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"TING!"

Les portes s'ouvrent. Elle n'a pas bougé depuis tout à l'heure, elle a trop peur. Elle le connaît, mais elle ne sait pas qui c'est.
Pourtant, elle le connaît. Elle ne le reconnaît pas.

Ses jambes bougèrent pour elle et la sortirent de l'ascenseur. En s'avançant vers la porte de son appartement, elle fouille dans sa mémoire. Rien, strictement rien.
Mais il y a tant de choses dans rien...

Elle ouvre la porte.

-19h58, tu es à l'heure ! lança son père. Ça va ?
-Oui...
-Alors, tu as acheté quoi ?
-Des habits, un masque et à manger.
-Oh, pas mal. Tu vas ranger ces affaires et tu viens à table ?
-Oui.

Elle se dirige vers sa chambre, allume la lumière et se laisse tomber sur le lit.

-Qui...Qui es tu ..?

Elle ferme les yeux et le visage de ce garçon se peint dans son esprit. Elle n'a pas vu ses yeux, mais elle sait très bien qu'il la regardait. Quand aux larmes, elle n'est plus très sûre...

-Ça doit être quelqu'un qui m'a prit pour quelqu'un d'autre, ou un pédophile ou quelque chose dans le genre. Tout va bien, demain il sera partit.

Elle se redresse sur son lit et soupire.

-Allez... N'y pensons plus et rangeons ça. Et arrête de parler toute seule Pauline.

Elle se lève donc et vide l'intégralité des sacs sur le lit. Elle met ensuite de la musique et ouvre la fenêtre.

Lui, il est encore en bas. Il est même tombé et s'est fait mal au poignet. Il sombre.
Alors, elle ne se souvient pas..?

----------------

-On mange quoi ?
-Les restes.
-Phrase légendaire prononcée par les vieux. Donc j'avais raison, John est vieux.
-Wesh...

Leur père s'assit en face d'eux en déposant les deux plats sur la table.
Pauline l'observa un moment, pensive. Peut être que son père saurait quelque chose sur ce gars... Non, s'il la suivait c'est que c'est forcément un pédophile ou un fou, demain il sera partit.
Elle baisse donc le regard sur son assiette.
Le silence s'empara de la pièce. Entre deux bouchées, leur père le brisa.

-Bon. Et sinon, vous faites quoi demain ?
-Je vais voir mes potes. Ça fait un moment qu'on s'est pas vu donc voilà quoi.
-Et moi je sais pas. Cho Yon part en voyage, donc je fais rien de spécial à par dormir jusqu'à vendredi.
-D'accord, on se fait pas chier quoi, commenta leur père. Il n'empêche que demain, j'aurais une petite surprise pour vous.
-Cool ! fit John.

Pauline se leva sans rien dire et débarrassa ses couverts, pour ensuite partir s'enfermer dans sa chambre.
A peine couchée, elle s'endormit.

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Il fait nuit. Il fait bizarre. Mais j'entre quand même dans ce bar. J'ai mal, j'ai trop mal mais je ne sais pas pourquoi.
Ça me fait pleurer, c'est incontrôlable. Je n'arrive pas à m'arrêter. Qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi ce bar m'attire autant ?
J'y entre sans même réussir à me contrôler. Un homme plutôt âgé chante sur une scène. Je vois Cho Yon assise à une table en train de regarder son téléphone. Je m'approche, sans m'arrêter de pleurer. Les larmes coulent toutes seules.
J'essaye de l'appeler, mais ma bouche n'émet aucun son. Aucun. Mes lèvres bougent, mais je n'articule strictement rien.
Elle se retourne et me fixe. Son visage est bizarre, elle a les yeux rougis et une expression étrange. Elle entrouvre les lèvres, puis des larmes noires s'échappent de ses yeux.

-Il est là...

Je la fixe, dans l'incompréhension la plus totale. Qui est là ?

-Le garçon dont tu avais peur. A l'avenir, fais attention...

De plus en plus de larmes noires et presque palpables coulent sur ses joues. Elle se brouille, elle se désintègre.

-Dis moi de faire attention... Il faut que nous fassions attention...

Je n'arrive pas à articuler quoi que ce soit. J'essaye, bon dieu que j'essaye... Je ne peux pas bouger non plus. Je la vois se liquéfier en liquide noirâtre comme ses larmes, sans pouvoir rien faire. Puis, entre toute cette noirceur, je vois un sourire se former.

-Oh, il est là lui aussi... Il y en a deux. Ne te trompes pas, il faut que tu lui fasses confiance. A lui, mais pas à l'autre. L'autre... A faillit te tué.

Elle se liquéfie totalement et tout se brouille, tout se grise. Je suis seule plusieures minutes dans un monde sombre, terrifiant, froid. Un homme avance vers moi, un homme avec des cheveux teintés gris et un magnifique sourire. Il me regarde intensément, puis tire sur une chaîne.
Au bout de la chaîne, il y a un autre garçon, plus grand et brun. Il pleure, je ne vois pourtant pas ses yeux... Il est enchaîné à l'homme au sourire. J'ai peur. J'ai vraiment très peur.
Je commence à avoir froid.

-N'écoute pas ce que t'a dit Cho'... Fais moi confiance à moi, je t'ai sauvé. Il faut que tu tues cet homme, je ne peux pas le faire moi. Allez, fais le...

Je ne bouge pas. Je suis terrifiée. Je ne sais pas qui ils sont, je ne sais pas, je ne sais pas.
D'un coup, le gris perd son sourire et s'avance vers moi. Il grandi, il se modifie, il devient un monstre.
L'autre se met à fredonner. Cette voix... Ou est ce que je l'ai entendue ?
Le gris se liquéfie de la même manière que mon amie. Il se liquéfie, lentement, en hurlant, forme une sorte de tas de pétrole. Il hurle encore plus fort et le brun chante plus fort, plus fort, plus fort. J'ai très mal aux oreilles. Vraiment, vraiment mal aux oreilles.
D'un coup, celui qui s'est liquéfié reprend à peu près sa forme humaine et éclate.
Le brun lève les yeux vers moi, recouvert de cet espèce de sang noir. Je...

Je sais qui il est.
J'ai très froid.
Je me souviens de toi...
Je me souviens de ça.

JunglineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant