Chapitre 9

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Assise dans mon lit, je fixe mon téléphone portable depuis un bon moment maintenant. Après être partie du bar, j'ai erré dans les rues sans trop savoir où j'allais, au point où j'ai dû appeler un Uber pour rentrer chez moi ensuite. J'avais manqué les derniers métros et je n'avais plus la force de marcher. J'ai essayé de dormir mais impossible, je n'ai fait que pleurer. A présent, je suis à bout de force et j'ai l'impression que même mes larmes se sont taries. Mes yeux sont secs et gonflés, limite douloureux. Baptiste a essayé de m'appeler. Milie m'a envoyé plusieurs messages. Elodie et Nadya pareil. Mais je n'ai même plus l'énergie pour leur écrire. C'est comme si je flottais. J'ai tenté de me persuader que le baiser entre Anthonin et Alice n'était qu'un mauvais cauchemar mais la réalité se rappelle à moi à chaque fois. C'est bel et bien arrivé. Il s'est vengé et m'a complètement anéantie. Bien joué, je ne m'y attendais pas à celle-là. Moi qui pensais que la situation ne pouvait pas être pire, il m'a parfaitement démontré que je n'étais pas au bout de mes peines.

La journée s'écoule lentement et je n'arrive à m'extirper de mon lit que pour aller aux toilettes. Je me force à boire un verre d'eau au passage mais n'arrive pas à plus et retourne sous la couette. J'ai reçu de nouveaux messages entre-temps mais aucun d'Anthonin. Il doit être fier de son coup. Mais qu'est ce qui m'a pris d'accepter de travailler avec lui ? De me rapprocher de lui à nouveau ? Je le savais, je l'ai toujours su : c'était voué à l'échec. Et c'est même bien pire que ça. Je suis à bout et me remets à pleurer malgré moi.

La sonnerie de mon smartphone me réveille en sursaut. J'étais tombée de sommeil sans m'en rendre compte. Je regarde l'écran et mon coeur manque un battement lorsque je vois le mot Anthonin d'affiché. Je jette un coup d'oeil à l'heure et constate que j'aurais dû prendre mon service depuis trente minutes déjà. Sauf que je ne remettrai plus jamais les pieds là-bas. Je renvoie l'appel sur le répondeur et jette mon téléphone de rage, un peu plus loin sur le lit. Plusieurs sonneries indiquant des sms arrivent ensuite. Sans discontinuer. Je récupère mon téléphone et ouvre les messages.

    ~ Anthonin : tu es où ?!

    ~ Anthonin : réponds au lieu de me renvoyer vers ton répondeur !

    ~ Anthonin : je te signale que tu es à la bourre

    ~ Anthonin : tout le monde t'attend

    ~ Anthonin : et compte sur toi

    ~ Anthonin : tu as du boulot qui t'attend

    ~ Anthonin : ramène-toi !

Tu peux toujours courir. Je sais que ça craint vis-à-vis de l'équipe mais ce n'est plus possible pour moi. Rien qu'à l'idée de me retrouver face à lui, j'en ai les larmes aux yeux. Nouvelle sonnerie.

    ~ Anthonin : étant donné que tu lis mes messages, tu pourrais aussi y répondre

    ~ Anthonin : je te le demande en tant qu'AMI évidemment

C'est la goutte d'eau. J'éteins mon téléphone et le range dans le tiroir de la table de nuit. Il compte m'enfoncer jusqu'au bout et ça marche superbement bien.

-

- Ne fais pas ça !

Je me précipite vers eux alors qu'ils ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et réussis à les séparer à temps. Ils ne peuvent pas s'embrasser. C'est impossible.

- Ne fais pas ça ! répétais-je à son attention.

Il me regarde sans un mot. Son visage n'affiche aucune expression.

Shot meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant