2.12

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Après avoir fait le trajet en voiture et nous être retrouvés sur le parking, nous nous dirigeons tous ensemble vers le restaurant. Toute la petite bande semble tres joyeuse de se retrouver. Je papote avec Kat et Rosa tandis que nous entrons dans le restaurant. O'brien se trouve à ma droite et Ki Hong à ma gauche. Sans payer plus d'attention à ce qu'il se passe, je me met à discuter avec mon ami coréen. Tout comme Kaya, il a trouvé mon départ vraiment tres soudain et me demande la raison. Je lui raconte alors le même mensonge que j'avais raconté à la brune il y a 3 heures de cela sans pour autant mentionner la mort de Sam, cette fois-ci.

— Eva, est-ce que tu as choisi ce que tu allais prendre, me demande mon ami à ma droite.

— Je veux bien des tagliatelles bolognaises s'il vous plait, répondis-je, cette fois-ci, au serveur avant de lui tendre ma carte.

Je remercie alors mon ami d'un sourire mais celui-ci s'efface très vite quand mon regard se pose sur le personne en face de moi. Malgré moi, je me mets à le fixer. Le blond ne me regarde plus avec la même confiance qu'il avait dans ses yeux un an plus tôt. Cette fois, il a l'air fatigué. Ses cheveux blonds ont poussé et on peut très clairement voir qu'il a maigri. J'arriverai presque à avoir de la pitié pour lui. Bon dieu, à quoi suis-je en train de penser ?

Quand Thomas lève les yeux vers moi, un frisson parcourt mon corps et je m'empresse de regarder ailleurs. Alors que je fais tout pour m'occuper l'esprit, je n'arrive pas à effacer son regard sur moi. Je sais qu'il m'observe parce que je sens ses yeux posés sur moi.

Des souvenirs de l'an dernier me remontent alors à l'esprit et je sers mes poings sous la table.

— Dylan, je vais sortir prendre l'air deux minutes, il fait beaucoup trop chaud ici, dis-je en me tournant vers mon ami.

— Bien sûr. Fais attention à toi et prend ton manteau, il faudrait éviter de tomber malade.

Le brun me fait un petit smack sur la joue pendant que j'empoigne mon manteau. Je l'enfile tout en marchant vers la sortie. Je déteste me sentir vulnérable comme ça. Je pousse la porte et le froid canadien me souffle au visage.

— Putain, moi qui pensait qu'il faisait froid à Londres en hiver, grognais-je à moi même.

Je passe quelques minutes à regarder les voitures qui passent, ce qui a le don de me calmer. Ce sont les petites choses du quotidien, dites normales, qui arrivent le mieux à m'apaiser. C'est comme une petite bulle, un cercle répétitif dont on connait le dénouement et, dans ce quotidien, je connais déjà ce qu'il se passe. Ça me rassure, de savoir ce qui va se passer.

Perdue dans mes pensées, je n'entends pas la porte du restaurant s'ouvrir, ni les pas s'approchant de moi.

— Eva ? Est-ce que je peux te parler s'il te plait, me demande une voix me faisant sursauter.

Cette voix, bien que familière me paraît très lointaine. Je me retourne vers son propriétaire et le fixe, mon regard se voulant le plus mauvais possible.

— Que veux-tu Thomas, crachais-je d'une voix de vipère.

— Écoute, commence le blond en se passant la main dans les cheveux pour les ébouriffer.

— Non, toi tu vas m'écouter, commençais-je en haussant le ton. J'ai passé plus de 6 mois à sombrer par ta faute avant de pouvoir me reconstruire. J'ai tout perdu Thomas, tu m'as fait tout perdre. Alors non, je ne t'écouterai pas parce que je ne veux pas me retrouver dans cette situation une seconde fois, je ne veux pas souffrir à nouveau par ta faute.

Je souffle un moment sans le lâcher des yeux. Je décide alors de continuer.

— Je me suis perdue moi même à cause de toi. J'avais beau être consentante, tu m'as quand même forcé à le faire. TU m'as empêché de vivre Thomas. Tu as violé mon intimité alors que tu n'avais pas le droit. Je l'ai fait sous chantage. Tu n'avais pas le droit d'utiliser mon passé contre moi, tu n'avais pas le droit de rentrer dans ma vie comme ça. Et le pire dans tout ça, c'est que j'ai quand même perdu la personne que je voulais protéger. Isabella faisait partie de ma famille et je l'ai perdu par ta faute, m'exclamais-je en essuyant mes larmes du mieux que je pouvais.

Thomas ne répond même pas, il reste là à me regarder toujours avec ce même regard.

— J'ai passé plus de 6 mois avec un thérapeute parce que je pensais être la seule responsable de mes actions. Sam m'y a emmené de force. Et tu sais Thomas, je serais sûrement morte à l'heure qu'il est s'il ne m'avait forcé à aller là-bas. Pendant plusieurs semaines, j'ai considéré le suicide. Après tout, aux yeux de tout le monde, je n'étais qu'une pute qui avait choisi de baiser le copain de sa meilleure amie, de sa soeur.

Je tente de reprendre ma respiration tant bien que mal même si les sanglots n'aident pas vraiment.

— Je ne sais pas ce que je t'ai fait pour mériter ça Thomas. Je ne t'ai jamais rien fait de mal. Mais toi, tu m'as détruite.

Je le contourne après m'être mouchée pour me rediriger vers la porte d'entrée du restaurant. J'essaie de faire le plus vite possible mais sa main attrape mon poignet pour m'arrêter. Je retire au plus vite ma main de son emprise en lui criant de me lâcher. Cependant, je ne me retourne pas vers lui, de peur de revoir ce regard sur son visage. Ce regard qu'il avait il y a un an, qui m'a fait faire des cauchemars pendant de longues semaines.

— Je regrette Eva, si tu savais comme je regrette ce qu'il s'est passé il y a un an.

Je cligne des yeux pour faire couler les larmes qui menaçaient déjà de le faire et, toujours en étant de dos à lui, je lui réponds.

— Regretter est une chose Thomas, mais ça n'efface pas les dégâts que tu as causé, les choses que tu as détruis. Regretter ne change pas les conséquences de tes actes.

Amante T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant