Chapitre 12 : Joyeux anniversaire !

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Robert Mills était boulanger depuis presque quarante ans déjà. C'était son propre père, boulanger avant lui, qui lui avait appris l'art du métier. Robert n'était pas allé à l'école très longtemps, son père ayant très vite eu besoin de lui pour l'aider à faire tourner la boutique. Une fois son père à la retraite, il avait tout simplement repris l'affaire familiale sans plus se poser de question que ça : ça avait été dans l'ordre naturel des choses. Au fil des années, il s'était néanmoins spécialisé dans un domaine que son père avait peu développé : la pâtisserie.

Ces deux spécialités, boulanger et pâtissier, lui avaient permis de varier ce qu'il avait à offrir en boutique et avait quelque peu augmenté son nombre de clients. Rien de quoi être riche pour autant, mais tout de même de quoi avoir suffisamment d'argent pour faire vivre sa petite famille, composée de sa femme et de ses deux enfants. Il s'était d'ailleurs fâché avec son aîné lorsque celui-ci, ayant soif d'indépendance, avait refusé de reprendre le flambeau comme l'avait voulu la tradition familiale. Sa fille, elle aussi, avait fini par quitter le giron familial pour aller faire des études dans l'une des universités de la ville. 

Robert et sa femme s'étaient résolus à prendre un prêt à la banque pour financer les études de leurs deux enfants, et Robert n'en travaillait que plus dur de son côté. Lorsqu'il y pensait, l'heure de la retraite devrait bien arriver un jour ou l'autre, mais pour l'instant il ne pouvait s'y résoudre. Non pas parce qu'il était passionné par son métier – la passion des premiers temps l'avait bien vite quitté – mais, tout simplement, parce qu'il avait besoin d'argent.

Les clients n'étaient pas particulièrement nombreux dans sa boutique, d'autres enseignes concurrentes existant dans les alentours ; pour autant il avait des achats réguliers et c'était là tout ce qui importait. Il avait ses clients habituels, et parfois quelques nouveaux venaient ponctuellement acheter un peu de pain, quelques sandwichs, ou des gâteaux de sa confection.

Lorsque la sonnette de la boutique retentit, Robert leva le regard vers un homme qu'il n'avait encore jamais vu jusque là. Depuis l'arrière du comptoir il lui adressa un bonjour poli, auquel l'homme répondit d'un signe de tête.

« Qu'est-ce que j'vous sers ? demanda le boulanger à l'inconnu.

- Je vais regarder ce que vous avez » répondit-il.

Robert hocha la tête et laissa l'homme regarder au travers des petites vitres les victuailles qu'il avait confectionné et disposé sur les présentoirs.

Il remarqua, sans véritablement y prêter attention, que l'homme qui venait d'entrer dans sa boutique déserte avait un stylo qui dépassait de la petite poche extérieure de sa chemise.
Peut-être que s'il avait été plus fin observateur, Robert se serait rendu compte que ce stylo-là n'était pas habituel. Mais le boulanger était bien plus concentré sur son travail, et reporta son attention sur la liste de commande qu'il devait finir avant la fin de la journée.

Et puis, après tout, Robert n'y connaissait pas grand chose en nouvelles technologies. Alors, comment aurait-il pu savoir que ce stylo ne servait absolument pas à écrire, mais était en réalité un stylo doté d'une mini caméra, comme ceux que l'on pouvait de nos jours commander sur internet à un maigre prix ?

S'il avait su cela peut-être aurait-il pu se douter que quelque chose clochait. Que la suite des événements serait loin d'être banale.

Mais Robert ne se doutait de rien. Il reprit naïvement le cours de son travail.

Quelques instants après que l'inconnu fut entré, la sonnette résonna à nouveau. Le boulanger releva la tête et fixa la nouvelle arrivante.

Une gamine.

L'ange et le JokerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant