire trop, du moins quand son père avait le dos tourné. En effet, si elle ne prenait jamais la défense de son unique fils en présence de son mari, elle savait, parfois, se montrer douce avec lui.

« Oui, je suis rentré, Maman. »

Elle n'insista pas davantage, comme à son habitude, et ferma délicatement la porte de la chambre de son fils derrière elle avant de s'éloigner.

Ulrich soupira. L'été allait vraiment être long.

Après Lyoko [Code Lyoko]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant