J'aide les Maltais à ranger et à nettoyer leur maison. Le salon n'est plus reconnaissable. Je ramasse un cadre. Il contenait une photo de famille. Joé était déguisé en chevalier. Greg est dans les bras de son père et Emy dans ceux de sa mère probablement. Je trouvais en cette femme un air familier. Je ramasse une autre photo... Ce fût le choc ! Je connaissais très bien cette photo. Le monde s'est écroulé sur moi une troisième fois à cet instant. Je m'écroule par terre. Grégoire se précipite vers moi.
- Tout va bien, Ju ?
- J'ai un peu mal au crâne mais ça va passer, répondis-je en me relevant.
- Viens, on a tous bien mériter une pause.
Il me prend dans ses bras et nous descendons dans sa chambre. Il m'installe sur son lit et dépose un baiser sur mon front. Je me blottis contre lui sans oser le regarder. Je ne pouvais plus. Cette femme je la connais trop bien. Comment lui dire, ça je n'en sais rien. Un jour viendra où ce secret sera révélé mais le plus tard possible sera le mieux.
- Ça te dirait de rester dormir vu qu'il est déjà tard ?
- Pourquoi pas...
Il me supplie du regard.
- Roooo c'est bon je reste...Arrête de prendre cet air de chien battu, répondis-je en rigolant.
- Cooool....Tu vas voir, tu vas pas le regretter, dit-il malicieusement.
Nous montons sur le toit. La terrasse est aussi belle que la dernière fois. Je m'assois sur le muret. La vue est vertigineuse. J'ai la sensation de pouvoir tout contrôler. La nuit tombe et d'ici le bruit des voiture n'est qu'un doux murmure. Je me mets debout les bras écartés. Greg pose ses mains sur ma taille.
- Je t'aime Grégoire Maltais criai-je.
- Je t'aime Judith Parker crie t-il à son tour.
Ses mots me font trembler. Un doux frisson me parcours. Le vent glaciale d'hiver emporte nos voix à travers la ville. J'espère que cet instant de bonheur ne sera pas le dernier. Je chasse aussitôt cette idée de ma tête. Greg me prend par la main pour m'aider à descendre et m'enlace. Ses bras musclés autour de ma taille sont rassurants. Il est juste adorable. Il me fait signe de le suivre.
Quelques minutes plus tard, nous sommes sur le sable, face à la mer, enroulés dans un grand duvet en train de manger une délicieuse pizza quatre fromages.
- Imagine toi à l'autre bout du monde sur un bateau juste avec moi...murmure Greg.
- Je sais pas si j'arriverai à te supporter longtemps, le taquinai-je.
- Ah oui, tu crois ça ? Moi je pense que tu serais la fille la plus comblée du monde !
- Rien que ça, Maltais !
J'enchaîne :
- Quoique, je te vois très bien avec juste une feuille de palmier entre les jambes sur le pont du bateau entrain de faire un strip tease endiablé...
- Pour quelqu'un qui n'était pas très enjoué de partir en croisière avec moi...
- On va dire que ça dépend des modalités, dis-je en lui caressant la joue.
- On pourra remédier à ça alors...Cet été, je t'emmènerai au large tu verras...
A coup sûr, il a un yacht privé, pensai-je. Notre petite discussion s'arrête là. Nous nous blottissons l'un contre l'autre en souriant. Le ciel brumeux nous empêche de distinguer les étoiles. J'en aperçois trois scintiller. Je chuchote en les désignant du doigt :
- Regarde, ce sont Louis, Liam et ton père qui nous regarde. J'en suis sûre qu'ils sont très heureux pour nous, là-haut.
- Sûrement, oui... Dis-moi Ju, est-ce que tu penses toujours à eux?
