Prologue

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Quelques part dans ce monde...


Il était seul depuis des heures à contempler sa maison, se demandant si le moment était réellement venu de mettre son plan à exécution. Non pas parce que sa motivation était moins importante qu'avant, mais surtout parce que malgré tout, il était attaché à elle. Elle est la seule, la seule qu'il n'ait jamais eu. Et elle sera sûrement la dernière car il sait à quel point il est douloureux de s'attacher à un être aussi fragile. Perdu dans ses songes, il n'entendit pas son neveu qui s'approchait discrètement de lui.

- Tu doutes encore ?

- Je ne doute pas, mais je devrais peut-être lui laisser plus de temps...

- Tu sais qu'il est temps. Nous ne pouvons pas attendre davantage. Il faut qu'elle se prépare, il faut qu'elle survive. Et ce n'est pas en la laissant dans l'ignorance qu'elle y arrivera.

- Je le sais bien ça, sinon je ne serais pas là ; grogna t'il.

- Tu ne devrais pas être si sentimentale. J'en ai eu des centaines et si j'avais dû m'inquiéter pour chaque élévation, j'en serais mort.

- Justement, tu en as eu des centaines. Moi, je n'ai qu'elle.

- Tu peux en avoir d'autre tu sais... Après tout ce n'est pas comme si ton frère s'en était privé. Alors pourquoi t'arrêter à une seule ?

- Parce qu'à la différence de mon frère, j'ai du respect pour ces êtres. Pas tous bien sûr, mais certain le mérite et je ne peux simplement pas les traiter comme lui le fait. C'est ce qui est le plus ironique dans toute cette histoire...

- Que veux-tu dire ?

- C'est lui qui les traite comme des insectes, mais c'est moi que l'on considère comme un monstre.

- ça, c'est seulement parce qu'ils ne savent que ce qu'il veut bien qu'ils sachent. Mon père aime inventer des histoires et les propager. Ce n'est pas pour rien si aujourd'hui, nous sommes tous devenu des étrangers à part lui et toi bien sûr.

- À t'entendre, il y a une logique à tout cela.

- Bien entendu. Pour avoir l'air d'être le gentil de l'histoire, il faut forcément avoir un méchant à proposer.

Il n'avait pas forcément tord sur le concept et il le savait. Son frère avait toujours aimé les projecteurs, la lumière. Depuis tout petit, il fallait toujours que ce soit lui qui ait toute l'attention des autres, qui ai le droit à tout pendant que nous devions nous contenter des miettes.

Partout où il allait, les gens étaient conquis, séduits par cet homme soi-disant exceptionnel. Combien de fois avait-il entendu sa mère lui dire d'être davantage comme son frère ? Des centaines.

Mais désormais, tout ceci allait changer. Son plan était parfait, sans mauvais calcul. La dernière étape était là, dans cette maison. Même si ça le tuait littéralement, il devait le faire, car sans elle, il ne gagnerait pas.

Il avait donné cet ordre des centaines de fois. Une fois de plus et il n'aurait plus à le faire.

- Bon, je fais quoi ? Je lui dis de lancer la machine ?

Il jeta un dernier regard à cette maison, celle où il aimerait entrer, une nouvelle fois afin de s'excuser et de vivre une vraie vie. Mais ce n'était pas possible.

- Oui dis-lui que le moment est venu. Nous n'avons plus de temps à perdre.

- Bien, et tu comptes lui dire ? Où on fait comme pour les autres ?

Bien entendu, il avait envie de lui dire, de se présenter, de lui expliquer. Mais le but à atteindre était trop important, il ne pouvait pas prendre le risque que tout ceci s'ébruite.

- Pas de changement. On applique la même procédure que les autres.

- À vos ordres mon roi !

- Ne m'appelle pas comme ça.

- Pourtant, c'est bien ce que tu es...

- Plus vraiment. Et même quand c'était le cas, je n'aimais pas ce terme. Je fais juste mon boulot rien de plus. Je ne gouverne pas, ça, c'est le rôle de ton père.

- En attendant sans toi, il n'y aurait personne pour alimenter l'arbre.

- Cette affirmation aussi était valable avant. Plus maintenant...

- Ça va changer. Il est temps que tout le monde retrouve sa place.

- Ou que certain laisse leur place...

Son neveu le regarda, un regard inquisiteur.

- Que veux-tu dire ?

- Rien, je radote ; répondit-il mal à l'aise. Tu devrais aller le prévenir. Je vais rentrer.

- Très bien, tiens-moi au courant s'il y a du changement. Je serais chez ma sœur.

Son neveu disparu instantanément, ne laissant derrière lui qu'un nuage de poussière. Il resta là encore plusieurs minutes, l'œil fixé sur la maison qui l'obsédait jusqu'à ce que toutes les lumières se soient éteintes. Alors, lui aussi disparu, ne laissant derrière lui qu'une anémone couronnée, signe de son passage sur terre.

Bienvenue à tous et toutes dans ma nouvelle histoire. J'espère que cette petite partie aura suffit à attiser votre curiosité. Le premier chapitre sera publié dans une semaine. N'hésitez pas à voter, commenter et à me donner votre avis. Toute critique est bonne à prendre. Merci à vous pour votre intérêt et à la semaine prochaine !

Les âmes damnéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant