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La semaine d'après fut assez dure. J'avais beau me répéter que Sam ne souffrait maintenant plus, je n'arrivais pas à me sortir cette image de mon meilleur ami, allongé sur notre ancien canapé, à New York m'accusant d'être la coupable de sa mort. Il ne faisait que le répéter, encore et encore, à quel point j'étais la pire amie qui soit, que si il ne m'ait pas pris sous son aile, il serait encore vivant. La plupart du temps, Dylan entendait mes cris, me réveillait et restait avec moi mais, de temps à autre, même le sommeil venait, je ne voulais pas m'endormir sous peur de retomber sous une pluie de reproches de la part de mon meilleur ami, qui n'est même plus ici.

J'avais entendu parler du deuil dans mes livres, à travers le récit de certains proches mais je ne l'avais expérimenté seulement une fois, à 14 ans, quand ma grand-mère est partie. J'étais assez jeune à l'époque et mes parents avaient tout fait pour me protéger de cette perte. Mais aujourd'hui, c'est différent. Je n'ai plus personne pour me protéger de cette douleur maintenant que je suis une adulte. Je dois regarder la réalité en face. Et tout ce que je peux dire, c'est que cette douleur n'est comparable à aucune autre. Même si nous savons tous que la morte est inévitable, nous espérons toujours pouvoir la repousser le plus  loin possible mais elle arrive au moment le moins attendu. Elle arrive, prend et part. Laissant pour seule trace ce trou dans la poitrine. J'ai beau avoir lu des centaines de livres, vu des centaines de films, rien ne m'aurait préparé à une douleur comparable à celle-ci.

Une larme, une seule, roula sur ma joue avant que je ne l'essuie discrètement. Heureusement, Dylan n'est pas dans la pièce et n'a donc pas pu me voir. Je déteste être vue en position de vulnérabilité, cela me donne l'impression d'être faible.                                                                                       En parlant de lui, mon cher ami entra dans le salon, un verre de bourbon à la main. En me voyant dans cet état, il me le tend.

— Tiens, tu as l'air d'en avoir plus besoin que moi.

— Qu'est ce que tu fais aujourd'hui, demandais-je en attrapant le verre avant de tremper mes lèvres dans le liquide ambré.

— Je dois aller voir ma manager pour régler un peu de paperasse par rapport à mon prochain film. Je serais absent pour 2 ou 3 heures maximum. 

— Es-tu sûr que je peux t'accompagner sur le tournage de The Death Cure ?

J'étais quelque peu soucieuse de retourner sur un tournage parce que, d'après ma courte expérience, ce n'est pas l'endroit rêvé pour tout le monde.

— Oui oui, ne t'inquiète pas pour ça. J'avais prévu d'emmener Britt avec moi mais comme nous avons... tu sais, je n'ai plus personne à emmener alors je t'emmène toi !

Je m'approche de lui tout en sirotant mon bourbon avant de poser ma tête sur son épaule.

— Si jamais tu ressens le besoin de parler de ta rupture à quelqu'un, je suis là. Je ne suis peut-être pas la meilleure psychologue mais je sais écouter mes amis quand ils en ont besoin.

Dylan se tourne vers moi et me dépose un baiser sur le haut de la tête en me murmurant un simple merci. Après un petit moment, il se relève, prend son manteau avant de se retourner vers moi. 

— Tu sais, tu n'as pas besoin de te cacher pour pleurer Eva, tu as le droit d'avoir mal. Ce qui est arrivé n'est pas de ta faute. Il a le droit de te manquer. Tu n'as peut être pas une haute estime de toi même mais tu restes humaine et les émotions sont normales chez les humains.

Il ne me laisse pas le temps de lui répondre qu'il ouvre la porte et m'informe, juste avant de refermer celle-ci, qu'il sera de retour vers 16 heures. Cela me laisse donc 2h30, seule avec moi même.

Je repense à ce que m'a dit Dylan. Peut-être qu'il a raison, peut-être que je ne suis pas coupable de la mort de mon meilleur ami. Mais le mot peut-être reste un mot utilisé pour exprimer une supposition et non un fait. Je ne suis peut-être pas le chauffeur qui a foncé dans Sam mais je suis celle qui l'a laissé aller à cette soirée, je suis en partie responsable. Je m'en veux. S'il ne m'avait pas dit de le suivre, il aurait surement pris un appartement plus petit, dans un autre quartier, il aurait éventuellement rencontrer d'autres amis et ne serait donc pas mort ce jour là.

— J'ai vraiment besoin d'alcool ou alors je fais finir par sombrer dans la folie, dis-je à voix haute en soupirant.

Je me lève du canapé et éteint la télévision. Je commence à fouiller dans les meubles de la cuisine mais ne trouve rien. Je me dirige alors vers le joli meuble en bois se trouvant dans le salon.

— Bingo, j'ai trouvé le jackpot baby.

J'attrape une bouteille de tequila et commence à me servir un verre, puis un second. Trouvant l'ambiance un peu pesante, je branche mon téléphone à l'enceinte qui se trouve dans le salon puis lance ma playlist en aléatoire. Je me déhanche tout en buvant à la bouteille, ayant laissé tomber le verre qui était trop petit à mon goût. De chanson en chanson, je me sens de mieux en mieux. Une sorte d'euphorie se propage dans mon corps et je perds toute notion du temps.           C'est en entendant la porte d'entrée claquer que je me rends compte que plus de 2 heures sont passées. Je me retourne pour faire face au propriétaire de la maison mais, dans mon action, je fais tomber le verre qui se trouvait sur la table et celui-ci se brise sur le plancher.

— Oups, dis-je avec une voix pâteuse.

— Qu'est ce qui t'es arrivé Eva, me demande le brun en haussant les sourcils.

Je commence à ricaner nerveusement. La dernière fois que je me suis faite reprendre par rapport à mes excès, c'était Sam qui me regardait de cette manière. C'est un poil ironique, n'est-ce pas ?

— Sam me manque, avouais-je en sortant ma lèvre inférieure, comme une enfant.

Je vois une lueur de pitié passer dans les yeux de mon ami. C'est normal, qui n'aurait pas pitié d'une gamine qui pleure pour un rien ?

— Viens là, je vais t'aider à monter dans ta chambre, me dis le brun en s'approchant de moi.

Soudain, une idée illumine mes pensées.

— Tu veux pas boire à ma peine avec moi ? lui demandais-je en lui tendant une bouteille.

Je perçois de l'hésitation dans son regard.

— S'il te plait ? Promis, après je serais sage !

Il attrape la bouteille que je lui tends et trinque avec la mienne.

Amante T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant