La danseuse et le musicien

Chapitre 1 - Colin*

    Quand je frappe à la porte d'Adam, personne ne me réponds, ce qui n'a rien d'étonnant vu le niveau sonore de la musique. Je me décide donc à entrer, sachant pertinemment que mon ami ne m'en tiendra pas rigueur.

Des notes rock et symphoniques m'accueillent , et je retiens un sursaut de surprise en découvrant une forme en mouvement au milieu du salon.

Je me souviens vaguement qu'Adam m'avait dit qu'il fréquentait quelqu'un mais je n'ai pas écouté plus que ça. J'étais trop occupé à choisir avec quelles paires de seins j'allais rentrer ce soir là. C'est vrai que ça date pas d'hier... 

En tout cas, je ne me doutais pas que c'était sérieux au point de la retrouver en train de danser sur le parquet de mon pote. 

Elle n'a toujours pas remarquer ma présence et je ne peux pas détacher mes yeux de ce corps qui effectuent tous ses enchaînements gracieux et doux, en accord avec la musique d'Apocalyptica que diffusent les enceintes.

Sans m'en rendre compte, je commence à poser ma voix sur les couplets chantés par Ville Valo dont le timbre grave est assez proche du mien. 

L'inconnue lève la tête et me lance:

"Je peux faire quelque chose pour toi?

- Je suis venu voir Adam, répondis-je sèchement.

- Il est sous la douche, lâcha-t-elle.

- Ok, grognai-je.

 - Ça fait longtemps que tu es là? La chorégraphie t'as plu?

- J'ai eu l'impression de voir un exorcisme...

- Oui, ça peut y ressembler, me coupa la jeune femme.

- Adam ne doit pas s'ennuyer au lit avec toi, lâchais-je pour la déstabiliser.

- Tu dois être Colin... Un regard glacial et le verbe délicat, tout comme t'avais décris Adam. Excuse-moi, sans ta panoplie de chanteur ténébreux, je ne t'ai pas reconnu, rigola-t-elle.

- Et tu es? Grognai-je

- Alexandra, mais appelle moi Alex, dit-elle en me souriant. Et non, on s'ennuie pas au lit avec Adam. Il est doux, plein d'ardeur et très endurant. Tu veux savoir autre chose?"

Je suis à deux doigts de lui balançait une bonne réplique acerbe quand Adam sort de la salle de bains, coupant court à notre échange. Elle me lance un "se fut un plaisir de discuter avec toi" que nous savons tous les deux hypocrites, avant d'embrasser passionnément mon ami et de disparaître dans la petite pièce.