Epilogue : Suzanne Hertz

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Aelita Stones n'était pas la cousine de Odd Della Robbia, Suzanne Hertz en était désormais persuadée.

Plusieurs éléments lui avaient mis la puce à l'oreille depuis l'arrivée de la jeune fille à Kadic mais elle n'avait désormais plus de raison d'en douter. Aelita Stones était en réalité Aelita Hopper, fille de l'ancien professeur de sciences de Kadic dont elle avait pris la place, Franz Hopper.

À l'arrivée de la jeune fille dans l'établissement, elle avait été surprise d'entendre le prénom « Aelita », qui n'était pas un prénom très répandu. Cela lui avait rappelé son ancien collègue, de qui elle n'avait plus eu de nouvelle suite à sa disparition du jour au lendemain, un peu plus de dix ans auparavant, en 1994. Elle n'y avait pas prêté plus d'attention, étant seulement nostalgique pendant quelques jours en repensant à l'homme qu'elle avait secrètement aimé. Le prénom Aelita était peut-être un prénom courant au Canada, d'où la jeune fille disait être originaire, après tout.

Un week-end où elle faisait du tri dans ses placards, Suzanne retrouva de vieux albums photos, qui remontaient littéralement au siècle précédent. Elle tomba sur une photo de Franz et de sa fille, Aelita. Elle n'avait aucun souvenir de l'existence de cette photo. La ressemblance avec son élève, Aelita Stones était frappante. Les deux filles portaient de plus le même prénom mais la photo avait plus de dix ans, et Aelita Hopper, si elle était toujours en vie, devait avoir environ vingt cinq ans aujourd'hui. Ça ne pouvait pas être elle. Suzanne se rappela avoir entendu parler d'une étude selon laquelle chaque individu avait sept personnes sur la planète qui lui ressemblaient presque à l'identique. Aelita Stones était après tout originaire du Canada, cela devait être un simple hasard. Suzanne rangea la photo et n'y pensa plus. Du moins, elle essaya.

Suzanne Hertz ne pouvait en effet plus s'empêcher de porter une attention particulière à la jeune Aelita Stones, qui avait de plus d'excellents résultats. Elle remarqua donc naturellement que la jeune fille fréquentait, en plus de son cousin Odd Della Robbia, d'autres élèves de sa classe, Jérémy Belpois et Ulrich Stern, ainsi qu'une élève ayant un an de plus qu'eux, Yumi Ishiyama. Elle savait que Jim avait les trois garçons à l'œil et clamaient qu'ils manigançaient constamment quelque chose, mais cela remontait à avant l'arrivée de la jeune fille. Peut-être que cela n'avait rien à voir.

Suzanne avait commencé à avoir de sérieux soupçons quand elle avait aperçu la bande de jeunes traîner autour de l'Ermitage, qui était inhabité depuis la disparition de son propriétaire, Franz Hopper.

Ses soupçons s'étaient confirmés au début de l'été, quand elle avait « accidentellement » suivi la jeune Aelita lorsque Kadic avait fermé pour l'été. Elle avait été intriguée de voir que la jeune fille ne partait pas avec son cousin et elle l'avait discrètement prise en filature jusqu'à ce que la jeune fille pénètre, avec toutes ses affaires, dans la maison abandonnée.

Habitant à proximité, elle était passé devant l'Ermitage à plusieurs reprises pendant l'été et avait constaté qu'Aelita s'y était bel et bien installée. Elle avait également aperçu plusieurs fois le jeune William Dunbar, qui avait un an de plus qu'elle, mais pas la bande habituelle de la jeune fille. Cela lui fit se poser de nombreuses questions. Étaient-ils au courant de sa véritable identité ? Ou bien seul William Dunbar l'était ? Et où était donc passé son père, Franz ? La seule chose dont Suzanne Hertz était sûre désormais, c'était qu'Aelita était bien la fille de son ancien collègue et ami.

Il y avait pourtant un détail important que Suzanne ne comprenait pas. La jeune fille était censée être née dans la première moitié des années 1980 et être donc dans sa vingtaine. Pourtant, Aelita avait encore le physique et l'attitude d'une adolescente. Mais Suzanne savait aussi Franz Hopper était un expert en physique quantique, peut-être avait-il trouvé un moyen de moduler le temps à sa guise ? Et que c'était la raison de sa fuite ? Cette explication semblait farfelue mais c'était la seule qui faisait sens pour la professeure, et elle sentait au fond d'elle que Franz était tout à fait capable de ce genre de choses.

Franz Hopper était en effet en fuite lorsqu'il était arrivé à Kadic. Il lui avait confié, vaguement, ses ennuis et fait promettre de prendre soin de sa fille, Aelita, si jamais quelque chose lui arrivait. Elle n'avait jamais vu la jeune fille, à part en photo, mais savait qu'elle suivait des cours à distance depuis l'Ermitage. Pourtant, quand Franz avait disparu du jour au lendemain, sans laisser de trace, la maison était vide. Suzanne avait pensé pendant une bonne dizaine d'années que le père et la fille avaient été rattrapés par leur passé et qu'ils avaient dû s'enfuir, ensemble. Elle n'avait plus eu de nouvelle de son collège et ami. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, non ?

Suzanne conservait toujours précieusement le paquet que son collègue lui avait confié. Comme il lui avait demandé, elle ne l'avait jamais ouvert. Il lui avait juste dit que le paquet était pour sa fille, si les choses tournaient mal. Mais elle n'était jamais venu le récupérer.

Suzanne avait passé l'été à réfléchir à la situation et elle avait attendu la rentrée pour en discuter avec le proviseur, qui avait lui aussi été un bon ami de Franz. La professeure de sciences de Kadic, professeur de mathématiques avant la disparition de Hopper, se rappela de l'époque où la mère de Sissi était encore dans le paysage. Jean-Pierre était vraiment heureux à l'époque, mais cette époque était depuis longtemps révolue.

Les cours avaient repris depuis plusieurs semaines à Kadic quand Suzanne Hertz se décida enfin à parler à Jean-Pierre Delmas. Elle avait prit rendez-vous avec lui à 10h, dans son bureau, en lui disant qu'elle avait à lui parler de quelque chose d'important. Il était 9h59, Suzanne savait que le proviseur aimait la ponctualité. Elle toqua à la porte de son bureau.

La suite dans : « L'Affaire Waldo Schaeffer »

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