Chapitre 4

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Je suis assise sur mon canapé, fixant la télévision éteinte d'un regard vide. Quand je me suis réveillée à côté d'Anthonin, j'ai d'abord ressenti une bouffée de bonheur en le voyant, nu, dans mon lit, et surtout en repensant à ce que nous avions fait quelques heures plus tôt.
Et ensuite j'ai paniqué.
Complètement.
Je me suis enfuie de la chambre, attrapant au passage des affaires pour m'habiller et me suis réfugiée dans le salon, essayant de retrouver mes esprits. Je ne sais pas si j'ai hâte qu'il se réveille ou non. En fait, je suis tout bonnement larguée sur quoi penser de tout ça.
Si je suis honnête avec moi-même, le constat est simple : c'était génial, au-delà de mes espérances et de ce que j'avais pu imaginer, mais c'était une erreur. Une énorme erreur. Avoir couché ensemble ne pouvait que compliquer les choses. J'étais censée travailler pour lui tout en sachant qu'il ne ressentait pas la même chose pour moi que moi pour lui. Parce que oui, il fallait que je sois honnête jusqu'au bout : j'ai des sentiments pour lui, depuis un bon moment déjà, et mon coeur se serre à l'idée que tout va s'arrêter aussi vite que ça a commencé. Il fallait que je prépare ce que j'allais lui dire. Et je n'avais plus trop le choix : j'allais devoir me trouver un autre job.

- Marie ?

Je sursaute, ne l'ayant pas entendu arriver.

- Oui, c'est moi. Enfin, euh... Salut ! Tu veux boire un truc ? J'ai de l'eau et euh... bah de l'eau, bafouillais-je en me levant pour me diriger vers le coin cuisine, le tout en évitant soigneusement de croiser son regard.

Du coin de l'oeil, je peux tout de même voir qu'il s'est rhabillé et je ne peux empêcher une vague de déception de m'envahir en constatant qu'il est sur le départ.

- De l'eau, c'est bien, me répond-il sobrement.

J'ouvre un placard, puis deux, puis trois. Il me fait complètement perdre mes moyens et c'est à croire que je n'habite même pas là vu ma difficulté à trouver un simple verre. J'en dégotte un à côté de l'évier et vérifie qu'il est propre avant de le remplir et de le déposer devant Anthonin qui s'est installé au comptoir séparant la cuisine du salon. Déjà que la pièce n'est pas bien grande mais là j'ai l'impression que les murs se rapprochent lentement.

- Marie ?

Bien malgré moi, je suis obligée de lever la tête pour le regarder. Il pousse un soupir et finit son verre d'une traite. Je commence à trembler d'appréhension.

- Ecoute... A propos de ce qu'il s'est passé cette nuit, il faut que tu saches que...

- C'était une erreur, je sais.

Il me fixe, stupéfait. Après un temps d'arrêt, il me demande :

- C'est vraiment ce que tu penses ?

Je savais que j'aurais dû préparer ce que j'allais lui dire, j'ai peur de répondre n'importe quoi.

- C'était génial, vraiment, j'ai adoré. Mais je ne veux pas que tu penses que je me fais des idées pour la suite. Je sais que tu n'as jamais voulu que ça aille plus loin que quelque chose de... physique, entre nous. Donc rassure-toi, c'est pareil pour moi. Je ne te ferais pas le numéro de la nana énamourée après une nuit de sexe.

Il a l'air largué.

- Euh... ok.

J'enchaîne rapidement, pressée de mettre fin à ce moment de gêne intense.

- Et il va de soi que je ne viendrai pas travailler au bar. Merci pour...

- Quoi ?!

Il pose son verre brusquement et contourne le comptoir pour se rapprocher de moi.

Shot meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant