Chapitre 14 : L'équilibre de l'espoir et du désespoir

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C'est avec surprise que je voyais le garçon, ou plutôt le jeune homme, s'arrêter dans sa marche dès que j'ai prononcé son prénom. A croire que mon accent de sudiste français ne l'avait pas empêché de comprendre son prénom.

Je forçais tellement sur ma respiration que mon ventre et ma cage thoracique montaient et descendaient en cadence, appuyant sur mes blessures... Mais je m'en foutais. Même si il n'allait rien comprendre, je voulais lui parler avant de mourir et de me réveiller de ce rêve douloureux.

Le garçon à la chevelure désordonné finit par se retourner, lentement mais sûrement. Son regard neutre et blasé se posait sur moi, avec un sourcil légèrement plus haut que l'autre.

Je m'appuyais sur le mon corps pour essayer de bouger, mais je n'y arrivais pas. Alors je me forçais sur ma voix afin de pouvoir parler, même si ça s'entendait que je souffrais. J'ajoutais en forçant difficilement :

"Izuru Kamukura.... Ou aussi Hajime Hinata... Laisses-moi... Laisses-moi te dire un truc...."

Je n'arrivais pas à dire une phrase entière sans reprendre mon souffle et expirant des petits geignements de douleurs. Ce n'était vraiment pas beau à voir, ni à entendre.

Et si je l'ai appelé "Hajime Hinata"... Héééééé, spoil du second Danganronpa !

Bref, je continuais en voyant qu'il ne s'était pas barré en ne comprenant pas ce que je lui racontais :

"L'espoir... Le désespoir... Tout ça c'est des conneries symboliques. L'un n'est pas possible sans... sans l'autre. Et que... un monde sans désespoir ne peut pas exister. Comme un... un monde sans espoir non plus. Peut-être que l'espoir est prémédité, barbant... et que le désespoir est... plus imprévisible. Mais l'espoir aussi peut être imprévisible... Toi, par exemple... T'es censé être l'ultime espoir avec tout les talents possible mais tu entraînes le désespoir avec les autres... Ce projet qu'avait Kibougamine d'avoir un sujet qui possède tout les talents... Ce n'était pas... une bonne idée. Car un cent-pour-cent espoir devient un cent-pour-cent désespoir si il tourne mal... C'est contre-nature, j'ai envie de dire. Et... pourtant... Hajime Hinata a quand même accepté car il pensait être... rien. Parce qu'il était banal... Comme moi, en fait."

Je savais que faire la morale à un gars qui ne parlait pas ma langue était une grosse perte de temps, mais je ne regrettais pas de le dire... C'était vrai, après tout, l'espoir et le désespoir c'était comme le jour et la nuit, le froid et le chaud, le bien et le mal...

L'un ne peux pas exister sans l'autre. C'était un équilibre parfait qui a été niqué par Junko.

Je savais aussi que Izuru ne se souvenait pas d'avoir été Hajime... Mais j'adorais faire ma psychologue, même en étant entrain de crever.

"..."

-Bordel, j'ai trop mal... Je sais que tu comprends que dalle à ce que je dis, continuais-je difficilement. En même temps, tu... tu a cassé mon bracelet donc c'est de ta faute... Enfin, bref. Je vais mourir, et... retourner d'où je viens. J'espère, en tout cas. Mais malgré ça... Je... Arg, je ne veux pas que mon corps reste ici. Je n'ai pas envie que... que tes petits copains s'amusent avec mon corps. Du moins, j'espère... mourir avant qu'ils reviennent.

Sur ces dernière paroles, je me suis sérieusement remit à tousser. Si fort que je pouvais en bouger, mais ça forçait beaucoup plus sur mes blessures. J'étai à deux doigts de cracher mes poumons. En tout cas, je n'étais plus du tout discrète.

Après avoir fini de tousser, le silence revenait. Il n'y avait plus un son dans l'école... Du moins, dans les alentours. Les Ultimate Despairs étaient sûrement là où était le cadavre de Junko.

Je levais mes yeux droit au plafond, en ne sentant plus mon corps. J'avais de plus en plus de mal à respirer et me sentait divaguer à cause de la perte de sang. Ma vision redevenait floue, tandis que le plafond semblait tourbillonner en spiral.

J'ignorais si c'était la mort ou mon réveil... Mais ça faisait exactement comme quand je suis tombé dans les pommes.

C'est alors que pendant mon délire visuel, je voyais et j'entendais Izuru revenir en ma direction. Il se mit à ma droite avant de s'accroupir. Son visage semblait n'avoir pas changé d'expression, mais le flou de ma vue m'empêchait de le confirmer.

D'un regard vague, je le voyais alors prendre mon bras droit, le replier avant de le poser sur mon ventre. Et avant de réaliser les faits, le voilà qu'il replia mes deux jambes en y passant son bras dessous, puis placer son autre bras sous mon dos avant de me relever.

En gros, il me portait.

L'étonnement était aussi haute que la fatigue hémorragique dont je ne pouvais pas réagir. J'en secouais très légèrement la tête, ne comprenant pas ses intentions, en babillant :

"Que... Quoi..."

Da ma vue brouillée, je voyais que la tête de l'ultime espoir était dans ma direction. Les teintes rouges vifs de ses yeux marquaient le visage pâle de ce dernier.

J'avais vraiment du mal à garder mon attention sur lui, tellement j'avais envie de fermer les yeux et de me laisser succomber par l'épuisement.

Jusqu'à ce que...

"Vous êtes barbante. Mais bien étrange."

Qu'il lâche des mots bien en français.

La surprise dépassa le tout. Je réussis à lever la tête très légèrement la tête de l'appui que j'avais et je clignais plusieurs fois des yeux en faisant tout mon possible pour tenir encore un peu.

J'avais peur d'avoir halluciné, tellement j'étais persuadée que le bracelet s'était cassé. Et je montrais cette persuasion en réussissant à dire d'un voix vague, mais clair :

"Quoi...? Mais... Comment..."

Bien que Danganronpa était un jeu japonais, il existait aussi les voix en anglais. Mais là, ce n'était pas de l'Anglais. C'était du pur français ! Avec les lèvres bien en raccord.

"Vous l'avez dit vous-même. J'ai touts les talents." fut sa réponse à mon incompréhension.

Qui dit "tout les talents", voulait dire qu'il parlait d'autres langues ? J'avais du mal à croire. Au point que je réussissais à en écarquiller les yeux et d'en avoir le souffle coupé.

Mais ma grande surprise fut bref. La manque d'air et la maladie me refit alors tousser, mais plus brusquement que d'habitude. Cette fois-ci, je toussais à en cracher du sang en grande quantité. J'en tâchais à nouveau mes vêtements imbibés de sang.

Je n'arrivais pas à m'arrêter. J'ignorais même qu'est-ce qui en était la cause : l'hémorragie, le poison, ou le virus que j'avais peut-être...

Mais c'est bien ce qui causa ma mort. Car à bout de souffle à la fin de ma toux acharnée, tout mon corps se relâchait pour de bon avant que ma tête tombe contre le torse de Izuru, laissant mes yeux se refermer tout seuls. Je n'avais plus la force de résister à la fin.

C'était la fin pour moi.

Bloquée à Kibougamine [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant