💎Chap 14💎

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Le carillon de l'horloge retentit, et je pousse un grognement. Qui a eu l'idée fabuleuse d'installer ce truc dans une maison ? On n'est pas à l'école ! Je me lève du lit en maugréant et jette un coup d'œil à ma montre. Zut, il est 10h24 ! Vu qu'Allexsandro n'était pas d'humeur hier soir, je doute qu'il m'attende patiemment avec des heures de retard. Je me précipite vers la douche, me disant que la ponctualité, c'est définitivement un concept qui m'échappe.

Après mes rituels matinaux, j'enfile rapidement un pantalon et un pull beige un peu large. C'est à la course que j'atteins un état de préparation décent, et il était 11h10 quand j'ai fini. Je ne prends même pas la peine de frapper ; j'ouvre la porte à la volée.

-Excusez-moi, Mrs. Belli, je... je...
   Je tente de reprendre mon souffle pour parler correctement.
-  Allons, allons, mon enfant, respire. Ce n'est pas bon pour toi. Ce n'est pas un camp militaire ici, tu peux ne pas être à l'heure," réconforte le vieillard avec un regard bienveillant. Je lui souris, -Bonjour.

Je remarque qu'Allexsandro était debout, regardant par la fenêtre avec sa vue magnifique, éternellement vêtu de son costume trois pièces. Sûrement, il fulmine intérieurement de ne pas avoir eu la chance de me sortir son grand discours sur la ponctualité ou de me lancer l'un de ses regards froids.

**Point de vue d'Allexsandro**

Mon Dieu, qu'elle est magnifique sans maquillage, les cheveux en bataille, la peau légèrement rougie par, je suppose, la course. C'est hallucinant, tout lui va, même dans cette tenue décontractée. Un négligé... Elle est magnifique. Il faut que j'arrête avec ces idioties. C'est une femme comme les autres, Allex, et celles-là, tu peux toutes les avoir à tes pieds en un claquement de doigts.

Mais je ne peux ignorer le brasier qui s'allume en moi à chaque fois qu'elle se trouve dans la même pièce que moi. J'ai essayé de sortir cette fameuse nuit de ma tête. Pour ne pas éveiller la curiosité et cacher mon trouble, je fais semblant de regarder les fleurs de ma mère par la fenêtre tout en écoutant discrètement sa conversation avec mon père, qui ne cesse de sourire. J'ai été un peu surpris, car mon père ne s'ouvre pas aussi facilement aux étrangers. C'est peut-être l'effet Leila.

Leila joue son rôle à la perfection de petite fille fragile et naïve. Elle cache son vrai visage comme toutes les autres cupides croqueuses de diamant avides de popularité. Mon père peut se faire berner, moi pas. Je vais rester sur mes gardes. D'ailleurs, après la naissance de mon enfant, elle prend son argent et quitte ma maison. Peut-être, si je suis de bonne humeur, je lui laisserai la voir à chaque anniversaire. Il ne faut pas prendre de gants avec ce genre de femme, mais je trouve qu'elle est différente. On dirait qu'elle essaie de cacher quelque chose, sans doute une manigance pour repartir avec plus de fric. Je vais tirer cette histoire au clair en la surveillant de près pour la prendre la main dans le sac.

**Point de vue de Leïla**

-Je suis très touchée que Mr. Belli, je veux dire... Grant, s'intéresse autant à ma personne. Il me couvre d'un regard paternel. Mes parents me manquent tellement. En parlant de parents, je n'ai pas appelé ma sœur depuis mon arrivée ici. Elle doit être en train de fulminer dans un coin. Bien qu'Allexsandro m'ait vaguement dit qu'il lui a envoyé un message, je connais ma sœur. Elle ne se sentira rassurée que quand elle aura entendu ma voix. On est un peu protectrices l'une envers l'autre. C'était toujours ainsi après la mort de nos parents. On est devenues encore plus proches. C'est la première fois que je reste tout ce temps loin d'elle. Je suis un peu rassurée car Berline, sa meilleure amie, et Rubby sont venues lui tenir compagnie.

Je sors de mes pensées et observe de loin le père et le fils dans une brève discussion. Ils se ressemblent tellement, c'est bluffant. L'un a quelques rides dues au poids des années.

- Je vous laisse discuter, les enfants. Passez une excellente journée," annonce Grant. -Merci, père. On se retrouve pour déjeuner.
-Bonne journée à vous aussi, répondis-je.

Il contourne le bureau et s'assoit derrière son bureau. Sa posture et sa mine sévères sont très intimidantes. Je baisse la tête et tripote l'ourlet de mon pull, signe que je suis super stressée.

