8. Trouver Iris

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La fournaise.

Iris, épuisée, sent la chaleur tout autour d'elle, la serrant comme dans un étau. Marcher, toujours marcher. Pas d'ombre, pas d'échappatoire. Tissu sur la tête, plissant les yeux, elle rêve d'une bonne douche. Elle rêve d'eau froide et d'air glacé. Aloès, silencieux, avance à côté d'elle, et ne s'arrête que pour avaler quelques gorgées d'eau. Xantium, lui, turban sur le crâne et lunettes de protection sur les yeux, a l'air de mieux supporter la traversée du désert. Cette route, il l'a faite de nombreuses fois.

 Cette route, il l'a faite de nombreuses fois

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Le sol pierreux révèle l'aridité du terrain. Ça et là des roches salines s'élèvent au-dessus du sol. Des hauts plateaux forment une frontière naturelle au sud. Les trois marcheurs continuent d'avancer vers le nord-est, jusqu'à ce que le ciel change de couleur, et que la température redescende sensiblement. Bientôt, la végétation réapparait. D'abord des petites plantes vivaces, des buissons, puis une sorte de savane parsemée d'arbres et d'arbustes. Ils n'ont jusqu'ici pas rencontré beaucoup d'animaux, mais Aloès distingue au loin une meute de petits canidés.

— Ce sont de petits lycaons, précise Xantium. Venez, avançons.

Les animaux se retournent vers eux, mais s'enfuient dès que les trois intrus reprennent leur marche.

C'est à la tombée de la nuit que le trio arrive enfin au repaire des Clairvoyants. Celui-ci se situe au beau milieu de la forêt, dans une atmosphère moite, et peuplé d'une multitude d'insectes volants et rampants. Le village est basé sur les ruines d'un ancien bourg. Aloès s'étonne :

— Ce n'est pas ici que je suis venu la dernière fois...

— Non, en effet, confirme Xantium. Nous avons changé de lieu.

Les premiers vestiges traversés sont les restes de petits immeubles de trois ou quatre étages, recouverts de végétation. C'est là qu'Iris rencontre pour la première fois les habitants des lieux.

Il s'agit de deux gardes effectuant leur ronde, et qui, à la vue de Xantium, sortent des fourrés et se précipitent vers lui. Xantium fait les présentations. Les gardes observent Iris avec un mélange de curiosité et de méfiance. Le petit groupe s'enfonce plus en avant parmi ce qui reste des bâtiments. La nature a repris ses droits un peu partout, et les édifices dévastés sont recouverts d'arbres ayant pris racine dans le béton. C'est une vision post-apocalyptique étrange qui s'offre à Iris. C'est comme si ce qu'elle a appris dans les livres d'histoire à l'école devenait réel sous ses yeux. Elle voit les catastrophes, les guerres déclenchées par les exodes de millions de gens, elle voit les pénuries de nourriture, elle voit tout ce monde à bout de souffle étouffer sous la chaleur, elle voit ce monde de désolation disparaître, englouti dans une nature vengeresse, faisant payer cher à l'humanité ses erreurs et sa cupidité.

Plus loin, dans ce qui devait être le centre du bourg, des maisons en bois aux toits végétalisés sont érigées, témoins d'un renouveau encore hésitant mais bien présent. Des hommes, des femmes, des enfants dont le moins jeune n'a pas plus d'une dizaine d'années, sont là, le teint hâlé par le soleil, des vêtements amples, très simples, cousus à la main. Ils regardent Iris, certains s'approchent et saluent Aloès. Un homme, la quarantaine, cheveux longs, vient à la rencontre des voyageurs.

IRISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant