- Marie, n'oublie pas de bien ranger la réserve, c'était le bazar l'autre fois et il est hors de question que je repasse derrière toi à chaque fois.
Je jette un coup d'oeil à Baptiste, mon collègue et nouvel ami, qui comprend parfaitement ce que je pense à ce moment précis. André, notre responsable, a encore brillé dans l'art d'être un vieux con. Ça fait bientôt deux mois que je suis à ce poste, en tant que vendeuse dans un magasin de chaussures et concrètement, si je n'avais pas eu besoin de ce complément de salaire, je ne serais pas restée plus d'une semaine. A peine arrivée, j'ai compris le problème et il s'appelle Alice. Nièce d'André, il l'a embauché au poste de responsable adjointe sauf qu'elle n'en fiche pas une et ça nous retombe dessus avec Baptiste. Alors je prends sur moi mais ça devient de plus en plus difficile. Ranger la réserve ? Je le fais tous les jours mais on dirait qu'Alice prend un malin plaisir à remettre tout en désordre à chaque fois, sous prétexte qu'elle ne trouve pas ce qu'elle cherche parce que je fais mal mon travail. Si elle savait lire une référence, peut-être qu'elle trouverait plus facilement.
- Je m'en occupe André, lui répondis-je à contre-coeur en me dirigeant vers la réserve.
- Encore heureux, s'exclame-t-il dans mon dos. Ah et vous serez de fermeture lundi au fait.
Je me retourne d'une traite.
- Vous savez que ce n'est pas possible, je ne travaille ici que les samedis et dimanches.
- Ah bon ? Et depuis quand ?!
Il feint très mal l'étonnement mais à nouveau, je fais comme si de rien n'était. Il adore me mettre mal à l'aise et remettre en question mon travail. Il sait qu'il me tient car j'ai besoin de ce poste et donc pas mon mot à dire.
- Depuis que vous m'avez donné ma chance ici, répondis-je avec le sourire. Je suis désolée mais en semaine j'ai un autre emploi.
Il lève un sourcil, hausse les épaules puis me tourne le dos pour s'éloigner.
- Et je suppose que vous devez y être tout autant désordonnée, peut-être qu'un seul emploi c'est déjà de trop pour vous. D'ailleurs, j'y pense, votre CDD ne sera pas renouvelé, nous pourrons nous passer de vous en fin de compte.
J'en reste bouche bée. J'avais effectivement été embauchée pour un contrat de deux mois mais il m'avait assuré que celui-ci serait renouvelé et que la durée était juste une procédure administrative. Je vous avoue que le tout n'était pas très clair mais étant donné que c'était le seul poste que j'avais trouvé au pied levé, j'avais accepté les conditions sans sourciller. Sauf que je n'avais pas prévu de me faire avoir...
- Mais André, vous m'aviez dit..., tentais-je.
- Je n'avais rien dit du tout. Votre contrat se termine dans deux semaines, bon débarras !
Ravi de son effet, il pouffe et va se positionner en caisse où il adore s'asseoir pour compter les billets. Les larmes me montent aux yeux tandis que je sens une main se poser sur mon épaule.
- Ce n'est pas grave Marie, tu vas trouver autre chose, essaye de me rassurer Baptiste.
Au courant de mon projet, il sait aussi que celui-ci me tient à coeur et que perdre ce travail ne va pas y contribuer. Je tente de ravaler mes larmes.
- J'espère...
- En attendant d'être débarrassé de vous, il vous reste encore du travail à faire donc ne lambinez pas !, me lance André depuis l'entrée du magasin.
Evidemment il se permet ces remarques car le magasin est vide à cette heure-ci. Devant les clients, il est tout mielleux afin de donner l'image d'une équipe soudée à la clientèle. Ridicule.

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Shot me
Roman d'amourBienvenue au Shot Me. Vous aussi, poussez les portes du bar... Après un flirt qui s'est mal terminé, Anthonin et Marie ont coupé les ponts. Jusqu'à ce qu'elle réapparaisse, un an plus tard, dans le bar où il travaille. Leur relation, toujours tumult...