-Alors, bien dormi, Mlle McAllister ?" me demande-t-il.

-Oui, oui, et vous ? Il me scrute pendant une fraction de seconde et me fait un demi-sourire. Sûrement, il repense à la nuit dernière. Je baisse la tête pour cacher les traces de rougeur sur mon visage.
-Très bien...

Nous plongeons dans un silence radio. Probablement parce que nous savons que ces échanges de banalités ne sont guère importants. J'ai un peu peur de lancer le sujet qui nous concerne, vu comment il a réagi la dernière fois. Il a dû sûrement lire dans mes pensées.
-Bon, alors, où en étions-nous ?" me lance-t-il. -Vous me racontiez que j'ai signé un contrat."
-Ah, oui, le fameux contrat..."

Il détache sa veste et prend une posture négligée. Dieu qu'il est beau. Il faut que j'arrête, bon sang !
-Eh bien, oui. Ton copain me l'a apporté la semaine suivante en me disant que tu m'attendais vendredi. Tout en m'indiquant l'adresse. Je me suis rendu le jour J. Tu avais décoré la maison. Je me suis demandé pourquoi tu donnais tant de mal
Je me suis rendu le jour j. Tu avais decoré la maison. Je me suis demandé pourquoi te donner tant de mal.

Les mots de Sergio résonnent encore dans ma tête, révélant un côté sombre et sordide de ma vie.
-Ton copain m'a dit que tu préfères ne pas voir mon visage. Je t'ai trouvée sur le lit, les yeux bandés. J'ai trouvé ça érotique. Et puis, nous avons fait l'amour ce soir-là."

Choc. Stupéfaction. Mon esprit peine à assimiler ces révélations. Sergio m'a vendue comme une vulgaire chose. Une nausée profonde me prend aux entrailles. Les émotions contradictoires de la colère, du dégoût et de la trahison se bousculent en moi.
-Ne trouvez-vous pas cela suspect de me retrouver sur le lit ? Même si j'ai bu de l'alcool, vous n'avez pas cherché à faire la conversation ni à me rencontrer avant cela, lançai-je, cherchant des réponses dans le regard froid d'Allexsandro.

-Je n'ai pas le temps, écoute, j'ai des milliers d'employés sous mon emprise. Je n'ai pas le temps pour ces histoires," répliqua-t-il avec un détachement glacial qui me glaça le sang.

-Vous êtes complètement malade, ma parole. On ne fait pas ça. Je n'étais pas consentante, balbutiai-je, vacillant un peu, mes mots se perdant dans l'air pesant de la pièce.

Furieuse, je le fusillai du regard.
-Attention, n'allez pas sur ce terrain où vous insinueriez une quelconque forme d'abus. Si vous dites la vérité, c'est votre Sergio que vous devriez blâmer, et puis..."

Le silence pesant fut rompu par son regard froid. Il me fixa avec intensité, et d'un geste ferme, je l'interrompis.

-Si j'avais su que c'était vous, quoi, vous n'auriez pas autant tressailli sous mes caresses ?"

Mon regard exprimait à la fois la rage et la douleur de découvrir la vérité brutale derrière cette nuit que je croyais être un simple cauchemar.

-Alors, c'est vous le père de mon enfant," articulé-je d'une voix à peine audible.
  Il répond d'un simple "oui," mais son regard trahit le poids de cette révélation.
C'est un aveu difficile, une confession qu'il porte depuis plus d'une semaine.

Avec le peu de dignité qui me reste, je me lève de cette chaise, une étreinte invisible serrant mon cœur.
-Est-il possible de revoir le document que j'ai signé ?" Ma voix vacille, mais je m'efforce de paraître forte. Il soupire, peut-être agacé par ma demande, et me tend une chemise.

"Merci. Bonne journée." Ma réponse est froide, distante. Je m'éloigne, emportant avec moi le fardeau de cette vérité inattendue.
-À vous aussi, mais essayez de vous amuser. Après tout, vous êtes en vacances." Sa remarque sarcastique résonne dans le couloir.

Une fois sortie de ce bureau, l'impression que mon monde s'est écroulé m'envahit. Précipitamment, je cours vers ma chambre, cherchant refuge dans l'intimité des murs. Mon cœur bat la chamade, et la peur de l'inconnu s'immisce. J'ai besoin de savoir, de comprendre ce à quoi je me suis engagée, car désormais, tout semble ébranlé dans ce qui était autrefois ma réalité.
 

                     Au delà de la mort                        Où les histoires vivent. Découvrez maintenant