𝒽𝓊𝒾𝓉

409 68 8
                                    

Bonne lecture !

________________________

En vérité, Eugène ne s'appelle pas du tout Eugène.

C'est un homme un peu plus jeune que ses grands-parents, qui travaille dans leur château depuis des années. Au début, il s'était occupé de l'administratif, puis en prenant le poste de majordome (qui existe juste parce que Genzo et Chiyuki adorent faire comme dans les films) il s'était dit que Norimune Kurosu ça ne faisait pas très sérieux. Eugène, ça, c'est un nom de majordome habillé en noir qui marche toute la journée dans les dédales d'un château.

Keiji arrive devant la salle de surveillance à peine quelques minutes plus tard. À l'intérieur, il fait sombre et un mur est rempli de petits écrans qui affichent chacun un couloir du château. Pas les chambres, bien sûr.

Eugène est assis sur un fauteuil.

– Monsieur Keiji ?

Il l'observe avec curiosité.

– Ça fait longtemps que vous êtes là, Eugène ?

– Quelques minutes à peine.

– Je pourrais vous demander un service ?

– Tout ce que vous voudrez.

Quand il était petit, Eugène était déjà là. Keiji l'aime bien, il le trouve sympa ; il jouait avec lui à cache-cache et le retrouvait à chaque fois qu'il se trompait de chambre.

– Kuroo s'est... sans doute perdu. Je voudrais juste que vous retrouviez le moment où il est sorti de sa chambre ainsi que le chemin qu'il a pris. Comme ça, je pourrais aller le chercher.

Eugène hoche la tête, l'air sérieux, puis se tourne et commence à tapoter sur les touches. Les écrans reviennent en arrière, sous vitesse accélérée, jusqu'à ce que Kuroo apparaisse devant la porte de sa chambre. L'image se stabilise, et Keiji l'observe regarde de chaque côté d'un air perdu.

Avec un soupire, il se dit qu'il n'aurait pas dû le laisser faire le chemin seul, c'était un peu bête.

– Il part vers l'aile ouest, fait remarquer Eugène.

Keiji le voit bien, et ne peut s'empêcher de se dire que ce n'est pas du tout la bonne direction. Avec désespoir, il regarde Kuroo passer d'écran en écran, faire demi-tour, regarder par les fenêtres, faire encore demi-tour, partir à droite, ouvrir quelques portes.

– Oh, il s'est arrêté.

En effet, il fixe à présent un tableau. Il se met à lui parler, et Keiji prend sa tête dans ses mains en retenant un nouveau soupir.

– Monsieur, ce tableau, ça ne serait pas... ?

Eugène met la vidéo sur pause, et effectivement ce tableau lui dit quelque chose. Il a passé des mois dans cette immense demeure chaque année, à l'explorer de long en large, et s'il ne se trompe pas.... La vidéo repart, et Kuroo se fait avaler par le passage secret.

– Il est tombé dans un passage secret ? souffle-t-il, clairement dépité.

Peut-être qu'il aurait dû mettre Kuroo au courant de certaines choses.

– Ça va aller ? demande Eugène. Il n'est tombé dedans que 5 minutes plus tôt, mais....

– Merde.

Keiji le remercie, puis sort de la pièce en courant.

____________________________

Kuroo ne demande qu'une chose : qu'on l'achève.

Il est tombé par terre une bonne dizaine de fois en avançant à tâtons dans le noir, et son pantalon doit être plein de poussière. Il ne sait pas pourquoi, mais penser à son pantalon tout sale l'empêche de se dire qu'il va mourir ici, seul et affamé, et lui offre une porte de sortie ; s'il pense à son pantalon, que Chiyuki lui a prêté, alors c'est qu'il va devoir la revoir pour s'excuser.

Une toile d'araignée touche sa main, et Kuroo se met à pleurer.

Il ne sait pas depuis combien de temps il est là, mais est pratiquement certain que ça doit faire des heures. Des jours, mêmes. Il fait froid, le passage est étroit et humide, et comme il ne voit rien il ne peut même pas savoir s'il est entouré d'insectes ou non. Ce n'est pas plus mal, mais l'ignorance favorise l'imagination et il est à deux doigts de la crise de nerfs.

Au loin, il entend encore des voix et fait tout ce qu'il peut pour ne pas formuler tout haut ce qu'il pense : s'il croise, un fantôme s'en est fini de lui. Il possède une peur bleue de tout ce qui touche au surnaturel, n'aime ni le noir ni les insectes, et n'apprécie pas non plus l'idée de mourir seul derrière un tableau moche.

Il a marché un peu, ce qu'il regrette à présent car il ne sait même plus d'où il vient.

Quand les voix deviennent plus fortes, il se bouche les oreilles et ferme les yeux. Ce qu'il ne peut pas voir ne peut pas l'atteindre. Ce qu'il ne peut pas voir ne peut pas l'atteindre. Il cherche une chanson pour oublier que des esprits frappeurs se rapprochent peut-être de lui, et commence à la fredonner en fermant toujours très fort les paupières.

– Kuroo ?

Kuroo hurle. Il crie comme un fou jusqu'à s'en faire mal à la gorge. La voix crie aussi de surprise, un peu.

– Kuroo ? Kuroo ! C'est moi.

Il met quelques secondes à arrêter d'épuiser sa voix. Quand il comprend finalement ce qu'il vient d'entendre, ses yeux s'ouvrent et il ne fait plus aussi sombre qu'avant.

– C'est moi, répète Akaashi.

Une main glisse le long de son bras pour attraper la sienne, et Kuroo pleure toujours un peu.

– Désolé, d'accord ? J'aurais dû te prévenir. Les passages secrets, c'est vraiment pas aussi cool qu'on pourrait le croire.

Il te tire en avant, serre sa main un peu plus fort. Kuroo reste près de lui jusqu'à ce qu'ils retrouvent le passage du tableau, entre-ouvert.

– Allez, viens avec moi.

______________________________

Des bisous !

Hide & Seek || KuroAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant