Chapitre 9 : Le club

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La nuit était tombée sur la ville de Gotham. L'obscurité était entrecoupée de la lumière artificielle des nombreux lampadaires, la plupart grésillants du fait de leur mauvais entretien dans ce quartier de la ville ; ceci engendrant une pollution lumineuse à laquelle la population s'était habituée. Pas d'étoiles à l'horizon, mais uniquement la luminosité des dits lampadaires ainsi que celle, plus colorée, des néons des divers clubs et boîtes de nuits faisant partie la vie nocturne de la ville.

Kelly se sentait à la fois excitée et inquiète.

Après leur repas, monsieur J. était parti de l'appartement en lui disant de l'attendre bien sagement. Il était revenu quelques temps après, alors que la nuit avait commencé sa descente sur la ville, et l'avait invitée à descendre dehors avec lui. Une fois sorti du vieil immeuble, il l'avait faite monter dans une voiture grise avant de commencer à rouler sur les grandes routes du centre-ville.

Kelly avait été étonnée que monsieur J. la fasse monter à l'avant de la voiture ; avec sa maman et sa grand-mère, elle avait toujours eu l'habitude de monter à l'arrière, apparemment parce qu'elle n'avait « pas l'âge » de monter devant, parce qu'elle n'était « pas encore assez grande ». Mais monsieur J., lui, semblait bien s'en ficher – d'ailleurs il semblait se ficher de pas mal de choses au final. Kelly n'avait donc rien dit et s'était installée devant, attachant tant bien que mal la ceinture qui lui paraissait un peu trop grande, et se débattant régulièrement sur son siège pour essayer de voir la route devant elle.

Après elle ne savait trop combien de temps passé à rouler ainsi, monsieur J. avait garé la voiture au bord d'un trottoir, dans un quartier de la ville que Kelly ne connaissait pas ; puis ils étaient tous deux descendus. Le froid l'avait immédiatement saisie, la petite fille ne pouvant s'empêcher de réprimer un frisson. Elle s'était alors tournée vers l'homme qui n'avait accordé aucune attention ni à elle ni au froid, et s'était dirigé d'un pas rapide vers le bord du trottoir.

Kelly l'avait suivi le plus vite possible en trottinant de ses petits pas pressés, et puis elle avait fait quelque chose qui lui semblait tout à fait naturel : puisque monsieur J. s'apprêtait à traverser la route, elle lui avait attrapé la main. Tout simplement.

Le Joker s'était immobilisé à ce contact, écarquillant les yeux de surprise. Qu'est-ce qu'il lui prenait à cette gamine tout à coup ?

Il agita alors sa main, à laquelle celle de la gamine était fermement agrippée.

« Ca veut dire quoi ça ? » demanda-t-il mi-surpris mi-outré par ce genre de contact physique inattendu.

Kelly leva deux petits yeux innocents vers lui.

« Bah, il faut donner la main avant de traverser la rue. »

Le Joker leva les yeux au ciel et se passa une main sur le visage, lassé par les comportements teeellement stéréotypés de la gamine. Elle était si jeune, et pourtant il y avait déjà eu assez de temps pour lui inculquer tout un tas de codes sociaux tous plus absurdes les uns que les autres. Pathétique.

« Lâche » ordonna-t-il d'une voix froide.

Malgré son incompréhension face à cette réaction, Kelly n'obéit pas. Elle n'allait tout de même pas traverser la rue toute seule, non ?

Voyant que la gamine ne s'était toujours pas décidée à le lâcher le Joker finit par se lasser et reprit sa marche, traversant en direction du trottoir d'en face éclairé par plusieurs néons colorés.

Kelly manqua de trébucher tant la remise en marche de monsieur J. avait été soudaine, mais elle se rattrapa et le suivit le plus vite possible, sa main toujours accrochée à la sienne.

L'ange et le JokerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant