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- Juuuu, c'est l'heure de se lever !!! me crie mon frère dans l'oreille. 

Pourquoi faut-il qu'il soit aussi matinal ?

-Merci pour l'info, dis-je en me levant.

Nous descendons ensemble à la cuisine pour prendre notre petit déjeuner. Nos parents nous embrassent et mon père part au travail. Je mets mes tartines de pain à griller et me serre du jus d'orange. 
Le petit déjeuner terminé, je monte dans ma chambre me préparer puis emprunte la salle de bain. Mon frère me rejoint et nous nous brossons les dents en silence. Le vibreur de mon téléphone m'interrompt. Je décroche :

- Alloooo, crie une voix aiguë m'obligeant à écarter le téléphone. Ici la Terre, vous me recevez ?

- Combien de fois faudra-t-il que je te dise d'arrêter de crier dans le téléphone, Albane, dis-je en riant.

- Rooh ça va, c'était pour te prévenir que je t'attends depuis trois minutes devant chez toi.

- J'arrive, je suis prête...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle a déjà raccroché. J'attrape mon sac à la volée et me précipite dans le garage pour enfiler mes converses rouges. La porte du garage monte progressivement et les têtes de mes amies apparaissent.

- Salut, lançais-je comme si je n'avais pas du tout cinq minutes de retard.

- Dépêche-toi ! me supplie Alix.

Nous montons dans la voiture de la mère d'Albane. Bon, je vous rassure, nous sommes largement en avance. Mes amies et moi aimons être bien à l'heure surtout les jours importants.
Le trajet est rapide, nous sommes déjà arrivées. Devant le lycée, j'aperçois de nombreux visages familiers. Nos amis sont déjà tous arrivés. Nous les rejoignons et leur faisons la bise. Nous nous dirigeons ensemble au niveau des emplois du temps pour chercher notre salle.
Un attroupement d'élèves nous empêche de voir le panneau. Roman et Jean arrivent à se faufiler.

- Salle 117 pour Ju, et 302 pour les autres ! crie Roman.

Sa remarque me fait me sentir encore plus seule. La cloche sonne. Je serre Alix dans mes bras. Mon cœur se serre. Albane,Jean et elle s'éloignent dans la foule d'élèves. Je me retourne et cherche Roman du regard.  Il semblerait qu'il se soit volatilisé !
Je cours jusqu'à ma classe qui est au premier étage. Heureusement, j'arrive à temps et entre dans la classe. 
Une voix stridante nous crie de ne pas nous asseoir. Je me retourne et aperçois Mme Johnson. Horreur ! Je me fige lorsqu'elle croise mon regard.

- Je reconnais certaines têtes, dit-elle avec son sourire démoniaque toujours en me fixant.
Ne vous asseyez pas, j'ai tout prévu, enchaîne-t-elle en agitant des papiers.

À l'appel de notre nom, nous nous asseyons. Évidemment, je suis dans les dernières à être placée.

- Maltais et la zigotote, asseyez-vous le plus loin possible de ma vue.

Je vois nos camarades nous dévisager. Nous nous installons donc au fond de la classe deux rangs derrière les autres. Entre Grégoire et le démon qui nous sert de prof, d'autant plus que c'est notre prof référente, les cours d'anglais risquent d'être pénibles.

- Me voilà assis à côté de la grosse-folle-du-glacier, murmure Greg.
Je le foudroie du regard.
- Ohhh toi commence pas ! Je te préviens...
- Voilà que la "défenseuse de poumons" se remet en colère, ironise t-il.

Il me donne un gros coup de fluo sur la joue. Je crois qu'il n'a pas digéré le coup du paquet de cigarette. Je lui rends la pareil et lui colore le nez en rose.
Aussitôt, la prof me prend pour responsable et m'envoie au tableau. J'entends Grégoire ricaner. Arrivée au tableau, je rougis violemment quand je me rends compte que j'ai encore du fluo sur la joue et que je n'ai aucune idée du cours.

- Ça alors, déjà au tableau, zigotote. Tu vas battre ton record, siffle t-elle en s'approchant dangereusement de moi.
Les souvenirs remontent en moi à mesure qu'elle s'approche. Mon cœur loupe un battement. Elle tourne le dos à la classe et me prend par mon poignet endolori. Ça recommence....Je me contorsionne mais rien à faire elle me le tord dans tous les sens. Un brouhaha s'élève dans la classe masquant mon crie de douleur. J'aperçois le regard de Grégoire derrière son épaule. On aurait presque dit qu'il s'inquiétait pour moi. Elle libére brusquement sa prise et me susurre de retourner à ma place bien sagement. Je me rassois et mets ma tête entre mes bras. L'histoire se répéte. Une larme coule, je ne peux retenir un sanglot.

- Tout va bien, Toi, chuchote Grégoire en me relevant une mèche de cheveux pour entrevoir mon visage. 

Il avait vraiment l'air préoccupé par mon cas. Surprenant. J'essuie rapidement les quelques larmes versées et lui esquisse un sourire. Soudain, une douleur vive au poignet me fit me contorsionner de douleur. Je grimace. Il prend ma main valide, ramasse nos affaires et m'entraîne vers la sortie. Je n'ai même pas la force de protester. Une fois dehors, il me fait m'asseoir dans les escaliers et me regarde fixement :

- Médecin en chef, pour vous servir ! s'exclame t-il très sérieusement. Faites-moi voir votre jolie poignet.

Je souris devant cette comédie. 

- Voilà qui est mieux, dit-il en réponse à mon sourire. 

Ses yeux verts pétillants m'attendrissent. Je sens mon corps se détendre. Je hoquete une dernière fois avant de déclarer :

- Tu sais qu'Elle ne va plus jamais nous lâcher après ça.

- Tant pis pour elle : personne à le droit d'enlever le sourire à ma folle préférée, rétorque t-il.

Son changement brutale de comportement me laisse dubitative. J'espère qu'il n'a rien vu : je n'ai en aucun cas besoin de sa compassion. La cloche sonne et un flot d'élèves affamés dévalent les escaliers, nous obligeant à sortir. Côme nous rejoint. Ce dernier vient me faire la bise. Nous entamons tous les trois un débat sur notre planning. Les autres nous rejoignent. Leurs visages affichent de grands sourires ; j'en conclue que leur matinée s'est bien passée. 

- Alors, comment s'est passé votre matinée ? nous interroge Alix.

Grégoire me dévisage. Heureusement, personne n'aborde notre départ furtif du cours et Côme commence à imiter la prof lorsqu'elle a tenté de nous expliquer notre emploi du temps. Nous rions face à cette imitation, qui, je dois dire, est plutôt réussie. 

Le reste de la journée passe lentement. Mon regard passe de la fenêtre à l'horloge, de ma montre aux nuages noirs.

Spring will be rebornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant