La mort d'un roi

276 17 13
                                    


NdA : Bon....Rien à dire....Juste : évitez de tomber en dépression

///

Le roi regardait les flocons virevolter doucement dans le ciel nocturne ou seules les étoiles brillaient. Les feuilles d'argents de la Lorien étaient saupoudrées d'une fine couche cristallisée qui reflétait la lumière des astres célestes.

Il tenait un verre de vin à la main, trempant de temps à autre ses fines lèvres dans le liquide vermeil, s'attirant ainsi le regard désapprobateur du semi-elfe se trouvant dans la pièce.

Mais le fier Sindar n'y prêtait guère attention, trop de fois la faucheuse lui avait retiré ses raisons de vivre, ainsi, la douce ivresse qui s'emparait de lui lorsqu'il avait abusé de la boisson vermeil était devenue son seul refuge. Le roi abaissa le regard et constata que de folles mèches s'étaient échappées de sa coiffure d'apparat. Il poussa un discret soupir, posa son verre sur la desserte qui s'offrait à lui puis détacha les liens qui retenait ses longs cheveux d'or blanc.

Le regard du sage d'Imladris se fit plus compatissant ; son ami était lassé de sa vie et peu de chose le retenait encore sur ces terres. La guerre était finie, son fils partit en compagnie d'un nain, grande souffrance pour Thranduil, le temps des elfes révolu et sa forêt doucement perdait son charme retrouvé, ses cavernes se faisaient de plus en plus vides, le chant des arbres s'étant transformé en un faible murmure qu'il peinait à entendre.

Thranduil se resservit un verre de vin, cette fois-ci, Elrond se leva brusquement, comme si toutes les fois où il avait voulu l'arrêter s'étaient accumulées. Le roi releva la tête et un léger sourire vint flotter sur ses lèvres. Néanmoins ce sourire n'était ni joyeux, ni malicieux, ni amical, Il exprimait l'étendue de son malheur, la grandeur de sa lassitude, la peine de voir son fils si incompréhensif et si lointain, le manque soudain d'affection, un sourire triste. Le Peredhel prit doucement le verre des mains baguées de Thranduil. Une bague glissa de ses fins doigts, si blancs, si doux, si délicats, des doigts de femmes pensa Elrond, et chuta à terre. L'émeraude se déchaussa du fin entrelacs d'argent et se brisa en un rebond.

Thranduil n'ayant pas esquissé un moindre geste pour empêcher la chute de ce bijou, profita de l'état d'étonnement du guérisseur des âmes pour lui reprendre doucement le verre et le vida d'un trait pour finir sur la console proche du siège où le souverain d'Eryn Laslagen, car tel était son nom désormais, s'était assit.

« - Voyez-vous, je ressemble beaucoup à cette bague, elle parait polie mais cache en elle-même une multitude de fissures. Ne soyez pas surpris lorsque la chute du roi de Mirkwood arrivera à vos portes. finit-il par dire, à ces mots, Elrond sortit de sa transe.

- Je vais alors me charger de vous rappeler que vous avez un fils. riposta-t-il en s'asseyant aux cotés de Thranduil

- Un fils qui me renie. compléta-t-il en un murmure, l'autre ne savait quoi répondre

- Aran nin... le dénommé se leva face au seigneur demi-elfe, ses cheveux le drapant d'or

- Ne dites rien Peredhel, ce ne sont que des caprices de roi égoïste. Elrond se leva à son tour

- Ce ne sont pas vos propres mots, vous êtes bien trop orgueilleux pour penser cela. le roi d'Eryn Laslagen se tourna alors vers la fenêtre à travers laquelle on voyait la danse des flocons de neige qui tranchait dans le ciel nocturne.

- Je ne suis qu'un monstre au cœur gelé et si vous-même n'avez pas pu faire tomber le masque de marbre, alors il ne sert à rien que je parle à cœur ouvert. murmura Thranduil

- Il n'est jamais inutile de parler de cœur à cœur, mais le votre est bien protégé et cette muraille de glace qui l'entoure va vous perdre.

- Je suis déjà perdu. dit-il presque douloureusement et une larme perla au coin de son œil pour s'écraser sur le sol froid

- Ne diriez-vous donc rien à votre tendre ami ? demanda le fils du navigateur

- Nul besoin de parler, il sait sans mot et cela est sa plus grande qualité. Les mots font mal à dire et à penser, ainsi pas un ne franchira le seuil de ma bouche. »

Et sans bruit, le grand roi s'en alla, sa longue chevelure ondoyant sous la frêle caresse du vent.

Quand au petit matin la forêt blanche de neige s'éveilla, sous les feuillages d'argent, dormait pour toujours le fils d'Oropher dont la chevelure d'or coulait telle une rivière entre les jeunes perce-neiges. Il était beau dans sa mort et sur ses lèvres figées, un sourire apaisé était resté.

Les hommes meurent et les elfes sont malheureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant