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        Leila, Nath et Emilie sont parties hier, en prenant le bus. Malgré les derniers événements, ça m'a fait un petit pincement au cœur. Je sais que notre prochaine visite ne se fera pas avant un bon moment. Et de toute façon en ai-je envie vu se qui s'est passé hier ? Je n'en suis pas très sûre. Je sais très bien que ce n'est pas de leur faute, même si j'aurais préféré qu'elles se passent de leur moqueries à deux balles. Tout ça, c'est de la mienne. J'aurais dû répondre. J'aurais dû le dire. Mais pourquoi je n'ai rien dit, mince ? Je ne sais pas ce qui m'a prit. Je savais que c'était soit Leila et le groupe, soit Sam et Claire. Le problème, c'est que je regrette déjà mon choix... En plus elles ne répondent pas à mes messages, mais je ne pense pas que les harceler était la solution la plus adaptée.




        Deux semaines se sont déjà écoulées, et les vacances sont terminées. Je ne l'ai est pas vues passer. Aujourd'hui, c'est donc le retour au collège, après des vacances étouffantes. Je ne sais même pas où je vais m'asseoir à midi. Seule, en tout cas.
Une fois arrivée au collège, j'erre dans la cour, un peu perdue. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Je n'ai pas vraiment l'habitude de traîner seule. Avant, j'avais toujours des admirateurs qui gravitaient autour de moi telles des mouches. Ça ne m'avait jamais été utile. Là, j'en aurais bien besoin.




