Pour la prospérité d'Unug

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Ninbanda observait l'activité autour d'elle. Les hommes souffrant, ensanglantés, parfois avec des membres manquants. Les femmes fatiguées, certaines avec un bébé sur le dos, mais continuant de contribuer au bien-être des guerriers, à la protection de leur nouvelle ville.

Elle soupira.

Enmerkar était mort, face aux envahisseurs. Lugalbanda, celui qu'il avait désigné comme héritier, le propre fils de Ninbanda était trop jeune pour régner et conduire leur peuple à la victoire.

Elle ne laisserait pas Unug aux mains d'Ensuhgirana. Elle ne le pouvait pas.

Une nouvelle exhalation, et la dirigeante – jusqu'à ce que son fils soit assez âgé pour prendre la place de son prédécesseur – d'Unug redressa les épaules.

Il y avait peut-être une autre solution.

Ninbanda se dirigea vers le temple d'Inanna. Elle avait besoin de se trouver un endroit où elle pourrait s'éloigner de la souffrance de son peuple et réfléchir plus calmement. Sa communauté dépendait d'elle. Peut-être que le fait d'être dans un endroit sacré, où l'essence de la grande déesse imprégnait l'atmosphère pouvait lui apporter une aide supplémentaire dans sa quête de réponses.

Elle fit un léger détour pour chercher quelques offrandes à poser sur l'autel de la déesse.

Une fois la nourriture déposée sur l'autel, la dirigeante s'installa en position méditative et laissa toutes les pensées qui lui encombraient l'esprit s'évader, ne laissant que le calme. Elle réfléchit d'abord à ce que son peuple pouvait faire de lui-même, quelles stratégies pouvaient être positives dans la situation dans laquelle ils se trouvaient. Trouvant quelques pistes, elle les laissa de côté pour appeler la sagesse des divinités. Ninbanda aurait pu contacter Enki, le sage dieu des eaux, mais elle envoya ses prières à la grande déesse Inanna.

Si une divinité était capable de sauver son peuple, de faire en sorte qu'Unug et ses habitants sortiraient vainqueurs de ce conflit, c'était la souveraine des dieux.

Une fois qu'elle fut satisfaite de ses prières, Ninbanda se releva et alla trouver les nobles guerriers qui s'occupaient de la stratégie de guerre contre leurs ennemis, ainsi que les prêtresses et les nobles qui faisaient en sorte que la ville continuait à vivre.

**

Les combats venaient de reprendre quand cela se produisit.

Ninbanda observait les combats depuis l'enceinte de la ville, son cœur se serrant à chaque nouveau guerrier d'Unug tombé. Leur nouvelle stratégie commençait doucement à fonctionner, les lignes des guerriers d'Ensuhgirana reculaient petit à petit, mais pas assez pour qu'une victoire puisse être définitive.

Soudain, un cri terrifiant retentit haut dans le ciel. Une forme, terrible, grande et belle, descendit sur les ennemis d'Unug. C'était elle. Inanna. Les ailes déployées, ses serres acérées découpant quelques ennemis à son atterrissage. Dans ses mains, des épées courtes, assez lumineuses pour faire mal aux yeux de Ninbanda de là où elle se trouvait.

Puis, d'un instant à l'autre, la déesse disparut. Des cris étranglés et des corps se mirent à tomber. Tous des guerriers d'Ensuhgirana. C'était un véritable massacre.

Aussi vite que l'attaque commença, elle prit fin. Au centre des corps sans vie, la grande déesse réapparut, toujours aussi belle et effrayante. Son regard était à présent tourné vers les habitants d'Unug, plus particulièrement l'endroit où se trouvait Ninbanda.

Celle-ci déglutit, nerveuse. La présence de la déesse l'honorait, son geste de protection direct envers sa ville aussi, mais...

Soudain, elle se sentit nauséeuse. Elle voulut s'appuyer contre le mur intérieur qui se trouvait à côté d'elle, mais il avait disparu. Désorientée, Ninbanda regarda autour d'elle.

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