Se rapprocher de toi

Chapitre 4 : un cœur brisé

Le lendemain, Judith m'envoie un message.

Judith : Salut Sacha, je peut te parler s'il-te-plaît ?

Moi : Oui, ok, où et quand ?

Judith : Aujourd'hui à la cantine ? Seuls ?

Moi : Ok.

Je suis surpris. Comme je l'ai dit, Judith et moi avons de bons délires ensemble mais nous ne sommes pas proches. Pour dire, elle ne sais même pas ce qui se passe avec mes parents, juste qu'ils ne sont plus ensemble. La matinée passe lentement et je sens que Judith bouge sur son siège, pressée de me parler. Mathias semble déprimé et ne nous adresse pas la parole. Alexandre est tombé malade ou fait semblant. Dans tous les cas, on a pas à le supporter. Enfin viens l'heure de la cantine et Judith et moi nous installons ensemble. Je repère Mathias. Il déjeune aujourd'hui avec le groupe des filles. je sens qu'il me regarde, tout comme Inès, Charlotte, Camille et Héloïse. Judith ne leur prête pas attention.

- Voilà, je crois que Mathias m'a trompé.

Je regarde Mathias. Son petit air sérieux et renfrogné, son look de savant fou, sa timidité maladive... Est-ce qu'on parle du même Mathias ? Devant mon air ahuri, Judith continue.

- Je te dis ça parce que tu es un garçon et que j'espérais que tu pouvais m'aider à y voir plus clair... murmure-t-elle.

- Quoi ? Mais en quoi le fait d'être un garçon est utile ?

- Je ne sais pas, vous réagissez différemment. Pas parce que vous êtes des mecs mais parce que vous avez été élevé de cette façon, tu vois ? Genre, tu es un garçon, tu ne dois pas pleuré, tu es un mec un vrai, toutes ces conneries. En plus tu le connais. Et tu es mon ami.

Je ne réponds rien, assommé. Je ne m'attendais pas à avoir cette conversation. Je pensais qu'elle me parlerait des doutes qu'elle avait pour son projet d'orientation de l'année prochaine, pas de problèmes sentimentaux. Ensuite, je ne pensais pas qu'elle m'aimait à ce point. Elle comprend à l'envers ma réaction et soupire avant de se prendre la tête dans les mains.

- Enfin, j'en sais rien... Oublie ce que je viens de dire, c'est stupide.

- Non ! Je veux bien t'aider, si je peux ! Pourquoi est-ce que tu penses qu'il te trompe ?

Elle relève la tête et se met pleurer. A présent, tout le monde nous regarde et Mathias a l'air peiné.

- Ces dernières semaines, il est bizarre. Plus sociable, surtout avec Alexandre alors qu'il le déteste. Je les ai surpris en train de se parler et quand j'ai demandé de quoi, ils ont changé de sujet. Il reçoit des textes d'une fille alors que je ne savais même pas qu'il se parlait.

Elle s'arrête de pleurer et fait une pause pour se moucher avant de poursuivre.

- Je ne suis pas du genre jalouse, tu sais ? Il peut parler à qui il veut. C'est juste que d'habitude, ça ne lui pose aucun problème que je regarde ses messagers. On a toujours fait ça, on lisait nos messages devant l'autre et quand on était occupé on lisait à voix haute le message, tu vois ?

Je hoche la tête.

- Là, il a réagit violemment en me disant que j'envahissais sa vie privé. Et hier, je l'ai vu au centre commercial alors qu'il m'avait dit qu'il était malade et ne pouvait pas venir acheter un livre avec moi. il attendait quelqu'un mais je suis partie avant de savoir qui. J'étais trop triste. Je pense qu'Alexandre sait quelque chose et n'a rien dit parce que c'est un connard. Est-ce que tu sais quelque chose ? Dis-moi la vérité s'il-te-plaît.

Je regarde Mathias. Il nous observe, bouleversé. Je ne le vois pas tromper Judith. Mais j'ai remarqué que leurs relations étaient tendues en ce moment.

- J'en sais rien, Judith. J'ai juste vu que vous ne vous parliez plus autant qu'avant. Ça m'étonnes, venant de Mathias mais si c'est vrai, ça ne m'étonnes pas d'Alexandre qu'il ne dise rien. Dommage qu'il est malade, je lui aurais posé des questions, sinon.

La journée se poursuit et Judith et moi nous nous rapprochons. On joue les espions, on regarde Mathias et elle parle en boucle de leur relation. Peut-être que tout n'était pas aussi rose que ce que je pensais. Je finis par lui avouer ce que je ressentais, ma sensation d'être la cinquième roue du carrosse et elle s'excuse.

- Tu sais, j'ai vu que tu étais plus réservé cette année. Et déjà avant, tu étais secret. C'est dommage parce que je t'aime bien. Je veux vraiment être ton amie, souffle-t-elle à la sortie des cours.

- C'était compliqué au niveau familial pour moi. Je n'ai rien dit parce que je ne voulais pas en parler mais un jour, j'aimerais bien me confier à toi comme tu l'as fait pour Mathias. Moi aussi je veux être ton ami.

- Je serai là quand tu voudras te confier, quelque soit l'heure où le moment.

Avant de partir, elle me dit :

- Je pense que c'est fini avec Mathias et je sais que c'est pas ton genre mais s'il-te-plaît, ne te bat pas avec lui, même si tu en as envie.

J'acquiesce et elle s'en va. Je la regarde quelques secondes avant de secouer la tête. Il est temps que je reparte chez moi. En chemin j'aperçois Héloïse et Mathias. Ils se tiennent la main devant un immeuble, sûrement là où elle vit. Ils s'embrassent. Je poursuis mon chemin, le cœur qui bat la chamade. Dire que je vais devoir aider cette fille.