Chapitre 8

906 87 100
                                    

Je suis tirée de mon sommeil par l'alarme de mon cadran. Rapide coup d'œil, 6 h 30. Je soupire et me lève, faut quand même aller travailler. La fin de semaine a été éprouvante à plusieurs niveaux et je ne peux pas dire que l'idée de retrouver Matt et de peut-être croiser Colin m'enchante particulièrement.

Quand faut y aller, faut y aller!

Je me rends à la salle de bain, regarde l'image que me renvoie le miroir.

Super, j'ai l'air de ce que je ressens, cette journée va être parfaite.

Je roule des yeux avant d'entrer sous la douche. Je laisse l'eau chaude faire son œuvre et parviens quand même à me détendre un peu. Je me rends compte que mon rêve m'a touchée plus que je ne le voudrais. Ça me déstabilise, j'ai pas envie de gérer toutes ces questions et de toute façon, il ne voit rien d'autre qu'une groupie et c'est vraiment pas ce que je suis. Je souffle, ferme les robinets et sors. Je me sèche rapidement, passe la main dans le miroir embué et m'observe un instant. L'image renvoyée a l'air fatiguée, mais elle est encore jolie malgré tout. Je me maquille légèrement, question de mettre mes yeux et mes lèvres en valeur et je choisis une robe vintage bleu foncé qui se marie bien avec la couleur de mes cheveux. Une paire de chaussures à talon plat et le tour est joué – faut pas oublier que je mesure 1 m 80, je n'ai pas besoin de talon. Je me rends ensuite à la cuisine où je suis accueillie par un miaulement affamé.

— Oh, tu as faim mon gros? Attends un peu, je te sers tes croquettes.

En guise de réponse, mon chat se frotte à mes jambes. Je lui donne des croquettes en me préparant un café au lait. Je mets le tout dans un thermos et file vers le travail, mon sac sous le bras. Je décide de prendre le métro pour m'éviter le trafic new-yorkais et être tôt au bureau. Je rejoins l'immeuble de Carter Corporation, y pénètre, salue Lisa, qui est déjà occupée avec des clients et m'engouffre dans l'ascenseur, le nez dans mon cellulaire.

— Bonjour Marie, me lance une voix grave qui me fait sursauter.
— Oh bonjour Monsieur Carter, désolée, je ne vous ai pas vu, j'étais ailleurs.

Le jeune PDG m'observe en souriant avant de reprendre.

— J'ai cru remarquer, se contente-t-il de me répondre affable. Alors, ce concert, c'était à la hauteur de vos attentes?

Évidemment, fallait que ce soit la première question qu'il me pose.

— Ils sont vraiment excellents.
—Mais?

Je regarde l'homme qui est venu me chercher à Montréal, je ne peux pas vraiment lui mentir, ce serait mal...

— Je ne pense pas être en mesure de travailler avec Colin monsieur, il est trop... comment dire.
— Irritant, arrogant, froid, intrigant, termine Ryan à ma place.

Et tellement plus.

— Quelque chose comme ça oui, dis-je en baissant le regard. Le pire, c'est que je sais que le groupe serait l'addition parfaite pour le concert-bénéfice, mais je ne sais pas comment le prendre. J'y ai pensé toute la fin de semaine en fait et j'ai toujours pas trouvé. Et c'est sans parler de leur bassiste, qui a clairement un problème de jalousie maladive et de consommation.

Mais pourquoi est-ce que je lui dis tout ça?

Ryan m'écoute, un sourire bienveillant aux lèvres. Je ne sens aucun jugement de sa part, seulement une grande écoute.

— Je suis certain que vous arriverez à trouver la meilleure façon de faire Marie, je ne suis pas allé vous chercher à Montréal pour rien.

Ding.

Un pari risquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant