Rien de plus

Les études

Je n'arrive pas à croire que je suis allée chez Maistre. Ça me parait dingue, comme si j'étais coincée dans un rêve. J'aimerais que ce rêve dure encore, et encore.

Après les cours je rentre chez moi en bus. Le week end va être long. Maistre m'envoie des messages, des exercices en plus à faire pour m'entraîner, et quelque questions sur moi et mes potes. Il s'intéresse à moi. Quand je m'ennuie, je lui envois des questions sur le bac, ça me fait une excuse pour lui parler. Le bac s'approche, ainsi que les voeux pour les études supérieures. On doit choisir nos écoles, ce week-end. Je stress et je sais que ça y est, une étape de ma vie va être finis : le lycée. Bientôt je serais prise dans une école pour laquelle j'ai bossée comme une dingue.
Lundi matin, Maistre prend la parole pour parler de nos vœux pour les études supérieur : normal, c'est notre prof principal. Chacun notre tour, il nous demande ce que l'on compte faire, quand à la toute fin de l'alphabet, c'est mon tour :

« - Mademoiselle Zadel, vous avez déjà une idée d'études pour l'année prochaine.
   - Oui.
   - On vous écoute.
    - Licence en Art Design.
    - C'est ou ça ? Il y en a pas dans le coin.
    - Dans les grandes villes pas loin d'ici si. Mais je vais demander plus loin au cas où.
    - Bonne idée. Et c'est pour faire quoi cette Licence Design ?
    - Designer d'espace, mais en ce moment je ne sais plus trop.
    - Vous aurez le temps de savoir pendant vos études supérieur. »

Je ne sais plus trop quoi faire, mais je suis sûr de vouloir bosser dans cette spécialité. Plus les jours passent, et plus le bac s'approche. J'ai peur, je stress...
Je devrais passer une année normal, sans soucis. Mais avec lui, rien n'est normal. Je suis ami avec mon prof, je suis folle, c'est pas possible. Ma mère disait qu'à son époque, la relation prof-eleve était différente : les profs sortaient en ville avec les élèves, allaient au billard. Puis maintenant, c'est tellement mal vu. Tout de suite, on pense que la relation est forcément sexuelle.
Quand je pense qu'on avait dit rien de plus. Je crois on a pas réussie. En cours, on se regarde. On voit bien que quelque chose se passe entre nous deux. Dès que je l'ai vu, il y a eu un truc. Une alchimie. Quand vous rencontrez l'âme sœur en amour, vous voyez ? Je crois que j'ai trouvée la mienne en amitié.
Le problème, c'est qu'on est au lycée. Il faudrait attendre la fin de l'année pour se voir. Je rêverais qu'il soit là à mes 18 ans, qu'il soit là à ma remise de diplôme, à mon entrée en étude supérieur. Je n'ai pas de père, et je pensais ne pas avoir forcément besoin d'en avoir un. Mais j'ai besoin de lui pour avancer. Je ne me vois pas ne plus lui parler...
Après les cours, au foyer, Kevin et moi on préparent notre anniversaire. Dans deux mois, on a prévu une énorme soirée dans une grande salle des fêtes. J'ai tellement hâte.
Alors qu'on en discute, je suis distraite par un message sur mon téléphone : c'est lui, Maistre. Il me rappelle que le DS est cette après-midi. Je me remet à stresser, mais je pense pouvoir y arriver. Kevin voit que je suis ailleurs :

« - Mel, ça va ?
- Oui, oui. J'ai un DS dans quelque temps. Je vais monter dans les escaliers réviser. Ça te dérange pas qu'on en reparle plus tard ?
- Oui, d'accord.
- J'y vais. »

Édouard, un gars de la classe, vois que je pars d'un coup. Il me soupçonne depuis le début de parler avec le prof de math en secret. Il n'a pas tord. Sur le chemin je croise Paul, il m'attrape par le bras et nous isole près des escaliers des salles de maths. Au loin, Édouard essaye de nous écouter :

« - Mélanie, me dis pas que tu vas le voir ?
- Écoutes, maintenant j'en ai marre, je t'ai dis que ce n'est qu'un ami pour moi, je ne sortirais jamais avec lui, tu peux me laisser aller le voir maintenant ?
- Es-tu amoureuse ?
- Quoi ?
- Est-ce que tu l'aimes ?
- Bah... Euh...
- Si tu me dis que tu ne ressent rien pour...
- Oui. Je l'aime. Comme je t'aime toi ou Luka. Je tiens à lui comme je tiens à toi.
-*me lâche la main* Il sait que je sais ?
- Oui. Il sait aussi pour Luka. Vous êtes les deux seuls à être au courant.
- Tu veux garder ça secret jusque quand ?
- Jusqu'à la fin de l'année. Hors de question que quelqu'un d'autre soit au courant.
- *soupir* Et qu'est-ce qu'il se passera, après la fin de l'année ?
- Honnêtement. Je ne sais pas. Peut-être que je devrais l'oublier. Même si je préférais continuer à lui parler, mais je ne sais pas si il continuera lui à me parler, alors je me fais a cette idée.
- C'est mieux, tu ne pourra pas continuer l'année prochaine. »