Sur la façade ouest de la Zone Protégée, Iris et Aloès hument l'air salin qui trahit la présence toute proche de l'océan.
— On respire ici ! s'exclame Iris, enthousiaste. Ça change de Viridi.
— Ce qui change de Viridi, c'est l'absence de soldats... Pas une seule Flammes Vertes à l'horizon! remarque Aloès.
— Nous sommes à l'université. Il n'y a que des étudiants et des scientifiques œuvrant tous dans le même sens que le gouvernement... Pourquoi il y aurait-il des Flammes Vertes ?
Iris observe Aloès : tout ses sens semblent perpétuellement en alerte, comme s'il se méfiait de tout.
— Restons quand même prudent, marmonne le jeune homme.
Une courte route entourée d'une terre plutôt sableuse accède au premier bâtiment du campus. Lieu d'accueil pour les étudiants, il contient aussi le restaurant universitaire, les laveries automatiques, des bars, ainsi que des salles de repos, de détente et de jeux. C'est une bâtisse de deux étages, tout en longueur, bardée de bois grisâtre, comme tous les édifices constituant l'université.
Une fois dans le hall principal, Aloès se dirige vers un grand bureau circulaire, où des secrétaires ont l'air de donner toutes les informations nécessaires aux étudiants fraichement débarqués qui s'entassent derrière le comptoir.
Iris jette un coup d'œil à travers les baies vitrées donnant de l'autre côté. Derrière les persiennes anti-chaleur, une grande place entourée de trois autres constructions similaires semblent composer l'essentiel du campus.
Sur le plan affiché au milieu des secrétaires affairées, les bâtiments portent apparemment les noms des quatre points cardinaux. On y trouve les studios, chambres, et petits appartements sur les toits avec vues sur les dunes et la mer à l'horizon pour les plus chanceux du Bâtiment Ouest. À l'est le campus est délimité par des bois.
Iris, qui, pour attendre son tour, prend un dépliant informatif pour « tout savoir sur Bioclimat », constate qu'au delà de ces quatre immeubles, « un parc offre un endroit propice au jogging du matin, à la balade, mais aussi à la méditation » – selon la formule employée dans la brochure. Des photos montre l'immense jardin aux arbres penchés par le vent. Des bancs et tables ponctuent les allées secondaires.
Iris examine le plan de l'université imprimé en dernière page, sorte de mini reproduction du grand plan affiché à l'accueil : un peu plus loin les habitations des professeurs et du personnel de l'université sont disséminées à l'orée du bois. À l'ouest se trouve une salle de sport avec différents terrains (basket, football) qui jouxtent le parc. Celui-ci s'ouvre ensuite au nord sur l'université en elle-même, constituée de quatre bâtisses dont une immense bibliothèque.
Enfin, vient le tour d'Iris et Aloès. Une femme, la tête baissée dans ses dossiers, ses lunettes tombant sur le bout de son nez, demande aux deux jeunes étudiants leurs papiers d'admission. Une fois les documents en main, sans même relever la tête, elle prononce d'une voix monocorde:
— Bien : Laroque, Iris... Votre chambre se trouve dans le Bâtiment Ouest. Numéro cinquante-six. Rez-de-chaussée. Bien, vous allez prendre la sortie nord, tourner à gauche...
— ... Et traverser la place jusqu'au bâtiment en question, l'interrompt Iris. Merci, j'ai eu le temps d'examiner le plan.
La secrétaire lève les yeux au dessus de ses lunettes et regarde la jeune femme pour la première fois.
— Bien. Les salles de cours se trouvent...
— Derrière le parc, oui... J'ai...
— ...Déjà regardé le plan, achève l'employée. Bien.
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IRIS
Science FictionIris rêve de partir et de découvrir le monde hors de la « Zone Protégée ». Iris s'interroge, cherche, doute. Iris est perplexe... Elle a vingt ans, nous sommes à la fin du vingt-deuxième siècle, et elle a grandi dans un contexte où les survivants d...