3 L'ampleur des dégâts

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3 L'ampleur des dégâts

Nina appela son généraliste pour le prévenir de leur visite, il la connaissait bien, c'était son médecin depuis qu'elle avait emménagé ici cinq ans auparavant. Au vu des circonstances il acceptait de les recevoir entre deux patients.

Lors du trajet Nina, qui conduisait, ne cessait pas de parler. Elle désignait les bâtiments, les boutiques, les rues, racontait tout un tas d'anecdotes, comme pour rattraper un peu du temps perdu entre elles ou pour combler le vide angoissant du silence. Cela arrangeait bien Olympe car elle n'avait pas très envie de faire la conversation, appréhendant le rendez-vous qui l'attendait. Elle écoutait son amie distraitement, lorsque celle-ci se gara au milieu d'un parking, devant un bâtiment tout en long, à l'écart des habitations.

― On y est. C'est un regroupement de différents médecins. Je viens ici pour tout.

Elles empruntèrent la porte à double battant pour entrer, puis signalèrent leur présence à une secrétaire toute jeune et visiblement débordée de travail qui leur indiqua la salle d'attente d'un geste de la main accompagnée d'une phrase inaudible, sans lever la tête de son écran. 

― D'habitude, elle est plus sympa que ça, je te jure, ria Nina.

Elles n'eurent pas à patienter très longtemps. Un homme ouvrit une porte, sa calvitie naissante sur le haut de son crâne, et les rides marquant son visage trahissait un âge plus avancé que ne le laissait penser sa silhouette. Il parcourut la salle du regard, aperçu Nina et Olympe, et les gratifia d'un sourire chaleureux et sincère. 

― Olympe Deville?

― Oui c'est moi.

― Bonjour, je suis le docteur Morel, je vous en prie, suivez moi.

Le médecin fit asseoir Olympe et Nina sur les chaises face à son bureau. Il parlait doucement, et choisissait ses mots avec soin. Il inspirait confiance à Olympe. Elle lui expliqua en quelques mots qu'elle avait été victime de violence et souhaitait un certificat médical au cas où elle voudrait un jour porter plainte. 

Puis il proposa de débuter l'examen clinique. Olympe s'installa sur la table d'examen, les yeux fermées, les poings serrés, pendant que le médecin observait les marques sur son cou en marmonnant ce qu'il allait noter sur son certificat.

― Bien. Je vais noter la présence de stigmates unguéaux sur le cou, et de de pétéchies sclérales et conjonctivales, c'est les points rouges sur vos yeux, et ce sont des signes de strangulation. Y a-t-il d'autres marques à rapporter?

― Oui.

D'abord elle dévoila un long bleu sur sa hanche qui dataient d'il y a quelques jours lorsque Victor l'avait projeté au sol, puis elle afficha son poignet rougi et douloureux à force d'être empoigné, enfin elle fit constater les entailles pour certaines bien cicatrisées qu'elle avait sur les avant-bras, et celle qu'elle avait dans le sourcil, blessures qu'elle s'était faites en voulant se protéger d'objets lancés sur elle.

Nina n'avait rien dit pendant la consultation, mais une fois dans la voiture elle ne tenait plus.

― Donc, hier ce n'était pas la première fois qu'il levait la main sur toi?

― Non, mais ça n'avait jamais été si loin. 

― Je vais le tuer, dit-elle les mains crispées sur le volant.

― Même si j'apprécie l'idée j'aimerai autant que tu évites de finir en prison. 

La fin du trajet du retour eu lieu dans un silence assourdissant, les deux jeunes femmes étaient plongées dans leurs pensées, et aucune d'elle ne souhaitait parler.

La fin du pardonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant