En retournant sous terre j'avais soudains réalisé que ma ville était à présent un endroit hostile et étranger pour moi. Je me sentais en sécurité ici, dans l'obscurité du métro – D'autant que Bourbon prétendait avoir des amis à la station Aride.
Existe-t-il un seul usurier dans tout le Métro à qui Bourbon, ne doive pas d'argent ? Ou un dangereux criminel qu'il n'aurait jamais froissé ? Ce type a le monde entier à ces trousses ! Et cette fois, il semble que sa chance ait fini par tourner. Je me fiche bien de ce qu'il peut lui arriver... Enfin, je devrais. Et pour une raison qui m'échappe, je n'arrive pas à l'abandonner à son triste sort. Sukhoi, mon beau père m'a dit un jour : « Si tu sauves quelqu'un une première fois, tu devras continuer à le sauver toute ta vie ». Impossible de ne pas se sentir responsable d'une personne qu'on a sauvé de la mort. C'est pour cette raison qu'il ma pris sous son aile à la mort de ma mère... Et c'est probablement pour cette raison que je me sens incapable d'abandonner Bourbon aujourd'hui... Il faut croire que les types comme Bourbon sont nés avec la corde au cou. Ils passent leur vie à jouer avec le feu, risquant tout ce qu'ils possèdent chaque jour que dieu fait... et ils pensent pouvoir continuer éternellement. Mais on ne peut pas tromper la mort. A force de marcher au bord de précipice, on finit par tomber... Pourquoi est-ce que j'écris tout ça ? Pour me persuader que je ne suis pas coupable de sa mort ? Qu'il devait tôt ou tard y passer à cause des risques qu'il prenait ? Non... J'écris tout ça pour faire taire cette petite voix dans ma tête qui ne cesse de répéter que j'aurais pu le sauver... Que j'aurai pu donner une autre direction à sa vie... Qu'il n'était pas si mauvais finalement. C'est le monde dans lequel nous vivons qui nous façonne... Et de quel droit Khan se permet-il de juger ?
L'apparition de Khan m'avait pris par surprise pourtant en combattant les bandits j'avais senti que quelqu'un m'aidait depuis l'obscurité. Khan m'avait assuré que le destin de Bourdon n'était pas lié au mien mais je regretterais sa mort... J'ai l'habitude du danger et de la fragilité de la vie humaine. J'ai vu de mes propres yeux des monstres qui ne devraient pas exister. J'ai parcouru les ruines d'une ville peuplée de morts. Mais tout cela était...réel. Concevable. En revanche, ce qui se trame autour de Khan... dépasse mon entendement. Je ne me sens pas à l'aise en sa présence et il m'arrive d'être effrayé. Quand il est là, tout ce que je sais sur le monde, les gens, la mort et même ma propre existence, semble perdre son sens. Je n'ai plus de point de référence, personne sur qui m'appuyer en dehors de Khan lui-même. Notre rencontre est-elle vraiment le fruit du hasard comme je le croyais jusqu'ici ? Il ne me reste de ma vie en surface que des fragments de souvenirs comme vieilles photos jaunies... Et j'ai oublié que ces rames étaient autrefois bondées de voyageurs souriants et empruntaient ces voies, remplissant les tunnels de bruit et de lumière... Pour moi, elles ne sont que des vestiges du vieux monde : nous vivions désormais dans leurs wagons, nous arrachons à leurs entrailles mécaniques de quoi fabriquer les objets pathétiques de notre quotidien... Notre monde est construit sur les ruines de l'ancien. Nos ancêtres ne sont donc pas tout à fait morts. C'est comme s'ils étaient encore parmi nous, invisible, guettant le moindre de nos gestes... Incapable de trouver le repos.
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La vie dans le métro
Ciencia Ficción[[[[ !!!! Le livre est inspiré du jeu vidéo : Métro 2033 Redux. !!!! ]]]] Artyom, né peu de temps avant le bombardement nucléaire, a été élevé sous terre dans la station de Timiryazevskaya jusqu'à ce qu'il soit envahi par une horde massive de rats...