Liberté
I
Drago laissa ses prunelles se perdre au plafond. Il observa les alcoves, la lumière qui surgissait des fenêtres et qui apparaissait étrangement en trop dans cette salle lugubre. Le Manoir était une prison.
Il n'avait plus aucune force. Il avait mis ses dernières ressources au service d'Harry et de ses amis, et il ne regrettait rien. Il ne savait pas vraiment ce qui allait bien pouvoir l'attendre maintenant mais les beaux jours étaient définitivement finis, sans avoir eu l'occasion de commencer.
Drago plissa son nez, s'attendant à sentir des larmes lui picoter les rétines, mais il n'en fut rien. Il n'était pas triste, non plutôt apaisé. Il avait finalement fait quelque chose de bien, et personne ne lui avait mis de couteau sous la gorge. Ça avait été son choix et il sentait maintenant la liberté griser tous ses sens. Peu importait ce qu'il allait devoir subir après, il avait finalement été libéré de ces années de mensonges, ceux des autres, et ceux qu'il avait montés lui même de toutes pièces.
Il était libre.
Le blond passa ses mains sur son visage, puis sur la pierre froide. Il n'avait jamais été aussi conscient de tout ce qui l'entourait, de la magie qui se rependait dans les murs, de la crainte qu'ils renfermaient, il y était imperméable. Il ne craignait plus rien. Son coeur chauffait, alimenté d'une drôle de sensation, brûlante et chatoyante, d'un sentiment qu'il avait essayé de réprimer. Il était amoureux. De Harry Potter qui plus est. Et il venait de l'aider à s'échapper. Il devait à présent se trouver en sécurité et Drago était plus soulagé que jamais.
Il s'esclaffa et ferma les yeux pour savourer cette toute nouvelle sensation. Une vague chaude qui l'amenait doucement vers un horizon prometteur. Il ressentait le besoin de fredonner ou quelque chose d'aussi stupide et de sot. Il voulait serrer Harry dans ses bras, mais dès qu'il osa entrouvrir une paupière toutes ses rêveries s'évanouirent, coincées au sein des grilles du Manoir.
Deux têtes étaient penchées au dessus de la sienne. Bellatrix le scrutait avec fureur, sa main était emmêlée dans les innombrables sacs de noeuds qui constituaient ses cheveux et elle la retira d'un coup sec en laissant échapper une grimace qui resta collée à son visage à la vue de son neveu. À côté, son père se tenait immobile, aucune trace de quelconque émotions sur son visage, pas même la déception que Drago attendait. Lucius Malefoy pointait juste sa baguette vers son fils, son poing était serré, mais son expression ne tiqua pas. Il relava la manche de sa robe et traina des yeux cernés sur sa Marque.
— Appelle le Lucius, l'encouragea Bellatrix les lèvres retroussées en un rictus empreint de folie.
Le père Malefoy jeta un dernier regard risqué vers son fils mais celui-ci releva le menton, le défiant d'appeler son si cher Seigneur des Ténèbres.
Toujours au dessus de lui, sa mère apparut. Elle posa gentiment sa main sur le bras de son mari et rabaissa sa manche. Bellatrix écarquilla les yeux et fourra de nouveaux ses mains dans ses cheveux, en arrachant plusieurs mèches en passage. Drago n'avait aucun avantage sur la situation, il était par terre et trois Mangemorts le surplombaient. Malgré tout, il décida de garder la tête haute. C'était bien le seul acte de bravoure qu'il pouvait entreprendre.
Drôle de réunion de famille.
— Pourquoi est-ce que la lignée des Malefoy est-elle affublée de tant de crétins ! explosa Bellatrix en levant sa manche sans hésiter.
— Bella, l'interrompit sa soeur, ne fais pas ça.
Bellatrix glissa furtivement sa main autour du poignet de Narcissa et serra. La mâchoire de sa mère se contracta mais elle ne quitta pas la Mangemort des yeux. Bellatrix avait toujours respecté son aînée, seulement est-ce que le respect d'une aînée faisait le poids contre une loyauté sans faille envers le Seigneur des Ténèbres ?
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𝐄𝐱𝐢𝐥𝐞́ ➸ Drarry
FanfictionDrago a fui, il a fui ce passé qu'il ne peut plus porter et ses erreurs qu'il ne peut plus affronter. Tout est beaucoup trop étouffant et gris. Les jours défilent, se ressemblent et Drago se sent inévitablement crouler sous le poids de la culpabilit...