chapitre onze

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Tout ce que je souhaitais je l'ai perdu.



I

Les ténèbres ne seront jamais maîtrisés, jamais décimés, l'ombre sera pour toujours menaçante. Tant qu'elle pourra être nourrie, elle grandira. Harry ressentait la colère, la fureur, la frustration, une étrange envie de grandeur et l'accablement d'une injustice secrète. Ses entrailles se tordirent pour accueillir le poids de cette pénombre grandissante, son âme se déchira, se disloqua pour héberger encore et toujours plus une partie des ténèbres qui sommeillera à jamais en lui.

Avada Kedavra.

Harry sursauta et se sentit tomber, il s'engouffrait dans un vide où le fond n'existait pas, où sa tête tournait dans toute cette incertitude. Ce monde flou où des images de souvenirs qui ne lui appartenaient pas s'enchaînaient. Tout était rapide mais une seconde était égale à une éternité de souffrance pour Harry. Il n'atteignit pas de fin, mais ce qui ressemblait à deux phares rouges vif se rapprochèrent de lui, jusqu'à ce que le rouge éclatant devienne sombre et mouvant. Un regard empreint de folie voulait l'happer là où il n'y avait même pas de place pour le néant. Harry se sentit empoigné. Il se débattit du mieux qu'il pu en criant, en hurlant que non il ne voulait pas y aller. Dans tout ce vacarme son prénom parvenait jusqu'à lui, un écho croissant auquel il essayait désespérément de s'accrocher.

Harry.

Oui c'était bien lui, il n'était pas ces yeux rouges, il ne se laisserait pas faire, il devait s'échapper de ce tunnel sans fin.

Potter !

Harry ouvrit les yeux et fut confronté à deux iris d'un bleu-gris complexe. Drago le maintenait appuyé contre le matelas, comme si Harry allait se remette à donner des coups. Les chimères de son cauchemar continuaient à vouloir le ramener mais le garçon s'efforça de lutter en promenant et concentrant son regard sur le visage qui se trouvait au dessus de lui. Il balaya chaque trait pendant que de sombres et piquantes branches persistaient à le griffer, à vouloir le ramener en arrière. Drago osait à peine respirer, ses deux mains sur les épaules du brun, effrayé de ce qui allait bien encore pouvoir secouer le garçon. Les branches se détachaient du brun, son cauchemar n'était plus si corrosif et perdait de ses couleurs incroyablement obscures pour s'étirer vers le passée comme de la fumée emportée par le vent.

— Est-ce que tu vas bien Harry ?

Le concerné déglutit sans pour autant oser bouger devant le regard concerné du blond. Il finit néanmoins par lentement hocher la tête. Drago s'affaissa en relâchant un soupir qui semblait s'apparenter à du soulagement. Puis il relâcha enfin Harry, une de ses mains restant pourtant sur son poignet et appela Hermione qui arriva en courant. La jeune fille ne s'arrêta pas de parler tout en passant un linge humide sur le front brûlant de Harry. Elle déblatéra un nombre incalculable et futile d'informations sans laisser l'opportunité à Harry d'ouvrir la bouche.

Lentement les événements de Godric's Hollow se re-matérialisèrent douloureusement dans l'esprit du brun. Il se rappela du grand chagrin qu'il avait éprouvé en remettant pied dans sa ville natale. Il ressentit la colère d'être revenu bredouille et d'avoir pris autant de risques. Sa mâchoire commençait à se serrer. À un point allait arriver la prédictive ébullition et Harry allait exploser.

Cependant l'inattendue attention qui lui offrit Drago le ramena dans une autre réalité dans laquelle il ne contrôlait pas non plus grand chose, et là où ses propres sentiments lui étaient étrangers. Dans un endroit où ils s'avéraient beaucoup trop troublants pour Harry. Un geste simple mais rempli de sens, le blond venait de dégager une mèche collante de transpiration du visage du brun. Ses doigts s'attelaient à une tâche qui se présentait comme d'une grande importance : s'occuper des boucles vagabondes du Gryffondor.

𝐄𝐱𝐢𝐥𝐞́  ➸ DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant