La soirée a été une épreuve. Si je dois résumer les choses, je dirais qu'il m'a ignoré de manière très professionnelle. J'entends par là qu'il s'adressait à moi et me demandait les choses de manière tout à fait normale. Mais en-dehors de ça : rien. Ou plutôt, plus rien. Depuis des semaines, nous échangions des sourires, des oeillades. Nous nous charrions dès que l'occasion se présentait. Et désormais, je suis une simple employée. Je sais que je ne peux pas lui en vouloir mais c'est difficile. A quoi je m'attendais au juste ? Je lui avais dit que je ne souhaitais pas aller plus loin avec lui, bien sûr qu'il l'avait mal pris. Même moi je me sens dévastée suite à notre conversation alors que la décision vient de moi. Je ne sais pas à quoi m'attendre pour la suite mais j'ai peur que ça ne s'envenime. J'en suis au point où j'envisage même de quitter le bar.
Je pousse un soupir et plonge ma tête dans l'oreiller alors que je sens les larmes monter à nouveau. J'ai pleuré une bonne partie de la nuit et déjà que je manquais de sommeil, là c'est comme si j'avais fait une nuit blanche. De toute façon je n'ai aucune envie de sortir du lit, alors autant essayer de me reposer. Du moins quand j'aurais réussi à calmer cette énième crise de larmes. Magnus a tenté de me faire parler pendant le trajet après notre service mais je savais que je n'arriverai pas à parler sans me mettre à pleurer donc je me suis enfermée dans mon mutisme. Nadya m'a aussi envoyé un message, il y a une heure environ, et je ne l'ai pas encore lu, sachant déjà ce qu'il contient.
Pour le moment, j'ai envie d'écrire à Anthonin, pour lui dire que je suis désolée. Peut-être aussi pour lui dire que je regrette. Mais étant donné la manière dont je viens de le blesser, il serait malvenu de faire marche arrière. Sauf que c'est en voyant que je le perdais que je me suis rendue compte de la force de mes sentiments pour lui. La première fois que je l'ai rencontré, j'ai craqué pour lui mais c'était uniquement physique. Lorsque nous avons commencé à échanger, le tout restait très superficiel mais il me plaisait encore plus. Jusqu'au fameux baiser. Là, ça avait été le feu d'artifice. Et le point de départ de mes vrais sentiments. Je pensais avoir réussi à les enfouir profondément, voire à les avoir oublié et être passée à autre chose, mais lorsque je l'ai revu, tout m'est revenu. Il s'est d'abord comporté comme le dernier des abrutis mais ensuite nous avons passé la nuit ensemble. Première erreur. Suivie d'une dispute, encore. Sauf qu'après ça, nous sommes enfin arrivés à nous parler et c'est là que ça a dégénéré du côté de mes sentiments. Je suis tombée amoureuse de lui au fil de nos discussions et de nos sorties, bien que j'ai toujours refusé de l'admettre. Je tentais de me persuader que mon attirance pour lui n'avait rien de réelle, que c'était juste le fantasme qui me donnait envie de lui. Mais ça allait bien au-delà de ça. Maintenant, enfin, je le sais : je suis amoureuse de lui. Purement et simplement. Et je l'ai rejeté. Il n'arrivera jamais à me le pardonner, c'est certain.
J'étouffe un râle dans mon oreiller et accueille à bras ouverts la fatigue qui va peut-être m'aider à enfin dormir plus de trente minutes d'affilées. La partie est loin d'être gagnée mais je tente tout de même de fermer les yeux en calmant ma respiration.
Je me réveille trois heures plus tard et constate qu'il est presque 16h00. Je vois sur l'écran d'accueil de mon téléphone que Nadya m'a envoyé un deuxième message. Je me décide à lire ce qu'elle m'a envoyé.
~ Nadya Aydan : Meuf, il s'est passé quoi avec Anthonin ?!
~ Nadya Aydan : Stp réponds-moi, même un truc rapide. J'ai pas envie de lui demander à lui mais vu son attitude au bar hier soir, ça a l'air sérieux. Je m'inquiète pour vous là.
Après une hésitation, je lui réponds finalement.
~ Moi : Pour faire court : je l'ai recalé.

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Shot me
RomanceBienvenue au Shot Me. Vous aussi, poussez les portes du bar... Après un flirt qui s'est mal terminé, Anthonin et Marie ont coupé les ponts. Jusqu'à ce qu'elle réapparaisse, un an plus tard, dans le bar où il travaille. Leur relation, toujours tumult...