Jungline

14

- Vous pouvez rentrer chez vous dès demain.

Cela fait seulement trois jours qu'elle est là. Elle a très peu de nouvelles du garçon et de Cho Yon, et elle a peur.
Son frère va mieux, cependant. Mais il ne devrait pas revenir avant un moment.

Son cas à elle est particulier.
"Tu t'es remise sur pied si rapidement, nous sommes tous plus ou moins déroutés", lui a dit son infirmière.
"Je n'ai jamais vu ça ! Bon, tu restes quand même sous surveillance et c'est normal, tu peux quand même nous faire une infection, puis tu auras des cicatrices... Mais même ! Je ne m'en remet pas !" avait-elle avoué.

Il est 12h30, et cette même femme vient de lui emmener son déjeuner. Elle reste avec elle, l'observant manger, tout en lui racontant toute sorte d'histoires qui font rire Pauline.
Elle est jeune, cette infirmière là. Et particulièrement sociable. Pauline est heureuse qu'on l'ai finalement mise sous sa garde à elle, et pas à celle qui l'avait accueillie à son réveil.
Celle ci l'avait gardé la première journée qu'elle avait passée à l'hôpital, et ne lui parlait que pour lui dire de se taire ou de ne pas bouger, d'une voix agacée. Elle se souvient encore de son premier repas, où elle l'avait fixée de ses yeux globuleux. Elle en a encore des frissons.

- Dites moi, vous avez des nouvelles de mes amis ? demanda Pauline.
- Oh, Cho Yon et le garçon ? Je n'en ai que de Cho Yon, l'autre est un cas particulier. Elle tient le coup pour le moment, on lui a greffé un rein artificiel. Mais il lui faut un donneur, son corps supporte de moins en moins l'appareil... Nous en cherchons un, même si très peu de gens sont compatibles. Mais on va en trouver un !
- Il y a bien quelqu'un qui est compatible est assez gentil pour l'aider... Dans tous les cas, je suis persuadée qu'elle s'en sortira !

L'infirmière lui sourit. Elle avait dit ça avec tellement d'espoir et de certitude...
Mais Pauline sait très bien que son amie a besoin d'un nouveau rein de toute urgence.
Et puis, même si elle en a un, comment être sûr que son corps l'acceptera ?
Elle chassa vite ces pensées noires et sourit de nouveau. Tandis qu'elle mangeait son dessert, L'infirmière lui racontait la folle histoire de son chien qu'elle a sauvé en rentrant de chez sa grand mère, en campagne. Le pauvre animal était abandonné au milieu de nulle part, tout maigre et recouvert de puces !

------------

- Je suis tellement soulagé de te ramener à la maison ...! soupira Adrien. Bientôt, ce sera John !

Elle sourit et s'assit sur le siège avant, aux côtés de son père.
Une fois attachée, elle ferma les yeux et laissa sa tête tomber sur le dossier.
Elle aussi est soulagée de rentrer chez elle et de savoir que c'est bientôt le tour de son frère.
La seule chose qui la bloque pour le moment, c'est l'état de ses deux camarades.
Et... Elle oublie quelque chose, mais elle n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

- Tu as tes médicaments ?
- Oui oui ! répondit-elle, les tenant fermement dans ses mains.
- Bon, on y va ! dit-il, radieux.

Durant tout le chemin du retour, ils chantèrent de vieilles chansons du genre Envole-Moi, ou Les Lacs du Connemara. Jamais elle n'aurait pensé chanter ces chansons avec tant d'entrain.
Rentrée chez elle, elle se posa juste devant la télé, regardant des dessins animés parfaitement stupides. Pourtant, chaque blague nulle la faisait pouffer.
Cependant, comment d'écrire l'état de son esprit ?
Elle préféra juste ignorer ce sentiment de confusion profonde, qui lui semblait à la fois nouveau et déjà expérimenté.
Enfin, elle ne l'ignora pas, c'était trop dur de juste faire semblant de ne pas l'écouter. Elle l'enfouis, le plus loin et bas possible. Le mieux était simplement de le laisser attendre, et de se reposer. Pas vrai ?