La passion est la distraction du cœur.

Chapitre 6

Deux jours.
Il ne restait que deux jours avant le mariage. Bill n'avait pas revu Tom, bien trop occupé par les préparatifs du mariage. Il se trouvait dans la grande salle prévue pour recevoir les mariés et leurs proches. Il avait engagé sa meilleure amie pour s'occuper de tout mais il n'arrivait pas à s'empêcher de superviser tout ce qui se passait dans la salle. Il voulait que la décoration soit absolument parfaite. Il était en train de vérifier les petits cartons portant le nom de chaque invité.

Pour le moment, il mettait son travail de côté. Hailey avait beau lui répéter qu'elle gérait absolument tout, il ne pouvait en être autrement pour le blond. Il avait dans la tête bien trop de choses pour réussir à se concentrer sur la moindre nouvelle pièce de tissu. Il s'était quelque peu renfermé depuis sa dernière nuit avec Tom bien qu'il n'en montrait rien autour de lui. Il restait souriant auprès de tout le monde et de bonne humeur.

Ce soir avait lieu le repas de répétition.Les invités les plus proches étaient bien entendu conviés. Bill avait hâte tout comme il était stressé que cela commence enfin. Hailey se rapprocha de son meilleur ami après avoir donné quelques instructions au fleuriste.

- Qu'est-ce que tu fais encore ici toi ? Rentre chez toi te préparer pour le dîner de ce soir allez hop !

- Donc je n'ai pas du tout mon mot à dire c'est ça ?

- Tu as tout compris mon chéri. Tu files te faire tout beau !

Il sourit légèrement. Il eut envie de lui dire quelque-chose d'autre mais se retint. Cela n'avait pas lieu d'être pour le moment. Il embrassa sa joue et rentra donc chez lui pour prendre une longue douche et s'habiller. Il observa son reflet. Ce soir, ce n'était pas encore la cérémonie alors il n'avait pas besoin de mettre une tenue trop guindée. Il avait mis son pantalon en cuir noir et une chemise blanche aux manches un peu large et un col se fermant par une sorte de foulard. Il espérait que sa tenue plairait aux autres comme elle lui plaisait en cet instant. Il ébouriffa un peu plus ses cheveux.

- Tu vas vraiment porter ça ce soir ?

Bill sursauta et observa le reflet de son fiancé dans le grand miroir face à lui. Il fronça légèrement les sourcils.

- Oui pourquoi ?

- Tu aurais pu mettre un costume par exemple. Que diront les autres ?

- Que je m'habille comme je veux avec des vêtements que j'ai créé et qui me vont.

Bill soupira en le voyant retirer sa chemise pour en remettre une propre. Alors il n'y avait vraiment que l'avis des autres qui comptait ? Il n'avait même pas eu un message gentil à son égard. Au début de leur relation, Clay lui aurait fait un compliment car ce genre de tenue lui plaisait énormément. Il avait toujours apprécié le style du blond et le lui avait souvent dit. Et ce soir, il ne faisait que s'inquiéter du regard des autres alors qu'il n'y aurait que leurs familles et leurs amis proches et que tout le monde connaissait Bill pour ce qu'il était.

- Est-ce que c'est une bonne idée ?

- De quoi ? Le dîner de répétition ? Bien sûr que oui.

- Le mariage.

Clay arrêta aussitôt son mouvement et soupira.

- Tu es sérieux là ? A deux jours de la cérémonie ?

Bill se mordilla la lèvre alors que son fiancé se retournait pour lui faire face.

- C'est normal de stresser non ?

- Non. Pas si on est sûrs de ses sentiments et surtout on n'annule pas à deux jours du mariage. Pour quoi on passerait ?

- Il n'y a vraiment que le regard des autres qui t'intéresse. Tu ne penses même pas à ce qu'on peut ressentir ou à la peur de l'engagement total.

- Tu veux tout annuler ? Il en est hors de question. Tu n'annuleras pas ce mariage pour je ne sais quelle raison et surtout... Attends, ne me dis pas que tu l'as revu.

- Quoi ? Tom ? Non ! Mais j'ai quand même le droit de me poser des questions non ?! C'est juste le stress avant d'arriver à la mairie et...

Bill sursauta au moment où Clay le prit une nouvelle fois par la gorge.

- Il est hors de question qu'on ne se marie pas après-demain. Je ne veux pas que l'on parle de nous à cause de ces conneries. Alors tu t'enlèves ces questions stupides de l'esprit et nous allons à ce foutu dîner.

Il relâcha le cou de Bill qui se massa la gorge. Il n'avait pas serré aussi fort que lors de la soirée. Une chance il n'aurait pas de marque. Il était plus effrayé que jamais. C'était la deuxième fois que Clay agissait ainsi. Mais cette fois, il ne se laisserait pas faire et aurait son mot à dire.

- Tu me reproches tout de même d'avoir couché avec Tom alors que toi tu ne te gênes pas à chaque fois que tu pars en voyage d'affaires.

- Sauf que j'ai la décence de le faire caché aux yeux des autres.

Il partit dans la salle de bain sans même laisser une chance à Bill de répondre. Le blond ne bougea pas, observant la silhouette de Clay. Il ne le reconnaissait pas. En rien. Il ne connaissait plus cet homme avec lequel il avait décidé de se marier il y avait plusieurs mois. Clay n'avait aucun remord à avouer qu'il couchait à droite et à gauche. Bill s'était toujours dit qu'après le mariage il resterait fidèle et voulait s'y tenir. Mais il sentait que jamais Clay ne ferait l'effort de s'y tenir. Il soupira.

- Est-ce que tu m'aimes ?

Il avait les larmes aux yeux en posant cette question. Il se demandait si les sentiments de Clay étaient toujours présents. La routine s'était installée entre eux et les voyages incessants de son amant n'aidaient en rien à maintenir une vie de couple idéale. Mais il voulait savoir. Clay soupira légèrement et revint faire face au blond.

- Si je ne t'aimais pas, tu penses vraiment qu'on en serait ici aujourd'hui à se marier dans deux jours ?

Bill ferma les yeux en le voyant lever la main mais se calma en sentant le revers de ses doigts caresser sa joue. Il lui répondait par une question. Le styliste aurait préféré l'entendre lui dire un oui ferme et sûr de lui.

- Non... En effet nous n'en serions pas là.

- Je t'aime Bill.

Bill rouvrit les yeux et plongea son regard dans le sien. Il ne dit rien durant quelques secondes avant de se rapprocher et d'embrasser les lèvres de son fiancé, rassuré.

- Je t'aime aussi. Mais ne me serre plus jamais le cou comme tu viens de le faire.

Il s'écarta et prit sa veste pour retourner dans l'immense salon du loft et laissa Clay terminer de se préparer. Il ne supportait pas ces excès de colère et de violence. La possessivité était quelque-chose qui l'avait toujours attiré chez ses partenaires. Jusqu'à un certain point à présent. Il s'avança sur la terrasse et fuma longuement sa cigarette. Cela irait. Ils s'aimaient alors tout irait parfaitement bien.