Les âmes damnées

Chapitre 6

La reprise du boulot après un accident n'avait rien de joyeux. Toute la semaine, j'avais eu le droit à des regards de pitié ou d'inquiétude de la part de mes collègues. Tous me regardaient comme si au moindre mouvement, j'allais m'effondrer ce qui était faux. Je n'irais pas jusqu'à dire que je pètais la forme et que tout allait bien mais, j'aurais pu m'attendre à pire. Ma cicatrice avait presque disparu et je n'avais plus aucune douleur musculaire quand je me déplaçais. J'étais fatiguée, oui, mais pas handicapée non plus et toutes ces marques d'attention de la part de personnes qui, auparavant, ne s'intéressaient pas à moi, avait le don de me gonfler.

Mon seul moment de repos, c'était quand je fermais la porte de mon bureau et que je me retrouvais seule. A part quelques clients qui me demandaient de mes nouvelles, la plupart s'en foutaient et ne me demandait rien sauf leurs bulletins de paies. Depuis deux ans que j'étais gestionnaire de paie, j'avais fini par créer des liens avec les clients. Si certains s'inquiétaient dès que je m'absentais plus de 48 heures, la majorité s'en fichaient royalement et en cette période, c'était eux que j'appréciais le plus.

Depuis mon retour, je n'avais pas revu les filles qui m'étaient apparu dans ma chambre. J'avais parfois essayé de me convaincre que j'avais rêvé, encore une fois, mais les deux nouveaux contacts de mon répertoire nommé "C" et "D" ne m'avaient pas laissé de doutes possibles. Je m'étais donc attelée à faire des recherches pendant mon temps libre pour savoir à quoi j'avais à faire. Pacte avec le diable, démons, anges, sorcières, vampires, loup-garou, j'avais tout cherché et rien de ce que j'avais trouvé ne me permettais de savoir à quoi j'allais devoir faire face. Beaucoup de site parlait de pacte conclu entre des humains et des démons, mais aucun ne parlait d'humain condamné à récupérer des âmes. La plupart des pactes étaient apparemment conclus pour des choses futiles comme l'argent, le pouvoir, le sexe, ect... L'amour d'une fille pour sa mère n'en faisait pas partie, preuve qu'internet ne savait pas tout.

La fin de journée arrivé, je me dépêchais de ranger mes affaires afin de pouvoir partir et profiter de mon week-end. Mon programme pour les deux jours de bonheur qui m'attendait était assez simple : dormir. La semaine m'avait épuisée et ma seule consolation était de savoir que j'allais pouvoir rester dans mon lit sans personne pour m'emmerder.

Arrivée à la maison, le simple fait de devoir monter les escaliers de notre appartement avait réussi à me faire respirer comme une asthmatique. Alors que je reprenais mon souffle, la porte s'ouvrit laissant apparaître Gaëlle.

- Enfin rentrée du travail ? Me demanda-t-elle, une lueur de malice dans le regard.

- Il faut bien bosser. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Rien de bien important ; me répondis-t-elle avec un sourire tout en m'accompagnant dans le salon. Elle n'est vraiment pas douée pour le mensonge.

Alors que je pénétrais dans la pièce, une dizaine de personnes me lancèrent un « SURPRISE » pas du tout surprenant. Ma mère, Isabelle, Thomas, Eva et quelques autres que je ne connaissais pas très bien étaient là, sans trop que je sache pourquoi. Je leur répondit merci avec un sourire même si j'aurais préféré être ailleurs, très loin.

- Il était hors de question que l'on ne célèbre pas ton retour parmi les vivants, me lança Gaëlle, les yeux embués par la joie.

Je la pris dans mes bras, non pas pour la remercier d'avoir organisé une soirée dont je ne voulais pas, mais surtout pour la rassurer et la remercier d'être là, de s'inquiéter pour moi. Ma mère se joignit à nous et le reste de la pièce fit de même hormis un individu que je n'avais pas remarqué : Bjorn.

Il nous fixait, un air exaspéré par ses élans d'affections qui ne devaient pas lui être familier. L'heure du câlin terminé, Gaëlle sécha ses larmes tandis qu'Alrek glissa sa main dans la sienne. Apparemment, le rapprochement était plus officiel que je ne le pensais entre ces deux-là et le sourire que me lança Gaëlle le confirmait.