Mon Cœur Balance [CORRECTION]

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La soirée du jeudi fût longue et pénible. Les larmes dévalaient sans cesse mes joues. Je ne pus empêcher mes sœurs de rentrer dans ma chambre au moment du dîner mais elles me firent un câlin avant de retourner dans la cuisine et de dire que je dormais à ma mère. J'avais une relation plutôt agréable avec mes sœurs. Nous nous comprenions plutôt bien et même si nous n'avions pas la complicité qu'elles avaient entre elles nous rigolions beaucoup. Et puis elles étaient du genre compréhensives et empathiques ce qui faisait qu'elles ne posaient pas de questions lourdes dès que ça n'allait pas mais je savais que si j'avais besoin je pouvais leur en parler. Ce que je ne ferai bien évidemment pas. Je ne dormis que quelques heures cette nuit-là. Le lendemain mes cernes et mes yeux bouffis et rouges témoignaient bien de la soirée géniale que j'avais passée la veille. Allongée dans mon lit les yeux mi-clos j'hésitai à aller en cours puis je me rappelai que j'avais un contrôle coefficient 3 en maths pour lequel je révisais depuis des semaines. Je finis par me motiver et allai dans la salle de bain avec pour objectif de dissimuler ces cernes. Seulement je me rappelai que je n'avais pas de maquillage et je ne savais pas me maquiller ce qui était un problème vues les cernes gigantesques sous mes yeux. Je descendis donc dans la cuisine et y trouvai Maddie à qui je demandai de l'aide. Cette dernière voulait devenir maquilleuse professionnelle, se maquillait tous les jours était très forte à cela. Je lui expliquai mon problème qu'elle régla en deux temps trois mouvements. En descendant à nouveau dans la cuisine je vis qu'il ne me restai que 10 minutes pour partir avant d'être en retard. Deuxième raison pour laquelle je n'aime pas me maquiller. Note à moi-même : mettre 20 minutes à se lever + se maquiller = retard assuré. Je remontai donc dans ma chambre, pris mon sac et mon manteau et partis en trombe de la maison. Mon ventre criait famine et je tentai de l'oublier en courant à moitié. Arrivée au lycée, la sonnerie avait retentit depuis 2 minutes. Je montai les escaliers quatre à quatre et arrivai pile à l'heure en maths.

- Mouais... pile à l'heure Inès. Bon je vous distribue les copies retournées vous ne pouvez regarder le sujet que lorsque je vous le dis.

Je partis m'installer à une place restante au fond de la salle et pensai que ce retard m'avait permis de retarder la confrontation avec Leïla et Sofiane. Je finis le contrôle cinq minutes avant la fin de l'heure. Je l'avais trouvé plutôt simple mais n'était pas sûre d'avoir réussi. Je jetai un œil vers Leïla et vit qu'elle écrivait à toute allure sur sa copie. A cet instant, une idée germa dans ma tête. Je levai la main et la prof s'approcha de ma table.

- J'ai finis le contrôle mais j'ai mal à la tête. Je peux aller à l'infirmerie ? chuchotai-je pour ne déranger personne.

- Donne-moi ta copie, je te fais un billet et tu peux y aller, répondit le prof sur le même ton.

Je sortis donc avant tout le monde et allai vers la salle de SES. Je détestais cette matière... enfin surtout le prof. Il était lent et ennuyant. Ceci dit les tables étaient une par une dans sa salle ce qui était un avantage. Je fus coupée court dans mes pensées par la sonnerie. Les premiers élèves commencèrent à sortir de la salle et dès que celle-ci fût vide j'y entrai précipitamment. Le prof me regarda de travers ne comprenant pas ce soudain entrain alors que je traînais d'habitude les pieds en entrant ici. Je m'assis sur la table la plus isolée que possible et fut rassurée de voir les tables les plus proches se remplir d'élèves que je ne connaissais pas plus que ça et qui n'allaient donc pas me poser de questions.
A la fin de l'heure, je n'eus pas le temps de m'enfuir que Leïla me tomba dessus et me traîna par le bras vers la cour.

- Bon stop. Tu vas nous éviter longtemps ? Tu réponds pas à mes messages, tu sors des excuses bidons cramées à dix lieues à la ronde. Tu me prends pour la dernière des connes ?

Wow... coté violent mais protecteur et inquiet pour ses amis de Leïla activé.

- Non j'avais juste pas envie de parler.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Rien.

- Haha très drôle. T'as demandé à parler à Chloé et on t'a pas revue. Tu t'es barrée du lycée quasiment toute la journée sans rien dire à personne direct après. Donc ça a un lien. Que s'est-il passé ? conclut-elle sur une ton grave.

- Rien de grave, j'avais juste besoin de prendre l'air et de réfléchir seule. T'inquiètes pas.

- Tu crois que j'ai pas remarqué son comportement depuis samedi ? Eh oh ! Je suis pas teubée ok ? Et je la comprends. T'es sa meilleure pote et tu lui as caché que t'étais lesbienne ou bi, whatever. Tu trouves pas ça normal comme réaction ?

- Mais bien sûr que si Leïla mais c'est pas un truc que je vais lâcher comme ça. Tu me vois arriver un matin lui taper la bise en mode "hey Clo' ça va ? Ouais d'ailleurs j'suis lesbienne hein. Aller on va en cours ?" ?

- Non mais t'aurais dû lui dire. Elle est pas débile ou homophobe ou je sais pas, elle l'aurait accepté hyper facilement.

- J'ai jamais douté de ça. Mais tu parles sans même tout savoir. Tu crois vraiment que c'est mon genre de cacher des trucs à Chloé ? Tu crois vraiment que ça fait pas des semaines que ça me soûle de garder ça pour moi ? Tu crois vraiment que ça me casse pas les couilles d'avoir lâché ça dans un Action ou Vérité ? Tu crois vraiment que j'ai pas eu d'autres raisons qui ont fait que je pouvais pas lui dire par peur de la perdre. Si je le lui ai caché c'est parce que j'avais peur de la perdre et pas à cause de mon orientation sexuelle. Alors c'était un risque à prendre mais c'était mieux que de tout dire, crois-moi. Donc maintenant elle sait la moitié, je peux absolument pas lui dire le reste et à vous non plus c'est même pas la peine de demander et je l'ai perdue alors que y a que avec elle que j'ai envie de parler là tout de suite.

Leïla semble sans voix et fixe un point derrière moi. Je me retourne et vois Chloé, la bouche entrouverte, une expression de surprise indescriptible sur son visage. J'en déduis qu'elle a entendu à minima ma tirade et peut-être une grande partie de la discussion.