𝒸𝒾𝓃𝓆

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Bonne lecture !

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Kuroo n'arrive pas à dormir, et il n'est même pas étonné.

Le lit est sacrément moelleux, tout comme il aime : rien à faire des gens qui préfèrent se reposer sur des planches, lui ne veut que des couches et des couches de coton sous son dos. Les draps sentent super bon, la température de la pièce est parfaite, il y a un léger rai de lumière qui passe par la fenêtre ouverte.

En gros, tout est parfait. Ou presque.

Déjà, il y a ce tableau, celui qui fait face au lit immense dans lequel il se cache. Ce bonhomme devait être quelqu'un d'important, ça ne lui retire pas pour autant son air effrayant et son demi-sourire. Il possède une énorme culotte bouffante, un chapeau penché sur le côté, une moustache qui s'enroule sur ses joues, de chaque côté de son nez immense, et en plus de tout ça il tient sa canne comme une épée. C'est ridicule, mais seulement de jour. Une fois la nuit tombée, il prend cet air sombre de méchant seigneur qui guillotine ses fidèles, et Kuroo a l'impression qu'il le fixe intensément.

En plus de ce foutu tableau, il entend des bruits dehors. Des animaux, des voix, des cris ; ça pourrait paraître banal, mais il est surtout habitué aux voitures et aux chiens qui aboient.

Plus il attend, plus les heures passent : au bout d'un moment, la lune est haute dehors et il regrette d'avoir caché son embarra en s'avalant la carafe d'eau au dîner. Sa vessie est pleine, et il n'a plus aucune idée d'où se trouve la salle de bain. De plus, la voix de Chiyuki résonne encore dans sa tête :

« Ne vous promenez pas trop la nuit, c'est un conseil »

Il lui aurait obéi avec plaisir, mais là il ne peut faire autrement : en plaçant sa main en coupe sur le côté de son champ de vision afin d'éviter le regard du seigneur-guillotine, il enfile des chaussons et se dirige vers la porte de sa chambre. Dans le couloir, tout est silencieux et désert : pas une seule personne pour lui indiquer le chemin.

Il fait d'abord un allée et retour vers la droite, mais ne trouve rien alors fait demi-tour. Il revient devant sa chambre, et tente vers la gauche. En ouvrant une porte ou deux, il tombe sur un bureau et un placard. Au bout d'un moment, il trouve des escaliers, d'autres couloirs, tourne à droite, à gauche, revient sur ses pas, tourne de nouveau à gauche.

Quand il reconnaît enfin la porte blanche de la salle de bain, il manque de pleurer de soulagement.

Ses jambes tremblent et il s'enferme à l'intérieur : là-dedans, c'est comme dans les films. Une baignoire immense, des toilettes aussi propres que le reste, un miroir qui monte jusqu'au plafond.

En se lavant les mains, quelques minutes plus tard, il ne peut s'empêcher de fixer la robinetterie par peur de laisser des traces de calcaire dessus. Il n'y a pas d'horloge, alors Kuroo n'a aucune idée de l'heure qu'il est : il espère avoir encore un peu de temps devant lui. L'eau qui coule sur ses mains est tellement claire qu'il a l'impression de laver ses péchés, et il a déjà eu cette impression en prenant sa douche quelques heures plus tôt.

De retour dans le couloir, le silence parvient jusqu'à lui et il retient un grognement. Il regarde de chaque côté, en espérant voir une quelconque lumière, mais tout ce qu'il voit c'est les ombres formées par la lumière de la lune.

Il est perdu.

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Akaashi arrive dans le salon familial aux alentours de 9h.

Il fait beau, pas encore très chaud, mais il n'a pas plus froid que ça avec son t-shirt à manche longue. Il sait qu'à cette heure, Chiyuki prend son thé dans le salon de l'aile est, celui qu'elle apprécie particulièrement.

Sauf que quand il passe l'embrasure, sa grand-mère n'est pas seule.

– Qu'est-ce que... ?

Des pieds dépassent du canapé qui lui tourne le dos, et en s'approchant il doit retenir un rire en reconnaissant Kuroo. Chiyuki boit tranquillement son thé.

– Qu'est-ce qu'il fait là ?

Kuroo dort tranquillement, en caleçon sur le sofa. Ses cheveux sont éparpillés sur l'un des coussins, et il n'a pas l'air prêt à se réveiller : heureusement qu'il ne ronfle pas.

– Je ne sais pas, répond-elle en haussant les épaules. Il était déjà là quand je suis arrivée.

Ça ne semble pas la perturber plus que ça, et Keiji soupire. Il se retient de rire, aussi.

– Tu crois qu'il... ?

– S'est perdu dans le château pendant la nuit ? Bien sûr, mon chéri. Que veux-tu que cela soit d'autre ? À moins que ton ami aime montrer ses sous-vêtements à une vieille dame comme moi.

Elle hausse à sourcil à son attention et boit une nouvelle gorgée de son thé. Keiji secoue la tête et lève les yeux au ciel.

– Kuroo, dit-il en secouant son épaule. Kuroo, debout.

Ce dernier peine à émerger, il grogne un peu, se tourne, puis papillonne des yeux d'un air perdu. Keiji l'observe d'un air attendri.

– Tu es en train de montrer tes fesses à ma grand-mère.

Il le regarde dans les yeux, et voit peu à peu apparaître une lueur de compréhension. De la honte, ensuite, et ses joues s'échauffent tandis qu'il se redresse. Il tourne la tête vers la vieille dame.

– Je suis, je veux dire je suis tellement désolé. C'est vraiment pas ce que vous pensez.

– Ah ? fait-il en penchant la tête. Donc vous ne vous êtes pas perdu dans le château ? Oh, mon chou, vous vouliez vraiment montrer vos sous-vêtements alors ?

– Quoi ? Oh mon — non !

Akaashi rit à gorge déployée, accroupi derrière le canapé.

– Je suis désolé, répète-t-il. Je, vous avez parfaitement raison je me suis perdu. Vous avez vraiment une maison très... grande.

Elle fait la moue.

– Mon garçon, cet endroit est un château, autant utiliser les mots adéquats. (Elle pose sa tasse sur la petite tablette, à côté d'elle) Notre demeure est immense. Je me perds parfois, également. C'est pour ça que je vous ai conseillé de ne pas vous promener la nuit.

Kuroo essaye de s'asseoir correctement et de cacher ses jambes avec son t-shirt. Il n'est pas pudique, mais pour le coup c'est assez gênant.

– Je suis désolé, j'avais vraiment envie d'aller aux toilettes et... je ne me souvenais plus du chemin.

– Les toilettes ?

– Oui.

Elle échange un regard étonné avec Keiji.

– Mais, mon chou, vous avez des toilettes dans votre chambre.

– Quoi ?

– Kuroo, la porte blanche à gauche du lit.

– C'était pas un placard ?

Un silence remplit la pièce, et Kuroo rougit. Il se racle la gorge.

– Bon, euh. Madame Chiyuki, je vais aller — je vais aller me changer.

Il se relève, passe à côté d'Akaashi qui ricane toujours, puis ouvre la porte du salon. Derrière, le majordome le fixe avec étonnement.

– Oh, Eugène. Conduisez notre invité jusqu'à sa chambre, je ne voudrais pas qu'il se perdre.

Et Kuroo s'engage à nouveau dans les couloirs, la tête basse et la honte piquant ses joues.

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Des bisous !

Hide & Seek || KuroAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant