Je sens un courant d'air balayer mon visage. J'ouvre péniblement les yeux, mais ce n'est pas mon lit ! Je me lève en sursaut et découvre une vieille dame plutôt rondellette qui ouvre les rideaux de la chambre.
"Ah, vous êtes réveillée, bien Mlle."
Soudain, tout me revient : la chambre en Grèce, le voyage.
"Mlle, Mrs Belli vous attend pour le dîner."
"S'il vous plaît, appelez-moi Leïla. Vous me donnez l'impression d'être vieille."
"D'accord, Leïla, alors moi ce sera Athania," dit la vieille dame.
Je jette un coup d'œil et ne remarque même pas mes valises.
"Athania, peux-tu me dire où sont mes affaires ?"
"Ah, je les ai rangées dans l'armoire de Mrs. Cela ne vous dérange pas, bien sûr."
J'hoche la tête, de toute façon, qu'est-ce que je peux bien y faire ?
"Tu peux m'indiquer les toilettes s'il te plaît, il faut que je me prépare."
Elle se retourne en souriant et me dit :
"C'est la 2e porte sur ta gauche, mi bella."
"Merci, Athania."
Il faut croire que tout le monde est extrêmement gentil et charmant dans cette maison. À croire qu'Allexsandro a été déposé devant la porte il y a 10 minutes par une cigogne. Il faut que j'arrête mes raisonnements sur son supposé tempérament. D'ailleurs, pourquoi cela m'affecte-t-il autant qu'il soit gentil ou bourru ?
La salle de bain fait la taille de ma chambre. Après avoir pris un bain, je saisis ma trousse de maquillage, histoire d'être un peu plus détendue. Croyez pas autre chose, hein ! De retour dans la chambre, j'opte pour une robe bleue turquoise cintrée à la taille avec des rayures blanches, qui m'arrive aux genoux. J'enfile mes bottines blanches, je regarde dans le miroir, et le résultat est plutôt pas mal. Je détache mes cheveux, et mes boucles brunes tombent en cascades sur mon dos.
Trop absorbée par l'image que me reflète le miroir, je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir.
"Ma mère nous attend."
Je sursaute légèrement et perds un peu l'équilibre. J'ai failli tomber, mais il me retient de justesse, me tenant fermement à la taille. J'avoue qu'à ce premier contact, je ressens un long frisson parcourir tout le long de mon dos.
C'est mon imagination ou il a tressailli ? Je pense qu'il s'en est rendu compte. Lui aussi, il m'a toute de suite remise debout, sans pour autant cesser de me scruter.
"Vous ne trouvez pas qu'il fait un peu chaud dans cette pièce ?"
Bravo Leïla, t'as pas trouvé mieux à dire. Il me fait un de ces demi-sourires.
"Viens, allons manger."
Nous entrons dans une salle à manger assez spacieuse et très majestueuse, genre grand lustre au plafond et argenterie en or. Ébahie par tout ce décor fabuleux, j'admire scrupuleusement afin de capter chaque image de cette pièce. Marlie ne va pas y croire quand je vais lui raconter tout ça.
Un raclement de gorge me ramène à la réalité, c'est Allexsandro qui me tire une chaise. Oh, monsieur peut être galant quand il veut, ou peut-être pour les grandes occasions. J'entends des pas s'approcher, et tout le monde se lève. Je fais de même pour ne pas me faire remarquer. C'est quoi encore cette histoire ? C'est le pape qui arrive ?
Je tourne la tête et vois un monsieur beaucoup plus grand qu'Allexsandro. Il a les cheveux gris, mais il garde toujours sa carrure d'athlète. Je peux aisément en déduire que c'est le père de M. Belli. À ses bras, une vieille dame qui porte un tailleur et son chignon bien ordonné. Son père tire la chaise de la dame, que je suppose être la grand-mère d'Allexsandro, et s'assoit à son tour.
Alors, je vois que tout le monde fait de même, y compris la mère d'Allexsandro. Après que l'entrée soit servie, le monsieur dit :
"Alors, c'est vous, Leïla."
