A l'époque où ma conscience était encore jeune
Cette insouciance qui fredonne sa vieille chanson
Ce passé dont je refuse de faire le jeûne
Carême d'espérance, malmené de bien des façons
Ce temps là où j'abhorrais mes émotions
Manifester ma joie ne provoquait que haine et souffrance
Car j'étais bien aveugle à la manière dont mes actions
Suscitaient l'agacement des autres consciencesA l'époque j'arpentais des sentiers tortueux
Qui me soufflaient que jamais je ne serais heureux
A l'ardeur terne, quand la confiance brillait par son absence
Face au joug noir des heures sans espérance
Je ne fondais que peu d'espoir sur mon futur
Car mon présent me paraissait si dur
Que sur l'autel du manque de rêve et d'hardiesse
Je crois avoir sacrifié une part de ma jeunesseA l'époque je croyais en une unique intelligence
Me pensant rationnel, seule comptait la science
Et des astres éternels qui peuplent le ciel nocturne
Je ne voyais que des amas de gaz taciturnes
Mais cette vertu des étoiles et des nuages
Dont la contemplation rend le poète sage
J'admet honteusement que je n'en avais cure
Tout comme l'appel pressant de l'écritureA l'époque bien trop réels étaient mes rêves
Et leur pays se noyait dans de brûlants cauchemars
Pessimiste, je ne croyais pas en une nouvelle sève
Qui pourtant finirait par me redonner espoir
Mais restaient closes les portes de la rêverie
Et la routine hantait jusque mes nuits
Et la marée noire du songe de l'ennui
Me submergea et laissa mes nuits blanchiesA l'époque j'ignorais pourtant tout de la mélancolie
Et jamais je n'aurais pensé comprendre les poètes maudits
De Verlaine je ne vis que la haine de Rimbaud
Loin de voir que dans l'air il percevait le beau
Au sein des calligrammes je ne voyais qu'un crapaud
Difforme et pompeux, aveuglement banal d'ado
Et puis le spleen devint une part de mon moi
Et en l'espace de douze mois j'écrivis MélancholiaA l'époque, cette expression exprime un lointain
Mais mon passé proche ne doit il compter pour rien ?
Que je le veuille ou non, révolue est l'époque de Mélancholia
Mes Sonates m'ont changé, même si je ne veux en faire cas
Je me réfugie parfois dans une critique du passé
Pour ne pas admettre que mon présent n'est pas parfait
Mais je crois bien que resteront à jamais inachevés
Mes contemplations ou j'ai tenté de tout exprimerÀ l'époque ai je confondu sagesse et savoir ?
Car je découvre ce que je n'aurais jamais pensé entrevoir
Au fond, je crois qu'être sage et agir en fonction
C'est de toujours remettre en question ses conceptions
Rien n'est éternel, tout brille par l'éphémère
Et demain apportera ce que j'ignorais hier
Je ne trahirais pas mes plus grandes valeurs
Mais j'accepterais qu'elles évoluent au fil de mes heuresA l'époque, celle où mon enfance fut le prologue
C'est de ce passé que mon présent est l'épilogue
Le futur m'a rendu mon message à la mer
En me disant qu'à trop attendre, tout deviendrait amer
L'écriture de Mélancholia m'a tant apporté
Que ce recueil, jamais je ne le renierais
Mais désormais un nouveau propos, différent et analogue
Occupe ma plume, en cette époque d'épiprologue
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Le désenchantement du Monde
Thơ caLe Monde a t'il perdu toute sa magie ? Où est-ce seulement sa noirceur qui l'a désenchanté ? Car quand passent l'éphémère espoir et la banalité des tourments, seul demeure un constat qui ne laisse nulle place à l'enchantement: tout à une fin, et not...