La fin du pardon

4 Graver la liberté dans sa chair

4 Graver la liberté dans sa chair

Au matin elle fut soulagée d'entendre le réveil de Nina dans la chambre à côté, il sonnait la fin de l'obscurité et le début d'une nouvelle journée. Il fallait absolument qu'elle parvienne à dépasser ses souvenirs et ses peurs.

Les deux jeunes femmes avaient couru un peu moins d'une heure, en réalité elles avaient plutôt trottiné, et après des années sans sport cela avait était rude. Olympe suait à grosses gouttes et découvrait des muscles dont elle ignorait l'existence. Mais paradoxalement cela lui avait aussi procuré beaucoup de plaisir et de bien-être. 

― Je te laisse ma belle. Je finis à seize heures mais j'irai faire des courses avant de rentrer. Passe une bonne journée, et surtout, fais comme chez toi. 

― A ce soir, bisous.

Après une bonne douche nécessaire, elle prit le trousseau de clés laissé par Nina, et sortit de l'appartement en claquant la porte derrière elle. Une fois dans la rue elle se dirigea d'un pas décidé droit devant vers une boutique qu'elle avait repéré lors du footing.

Une petite clochette carillonna lorsqu'elle poussa la porte, et une petite femme brune dont le corps était presque entièrement couvert de dessins et de piercings se tenait derrière le guichet, un croissant dans la bouche.

― Bonjour, lui dit-elle la bouche pleine.

― Bonjour, je voudrais me faire tatouer.

― Mmm oui, vous avez une idée du motif ? Peut-être un modèle à me montrer ?

― Non mais je voudrais un tatouage pour marquer une étape importante de ma vie.

― D'accord, je vois. Je vous laisse regarder dans le book de flash de Nadia, vous pourrez en parler avec elle dés qu'elle finit avec son client actuel.

―Merci beaucoup.

Lorsqu'elle était passée devant le shop quelques heures auparavant l'idée avait commencé à germer dans sa tête. Elle avait toujours voulu se faire tatouer mais Victor le lui interdisait formellement. Aujourd'hui elle prenait sa revanche. Elle avait choisi un dessin qui lui plaisait, un petit lapin rose dans un style enfantin et avait demandé à la tatoueuse de le placer sur sa hanche qui n'était pas abîmée. En réalité le fait de se faire tatouer était plus symbolique que le motif en lui-même. Elle voulait graver dans sa chair sa liberté, et y laisser une trace qu'elle aurait choisi. C'était un moyen de se réapproprier son corps et sa vie. Et cela lui prodigua un immense sentiment d'assurance. Ce lapin représentait la promesse qu'elle s'était faite à elle-même, elle ne laisserai plus jamais personne lui dicter sa conduite ou lui faire du mal.

La journée passa vite et elle s'étonna de voir déjà Nina de retour.

― Salut, ta journée s'est bien passée?

― Beaucoup de boulot, des tonnes de dossiers à traiter, comme d'habitude. Et toi tu as fait quoi de beau?

― Oh, pas grand chose, j'ai fait ça, dit-elle l'air détaché en désignant sa hanche fraîchement tatouée.

― Waouh, c'est un vrai?

― Non, je l'ai fait avec des crayons de couleurs.  

― Mais tu as de l'humour dis donc...

― Je trouve aussi. 

― Je te laisse seule une journée et tu te fais tatouer, c'est pas un peu définitif comme activité ?

― C'est plus ou moins le but d'un tatouage... Oui je sais, c'est difficile à expliquer, mais c'est comme si j'avais besoin de me prouver que je pouvais le faire, que rien, ni personne ne m'en empêchait.

― Je comprends et tu n'as rien à expliquer, tu fais ce que tu veux, la rassura-t-elle d'un large sourire. En plus il est super beau. 

― Merci. J'ai aussi beaucoup cogiter sur ma vie, et sur ce que je vais en faire. Je me demande si j'arriverais à me débrouiller seule. Je ne sais même pas par quoi commencer.

― Bien sûr que tu en es capable, et puis tu n'es pas seule, je suis là moi. Prends déjà le temps de digérer tout ce que tu as vécu avant d'envisager l'avenir.

― Je me disais que je pourrais chercher du boulot.

― Très bonne idée, ce soir on pourrait réfléchir au genre de job que tu veux faire.

― Oui, super. Et tu sais, après tout ça j'ai même eu le temps de nous préparer un entremet à la framboise.

― Oh la la, tu me gâtes trop! Je n'arrête pas de manger avec toi! C'est mes fesses qui vont moins aimer!

― Elles sont parfaites tes fesses.

― Oui, pour le moment, mais ça risque de ne pas durer.

― Maintenant que l'on a finit de rédiger ton CV, il faut que l'on cible où tu vas postuler. Tu as envie de faire quoi? 

― Franchement je ne crois pas que je puisse faire la difficile, j'ai besoin de travailler, et c'est pas avec un bac + 1 en droit que je vais trouver le boulot de mes rêves. A mon avis il faut que je vois très large.

― Je pourrai voir à mon boulot s'ils ont besoin d'une secrétaire.

― C'est gentil, mais tu fais déjà tellement pour moi. 

― Je me renseignerai, ça ne coûte rien.

― D'accord, et de mon côté je vais chercher partout. On peut déjà regarder sur ton ordinateur ce qu'on trouve en ligne? 

― Allez, c'est parti, dit-elle en posant son portable sur ses genoux.

Elles improvisèrent un repas rapide, mais prirent le temps de savourer l'entremets d'Olympe. C'était un dessert qui avait toujours beaucoup de succès. Tout ceux qui l'avaient goûter le trouvaient délicieux.

Puis elles reprirent leur recherche. Elles répondirent à toutes les offres d'emploi pour lesquels il n'était pas exigé d'expérience. Elle avait peu d'espoir de trouver quelque chose avec son CV si peu étoffé, et elle savait qu'il y aurait certainement beaucoup de candidats pour chaque poste. Mais il fallait tenter tout de même.

Lorsqu'elle se coucha elle avait postulé à une bonne centaine d'offres.