"Euh, oui, oui. Enchanté, monsieur."
"Allons, allons, mon enfant. Appelle-moi Grant. Mon fils m'a beaucoup parlé de toi."
Attends, stop, il a fait quoi ? Mais d'où je le connais, ce type ? Je tourne vers lui un regard interrogatif. Il hausse les épaules discrètement et fait mine de s'intéresser à son repas. Ça, tu me le paieras. Je lui lance un regard noir.
"Ah oui, c'est vrai ?"
"Absolument. Laisse-moi te présenter la grand-mère d'Allexsandro, Petrova."
"Bonsoir, madame. Moi, c'est Leïla McAllister. Enchantée de faire votre connaissance."
Elle me répond d'une voix sèche.
"Bonsoir."
Je baisse la tête et me concentre sur mon plat. Au moins, je sais de qui lui vient son mauvais caractère. J'ai hâte que ce repas se termine pour avoir la réponse à toutes mes questions.
Le repas se termine dans le plus grand silence, et je fais de même en me retirant. Je souhaite une bonne nuit, assez audible. Tout le monde répond, sauf la grand-mère d'Allexsandro, qui je pense fait semblant de ne pas entendre. Allexsandro me dit à son tour :
"Athania va te reconduire dans la chambre, je te rejoins dans quelques instants."
Pour une fois, je n'ai pas de réplique et suis gentiment Athania vers la chambre.
"Bonne nuit, mon enfant."
"Bonne nuit, Athania."
Je profite de cette intimité pour me changer, mettre mon pyjama. De retour dans la chambre, je trouve Allexsandro assis sur l'une des chaises, un verre de bourbon à la main. Je m'assieds sur le lit.
"Vous allez me dire pourquoi je suis ici."
- Comme vous faites semblant de ne rien savoir, je vais prendre la peine de vous en parler, comme je vous l'avais promis.
Il prend une grande inspiration et avale d'un trait le contenu de son verre.
"Votre copain Sergio s'est allié avec mon directeur général et mon comptable pour détourner une somme importante de l'entreprise."
"Quoi ? Ce n'est pas vrai, je suis sûr que vous mentez."
"Est-ce que vous voyez que j'ai une tête à mentir sur un sujet pareil ?" dit-il contrarié.
"Euh, non, excusez-moi."
"Bien, comme je vous le disais, votre copain avait déjà pris de l'argent, mais une petite quantité. On dirait que ses mœurs se sont de plus en plus développées, qu'il s'est trouvé des complices pour faire un plus gros coup. C'est à ce moment-là que j'ai su."
"Qu'est-ce que vous lui avez fait ?"
"Oh, mais rien, tout ce qu'il méritait. J'arrivais furieux au bureau ce jour-là avec les preuves du détournement et une copie du mandat d'arrêt. J'ai fait appeler ses complices. Évidemment, les deux ont rejeté toute la faute sur ton copain. Je l'ai appelé à son tour, il me sortait toutes les excuses du monde. Ma mère m'a téléphoné, je suis allé prendre l'appel dans la pièce à côté. Elle me suppliait de me marier pour avoir un héritier, elle m'a même proposé de payer une femme."
"Quoi ?" fis-je sidérée.
"Et ton copain, aussi futé qu'il est, a tout entendu. Et a vu une porte de sortie pour lui dans ce merdier. Il m'a proposé de me donner tout ce que je veux en échange, j'oublierai ce qu'il a fait."
"Donc, vous ne pouvez pas aller dans la rue et trouver une femme comme le font tous les gens normaux."
"Voyez-vous, Mlle McAllister, je suis tout sauf normal." Je m'accroche aux bords du lit.
"Je ne peux pas croire que Sergio a vendu notre bébé."
"Oh non, mais il fait beaucoup mieux que ça."
VOUS LISEZ
Au delà de la mort
Romance-C'est la fin, ça y est, je l'ai perdu à tout jamais... Si seulement je pouvais revenir en arrière... Non! Si seulement Sergio pouvait avoir une chance de renaître. Seule avec son enfant à naître, Leïla laissant échapper ces paroles, empr...