         A midi, je décide d'aller parler aux filles. J'ai le cœur prêt à sortir de ma cage thoracique et les mains moites. Je suis tellement stressée... Je marche droit vers elles, mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ? "Salut, désolé pour hier, vous ne me faites absolument pas honte, donc on peut rester potes ?" Pathétique. Alors que mes jambes tremblent dangereusement au fur et à mesure que je me rapproche, une fille et sa bande me passent devant. Cette fille est en réalité un spécimen qui s'habille de manière louche et débrayée, qui se prend pour un garçon et qui crache de gros mollards quand elle en à l'occasion. Autant vous dire que je ne l'aime pas tellement. Elle et sa bande s'attroupent autour de Sam et Claire, qui celles-ci jettent des regards mauvais aux personnes présentes. Elles non plus n'ont pas l'air de beaucoup l'apprécier. Je me rapproche, mine de rien, et écoute leur conversation, si nous pouvons appeler ceci une conversation.
Je reconnais la voix de la fille:
- Dîtes, dans les vestiaires, vous vous matez ou pas ? 
Je sens mes poings se serrer touts seuls.
- Et toi là, dit-elle en s'adressant à Sam, pourquoi tu te changes pas dans les vestiaires des mecs ? Tu vas me faire croire que t'es une meuf ?
Ma mâchoire se crispe, mes dents se serrent. Je sens l'adrénaline et la colère pulser dans mes veines. De quel droit s'adresse-t-elle de la sorte à mes amies ? Mes jambes ne tremblent plus, sauf peut-être de colère. Je ne me tairais plus. 
- C'est toi qui dit ça ? je lance.
Toutes les têtes se tournent vers moi en un même mouvement. La fille reste un moment surprise, puis se reprend, le visage haineux.
- T'a un problème, toi ? 
- Si on considère que ta présence est un problème, alors oui, j'en ai un, je rétorque sans me démonter. 
La fille regarde sa bande, comme-ci elle n'en croyait pas ses oreilles. Puis elle éclate de rire.
- Et, est-ce que  tu considères que te prendre mon poing en pleine face est un problème ? me menace-t-elle ne s'approchant de moi.
- Ton poing ? C'est plutôt ta tête qui me fait peur, je réponds en me rapprochant aussi, si bien que je pourrais lui foutre un coup de boule.
- Ta gueule.
Je joue la surprise.
- Quoi ma gueule ? Ah oui, ce qu'il y a dessus se nomme la beauté. Tu dois pas souvent en entendre parler dans ton cas. 
J'avoue que je n'avais pas prévu la suite. Ou pas vraiment. Peut-être que sa veine qui ressortait sur son front aurait dû m'annoncer la suite. Mais bon, je ne pensais vraiment pas que ça allait arriver.
 Elle balance son poing dans ma tête, les yeux révulsée de colère. Je tombe à la renverse, sous le choc. J'entends ses amis rire bruyamment tandis qu'elle crache à mes pieds. Là, la suite m'a vraiment surprise. J'ai vu Sam se jeter sur le dos de la fille en hurlant "ne touche pas à mon amie", sous mes yeux ébahis et du liquide chaud, gluant et piquant me coulant sur le menton. Du sang. La fille s'agite, surprise, et commence à se battre avec Sam. Mais que font les surveillants ? Je me relève, tandis qu'un cercle de gens criant des "oooohhhh" à chaque coup envoyé, se forme autour de nous. La fille a clairement le dessus, ça se voit. N'attendant pas que Sam se fasse massacrer, Claire vient à son secours en tirant les cheveux de la fille. Je me joins à elles, et bientôt la fille se jette de nouveau sur moi, me clouant au sol et me ruant de coups. Sam grimpe sur son dos, la tirant en arrière, tandis que Claire la tire par les pieds. Je ne vois pas vraiment ce qui se passe, alors j'envoie un uppercut dans le menton de la fille tandis qu'elle pousse un grognement de douleur. J'entends ses dents claquées. Soudain, la fille se lève, titubante et déboussolée et part en courant avant de cracher à nos pieds encore une fois. Je lève la tête et voit alors un surveillant qui entre dans le collège. Je me lève et court vers les toilettes, suivie de Sam et Claire. Hors de question de me faire renvoyer. Nous fermons la porte des toilettes derrière nous, essoufflées. Nous nous affalons contre le mur, se fichant de la saleté et de l'eau douteuse qui recouvre le sol. Les filles et moi, nous nous regardons sans rien dire.
- Si vous voyiez vos têtes, finit par lâcher Sam.
Nous éclatons de rire, parce que celle de Sam n'est pas mieux. Je me tiens le ventre et chasse les larmes qui me montent aux yeux à cause de ce fou rire. Reprenant soudainement mon sérieux, je les regarde, une à une.
- Je suis désolée. Je n'ai pas été à la hauteur hier. Je m'en veux tellement, je ne sais pas ce qui m'a prit. Je gâche toujours tout, je confie, les larmes aux yeux, mais pas de joie cette fois ci. Je ne vous mérite pas. Vous m'avez intégré dans votre groupe alors que vous ne me connaissiez même pas. En plus de ça, vois êtes toujours gentilles, drôles et spontanées. Et moi je n'arrive même pas à lâcher des pauvres mots pour dire que je tiens à vous devant mes meilleures amies... Même moi, je me déteste.
Elles se regardent, et posent leur mains sur les miennes.
- Nous on ne te déteste pas, me rassure Sam d'une voix calme et posée. On étaient justes tristes, et on s'est demandées si on avaient fait un truc de travers. Mais là, vu ce que tu viens de faire, on peut oublier cette histoire de merde. On va pas s'engueuler pour si peu.
- Tu dis toujours ça, je lance en riant tristement.
- C'est parce que je le pense.
Elles me regardent en souriant. Je me si importante, avec elles. Mais pas de la même façon qu'avec Leila. Là, c'est en positif. Et je crois que je préfère ça.
- Alors on oublie, je conclue en leur faisant un check. 
Il y a un petit silence, interrompu par le gloussement de Claire.
- Non, mais sérieux, c'est fou ce qui vient de se passer, non ?
- Grave. Rassurez moi, j'étais pas la seule à avoir la petite musique de "007" dans la tête pendant qu'on se battait ? je lance en riant.
Sam éclate d'un rire hystérique.
- Oh que non, tu n'étais pas la seule. Mais sérieux, on s'est bien faites amochées, dit-elle en se levant et en se regardant dans le miroir. 
Claire et moi nous levons à notre tour et observons les dégâts en se penchant pour regarder de plus près. Je saigne du nez et j'ai la lèvre fendue en deux. Sam a l'arcade sourcilière explosée et Claire a un beau coquard qui vire sur le violet. 
- Mes parents vont me défoncer, conclue Sam.
Nous nous regardons, et puis nous éclatons de rire.


A fleur de peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant