Chapitre 8

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J'avais l'impression de n'avoir dormi que trois heures et pourtant, la lumière qui envahissait ma chambre me suggéra que la journée était déjà bien entamée. La douleur était toujours là, comme si elle venait tout juste d'être provoquée et sa simple présence me rappela immédiatement la nuit d'hier. Je le sentais partout sur moi et dès que je fermais les yeux, il était là, Chris. Ses mains qui me bloquaient, son souffle dans mon cou, ses gémissement ignobles qu'il faisait tandis qu'il me violait...

Mais je me rappelais aussi de mon retour et de Bjorn que j'avais supplié de rester avec moi. Sans me retourner, je glissais une de mes mains en arrière, cherchant un obstacle qui aurait confirmé qu'il était bien là, dans mon lit. Mais, à mon grand regret, il n'y avait rien à part une place vide.

Il avait sûrement dû partir pendant que je dormais, afin de s'éviter une situation gênante. Et il avait eu raison. Qu'aurions-nous pu nous dire ? Qu'est-ce que je lui aurais répondu s'il m'avait à nouveau questionné au sujet d'hier ? Je n'avais pas envie d'en parler, pas envie d'y penser. Je voulais simplement effacer cette nuit de mon esprit.

Sans attendre, je sortis de mon lit et me dirigea dans la salle de bain. L'eau chaude avait quelque chose d'apaisant, de serein. Sous l'eau, j'essayais de faire disparaître toute trace de lui, toute trace de ce qu'il avait fait à mon corps. C'était décidé, une fois sortie de l'eau, il n'existerait plus et la nuit d'hier non plus. Tout ce que ce mec mériterait, c'était une mort lente et douloureuse. J'aurais pu lui donner, j'aurais dû...

- Ariane, tout va bien ? Ça fait un moment que tu es sous la douche !

- Oui ça va maman, je me dépêche.

- Très bien parce que ton... copain est revenu. Essaye de lui laisser de l'eau chaude s'il veut pouvoir se laver.

Mon copain... Cela devait être Bjorn qui était revenu. Mais pourquoi ? Sans attendre, je rinçais les dernières traces de shampoing de mon corps et sortie de la douche. Etant donné que je n'avais pas eu l'intelligence de prendre des vêtements, j'allais devoir subir le supplice de traverser le salon en serviette de bain devant un mec qui me donnait surtout envie de l'enlever.

Arrivée dans le salon, ma mère était installée à table avec Bjorn qui apparemment, avait ramené le petit déjeuner.

- Salut ! me lança-t-il tout en me regardant de haut en bas.

- Bonjour ! Je... je vais m'habiller et je vous rejoins tout de suite.

- Prend ton temps ma chérie, me lança ma mère toute souriante.

Je n'osais pas imaginer les trucs embarrassants qu'elle devait être en train de lui raconter. Une fois habillée correctement, coiffée et maquillée, je me rendis à nouveau dans le salon ou m'attendait « Monsieur je suis le meilleur ».

- Merci pour le petit dèj, tu n'étais pas obligé.

- Pas de souci, je me suis dit que ça te ferait du bien de manger vu la soirée d'hier.

Je lui lança un regard menaçant, signe qu'il ne devait pas en dire davantage.

- Comment c'était cette soirée d'ailleurs ? me demanda ma mère.

- Rien de bien exceptionnelle. On a dansé et rigolé. C'était... sympa.

- Votre fille est une très bonne danseuse ! lança Bjorn à ma mère.

- Ça ne m'étonne pas. Elle tient ça de moi ; plaisanta-t-elle en me lançant un clin d'œil complice.

Je ne lui rendis pas, trop absorbée par mon croissant. Cette discussion était, selon moi, une des plus gênante de ma vie.

Les âmes damnéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant