Esperanza, un verre à la main, regardait ses amies danser et flirter autour d'elle. Elle s'ennuyait royalement.
Pourquoi avait-elle accepté de venir, encore ? Ah oui, ses colocataires l'avaient harcelée jusqu'à ce qu'elle cède. Deux semaines où elle n'avait pas pu être tranquille un seul instant.
Esperanza était peut-être têtue, mais pas invincible. Et, oui, elle avait finalement cédé.
La jeune femme jeta un dernier coup d'œil à ses prétendues amies, qui l'avaient abandonnée à son sort, puis au énième étudiant qui viendrait la harceler pour une danse ou du bon temps. Bleh. Ça ne se voyait pas qu'elle n'en avait rien à faire d'eux ? Est-ce qu'elle devait paraître encore plus maussade qu'elle ne l'était pour que ça entre dans leur cerveau ?
Excédée, elle décida de simplement s'en aller. De toute façon, c'était une mauvaise idée de venir. Elle ne s'amusait pas. Ses soi-disant amies l'avaient toutes abandonnées, la musique ne lui plaisait pas, et elle avait de meilleures choses à faire que de se saouler.
Elle revêtit tout de même un masque d'exubérance et de bonne humeur pour prévenir ses compagnes de son départ. Elles n'y virent que du feu, bien évidemment. Elle n'eut plus qu'à reprendre son manteau et son sac aux vestiaires, et elle s'en alla enfin de cette ambiance désagréable.
Une fois dans la rue, elle inspira profondément, avant de laisser partir toute la tension de son corps sur l'expiration.
Sa tête tournait légèrement à cause de l'alcool, et probablement du bruit et du mélange d'odeurs de la discothèque. L'air frais la revigora légèrement. Un léger sourire aux lèvres, elle se mit à marcher. Il y avait encore des fêtards aux alentours, surtout agglutinés près des lieux de fête, puis, plus elle s'éloignait de ceux-ci, plus le calme se faisait sentir.
Au bout d'un moment, pourtant, elle sentit les poils de son corps se redresser, un instinct qui lui disait de se préparer à se battre. Esperanza s'arrêta et vérifia les alentours. Rien. Elle secoua la tête. c'était probablement sa paranoïa, venue des avertissements incessants de son abuela sur les dangers de la ville pour une femme seule.
Une partie d'elle restait quand même sur le qui-vive, prête à se défendre ou fuir le danger. Le sentiment se faisait plus fort à chaque pas. Elle l'ignora.
Le choc, alors, se fit d'autant plus fort, quand un groupe de trois hommes, qui avaient probablement son âge, peut-être un peu plus âgés, elle l'ignorait, lui barrèrent le chemin et la tirèrent vers une ruelle déserte et sombre. Elle se débattit comme une forcenée, ses coups désespérés, mais elle ne pouvait crier, une main l'en empêchait.
Ses mouvements étaient paniqués, violents, mais elle avait l'impression que ses agresseurs ne sentaient rien. Elle commençait aussi à voir des petits points noirs qui lui perturbaient la vision. C'était mauvais signe.
Non, non ! Elle ne pouvait pas... Ils ne pouvaient pas... Elle aurait dû écouter abuelita ! Pourquoi est-ce qu'elle ne l'avait pas écouté ? Elle aurait dû avoir un spray au poivre dans son sac, ou bien avoir suivi les cours de self-defense que lui avait proposé Concepción...
Soudain, ils la lâchèrent. La douleur dans son épaule quand elle atterrit lourdement sur le sol la rendit presque aveugle un instant. Elle faillit ne pas réagir quand elle sentit l'un des individus tirer sur son sac.
La partie d'elle qui avait senti le danger se faisait de plus en plus insistante. Son instinct de survie, peut-être. Quelque chose de sauvage, qui grognait dans sa cage, qui demandait qu'elle la laisse sortir, à se protéger du danger, à montrer qu'elle n'était pas une proie, mais un prédateur. LE prédateur.
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Rencontres mythiques
FantasyChaque histoire courte de ce petit recueil présente la rencontre d'une figure féminine et le surnaturel. Parfois humaine, parfois un mythe elle-même, chaque femme se heurte aux mythes de son époque et de sa société. Attention aux lecteurs plus jeune...