- Avant j'y pensais tout le temps...Maintenant j'essaie de ne plus y penser. Je m'en suis fait la promesse. La mort de me frère Louis a été très douloureuse, celle de Liam encore plus mais il faut que j'arrive à avancer sans eux maintenant. Ça doit sûrement te surprendre que je dise ça mais Louis n'avait que 3 ans. Je me suis moins attachée à lui, on va dire, qu'à Liam...
- Avant ? Je te comprends, Ju, avec mon père c'est pareil. Il est rien pour moi. Je veux dire on a jamais partagé de moments ensemble, on se parlait en hurlant juste pour qu'ils remplissent des papiers...Bref.
- Avant que je te rencontre...Avant cette année.
Il m'embrasse en guise de réponse. Je lui rends son baiser.
Le réveil est douloureux. J'ai le visage gelé malgré les nombreuses écharpes que j'ai enfilé. Au loin, une chorale d'enfants chante la magie de Noël. J'avais oublié que dans dix jours ce serait Noël...Plus qu'une semaine de cours et nous serons tranquilles. Grégoire s'étire. Une mèche bouclée s'est échappée de son bonnet. Je souris en embrassant ses lèvres glacées. Mon portable vibre. Je décroche.
" Eh oh Judith tu t'es cru à l'hôtel ! Tu pourrais au moins nous dire où tu passes la nuit et avec qui ! Surtout quand ton père te retrouve sur le sable à côté du garçon que je t'es défendu de revoir !" hurle ma mère dans le téléphone.
Je raccroche aussitôt. Comment pouvait-elle être aussi désagréable ? Mais ne vous inquiétez pas, son petit jeu de mère inquiète des fréquentations de sa fille a assez duré. Je l'ai démasqué ! Je me retourne. Grégoire me lance un regard triste. Il demande :
- Pourquoi ta mère ne veut pas qu'on se voit ? Tu m'avais dit qu'elle était au courant !
- Désolée...Ma mère est une tarée qui bousille ma vie ! Je ne l'ai pas prévenu parce que sinon j'aurai jamais eu le droit de sortir avec qui que ce soit au risque que ça soit toi...Depuis qu'elle t'as vu chez Côme, elle veut plus que je te vois sans aucune raison.
J'ai déballé ça tellement vite que je suis obligée de reprendre mon souffle. Grégoire me regarde perplexe. Je m'approche de lui et mets mes mains dans les poches de son manteau. Je sens son souffle sur mon visage. Il dit :
- J'aurai compris si tu me l'avais expliqué comme ça... Ne me mens plus s'il te plaît...Je déteste ça, j'ai toujours été honnête avec toi et toi tu me racontes que ce que tu veux...Promets moi que tu me raconteras tout ? En commençant par l'histoire de toutes tes cicatrices et bleus !
Son regard ferme me transperce. Je déteste ce genre de discours protocolaire. Mais il faut que je me rende à l'évidence, il n'est pas dupe et mes amis non plus ...
- Laisse-moi du temps pour t'en parler, c'est trop frais pour l'instant...
- OK si tu veux rien me dire j'irai demander à Jean ou mieux à Alix ! dit-il en haussant la voix.
- Ça ne servira à rien, ils ne sont même pas au courant ! Ne va pas les inquiéter pour rien, vraiment ! criai-je plus fort que lui.
- Bien. Si tu n'a besoin de personne, alors j'y vais !
Il m'embrasse rapidement, ramasse ses affaires et s'éloigne me laissant en plan. Est-ce une rupture ? Ou juste une période de crise ?
Voilà pourquoi je ne voulais de personne ! Je suis tellement fragile que tout le monde s'en rend compte et je passe pour une martyre de menteuse ! S'attacher est signe de tristesse...
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Spring will be reborn
Romance"Le passé est troublant. Il dévoile les secrets et chamboule les cœurs. Il fait d'une vie banale, une aventure périlleuse." Judith est une ado de 16 ans bouleversée par son passé. La vie n'est vraiment pas tendre avec elle. Le jour où le beau Grégoi...