𝐈𝐈𝐈 - Mensonge et déni

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« Désolée, mais la Princesse est actuellement occupée. »

En premier lieu, Link ne la crut pas.

Peut-être parce qu'il avait devant lui Mireille, soit la plus jeune domestique du château — quinze ans, disait-on.

Et Mireille, si elle était ainsi connue, c'était bien pour ses blagues effrontées, ses mensonges rocambolesques et sa manie de vouloir faire tourner bourrique tous ceux qu'elle croisait.

Donc Link ne la crut pas.

Il savait comment délier la vérité de la langue de la jeune fille, il l'avait déjà fait à de nombreuses reprises. Il attendait patiemment, le regard fixe, posé sur elle.

Peu importe ce qui se passait chez elle à ce moment-là, mais en tout cas, la vérité finissait toujours par sortir.

« ... Ah, vous croyez que je vous mens, n'est-ce pas ? releva-t-elle, le visage tiré d'un sourire goguenard. Mauvaise pioche ! Zelda... Enfin, Sa Majesté est bel et bien absente. »

Et elle reporta son attention au panier de linge, qui patientait sagement à ses pieds d'être trié.

Link cligna des yeux, réalisant que ce qu'avançait Mireille avait de grandes chances d'être la pure vérité.

Le désespoir déferla sans retenue en lui, emportant dans son courant le petit bonheur qu'il s'était forgé à l'idée de retrouver la princesse.

Il ne laissa en revanche pas remonter une once de ce sentiment à son visage ; il avait encore cet infime espoir que la capricieuse servante lui mentait.

Et puis, depuis quand Zelda était-elle prise entre quatorze et quinze heure, heure à laquelle la plupart des courtisans s'accordaient une pause et se retiraient dans leur chambre ?

« Vous êtes sûre ? tenta tout de même faiblement Link.

— Sûre. »

Elle se releva de ses vêtements sales, et rajouta d'un ton narquois, et même très légèrement provocateur :

« Vous savez, ce n'est pas tous les jours que l'on se fait couronner. Il y a un minimum de préparation derrière. »

Bien entendu que Link le savait. Mais il aurait pensé que Zelda aurait arrêté un vague instant ses répétitions princières, pour... quoi, lire, étudier, se reposer ?

La servante redressa ses cheveux en un chignon rapide, et s'empara du panier de linge qui traînait à ses pieds.

« Navrée, messire. Mais... je peux lui dire que vous êtes passé, en revanche.

— Non. Ne faites pas. »

Confier à Mireille ses propres mots était la chose la plus incertaine qui soit. Qui sait ? Peut-être allait-elle les déformer, les mélanger à sa guise, ou tout simplement les oublier, importants ou non.

Et puis, même si Mireille n'avait jamais été capable de tout cela, Link n'aurait pas osé encombrer davantage la princesse de sa visite.

La jeune servante le dévisagea un court instant.

Link ne put s'empêcher de déceler une part de malice au fin fond de ses prunelles. Peut-être en était-il le sujet ? Il ne l'espérait pas.

« ... D'accord. »

Mireille sourit, d'un sourire que le jeune homme tenta de ne pas qualifier de sadique.

Et, son panier de linge sous le bras, elle disparut dans le recoin d'un couloir.

Breath of the Darkness || 𝐓𝐋𝐎𝐙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant