Quand enfin j'ai tout raconté à mes parents, il était clair qu'ils resteraient derrière moi. Ils me surveilleraient et me soutiendraient, dans le sens où le dialogue n'a jamais été fermé.
La condition pour que cette relation puisse durer est qu'elle ne me gêne pas dans mes études.
Mes parents savaient que je n'avais pas très bien vécue mon année de secondes. Les gens de ma classe me cassait la tête, je n'avais que trois potes, je me sentais jugée en permanence, mes notes ont légèrement chuté mais ça restait convenable. 12 de moyenne générale, même si mes profs de maths et de sciences me détestaient et que ma prof principale m'avait fait remarquer que abandonner certaines matières n'était pas très sérieux.
Je m'en fichais d'être sérieuse, ce que je voulais c'était me sentir bien dans mes études et avoir de bonnes notes là où j'y voyais de l'intérêt.
Et pour moi, mes centres d'intérêts s'arrêtaient à courir, lire et écrire.
J'avoue que j'avais arrêté mes efforts en cours de maths, mais quand on voit mes résultats, je me demande à quel moment on n'appel pas ça de l'acharnement ? Il y a des gens qui sont passionnés de maths ou tout simplement doués, et bien c'était loin d'être mon cas.
Enfin bon, c'était bel et bien la rentrée en première, j'avais choisi une filière qui me correspondait, des matières qui me mettaient toutes en confiance, et puis il y a certains visages que je ne verrai plus et ça, ça me réjouissait.
J'avais hâte aussi de revoir des potes qui me manquaient beaucoup, dont deux qui avaient choisi une autre filière et qui allaient se retrouver ensemble. Mais elles ne s'entendaient pas particulièrement bien, donc c'était beau à voir.
Le jour de la rentrée, je m'en souviens bien car j'avais pris une photo que j'ai gardé longtemps dans mon téléphone. J'étais contente de ma longueur de cheveux que l'été avaient rendus plus blonds. ils sentaient bons, j'avais mis une lotion de ma mère, et puis je me sentais légère, heureuse.
J'avais expliqué à Houssam que je ne pourrais pas lui parler la journée et que le soir je lui parlerai un peu puis je ferai mes devoirs.
Ce qui m'angoissait un peu c'était l'organisation que cela me demandait. Mais je me disais que j'arriverai bien à allier tout cela.
J'allais aussi reprendre l'athlétisme. J'en faisais depuis mes douze ans. Le stade était à moins de dix minutes de chez moi. En vrai c'était plutôt parfait. Mon ancienne maison était super bien située.
Je faisais de l'athlétisme avec une de mes meilleures amies. Je parle au passé, mais il faut savoir que je n'ai jamais arrêté le sport. J'ai juste arrêté d'en faire en club à un moment donné.
Les premiers cours ont commencé, j'avais sept heures d'anglais par semaine. Il fallait absolument que je progresse donc j'avais choisi d'oublier totalement les maths et de me concentrer sur les matières littéraires.
Et puis, en première littéraire, on a le bac de science. Deux heures de matière scientifiques par semaine c'était amplement suffisant.
J'étais vraiment motivée à travailler.
Je pense que le fait de devoir prouver à mes parents qu'ils pouvaient me faire confiance me motivait beaucoup.
Je voulais également me prouver à moi-même que j'étais capable d'avoir de bonnes notes, de m'entraîner, et d'avoir une relation à distance.
Ma professeur de littérature, qui m'avait eu comme élève dans ses cours de français l'année d'avant doutait de mes capacités à suivre dans un cursus général.
Elle se trompait.
Ma classe était composée presque entièrement de filles, il n'y avait que deux garçons. Ce qui changera beaucoup lors de mes prochaines années.
En tout cas, je m'y sentais bien. Il n'y avait pas de jugement, on se parlait tous à peu près bien, et si on était pas pote, juste on ne se confiait rien de spécial. La vérité, c'est qu'on était la filière la plus méprisée du lycée. Pourquoi ? Car les L n'ont pas d'avenir, apparemment. Mais bon, je ne m'occupe plus vraiment de ce genre de sentence. Car de toute évidence, je ne m'étais jamais sentie aussi épanouie. Je pense que si j'étais restée dans une classe comme celle que j'avais eu en secondes, je n'aurais pas du tout aussi bien vécue ces deux années.
Les personnes qui m'ont soutenues, qui faisaient de mon quotidien un support génial sur lequel je pouvais m'appuyer quand ça n'allait, j'y repense souvent et ça me fait chaud au coeur.
Et quand j'y repense, j'étais extrêmement vulnérable et naïve, c'est pour cette raison que je suis fière de moi. J'ai réussi à me dire que mes choix n'étaient pas minables mais respectables, que j'avais évolué et que j'étais courageuse.
En fait, je ne pouvais pas m'en rendre compte sur le coup.
La moi de maintenant et celui d'avant, celui dont je suis en train de vous raconter l'histoire a bien changé. Comme vous tous, d'ailleurs. On change tous. Physiquement, mentalement. Mais parfois, chez certaines personnes, l'évolution est surprenante.
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Sans frontière
RandomCette histoire est entièrement réelle. Elle n'est pas terminée. Elle a commencé il y a cinq ans. Aujourd'hui, je veux vous la raconter, avec les mots qui viennent sur le moment. C'est difficile de se souvenir de tout. Parfois, je ne trouve pas...