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3ème heure de bac blanc. Le français me monte à la tête. La 4ème heure sonne et je sors de la salle.
Le haut parleur du hall d'accueil se met en route :

" Mr Grégoire Maltais est prié de se rendre dans mon bureau MAINTENANT !"

L'intéressé me regarde. Je l'interroge du regard et il hausse les épaules. Il part en déposant un doux baiser sur mes lèvres. J'ai un très mauvais préssentiment.

Quelques minutes plus tard, je vois Grégoire traverser le lycée suivi d'Emy. Elle a les larmes aux yeux, lui est en colère. Je n'ose pas les interpeller. 1h plus tard, je n'ai toujours aucune nouvelle. Purée ! Mais qu'est ce qui se passe ?
Le reste de l'après-midi passe très très très lentement. Les profs crient deux fois plus que d'habitude. Les évaluations s'enchaînent. Eh oh ! Quelqu'un a t-il pensé qu'on avait pas que leur matière bidon mais un putain de bac blanc à réviser ? Et pour couronner le tout, profitant de l'absence de mon cher voisin, Lucifer a décidé de reprendre ses humiliations. Et cette fois ci d'une manière indigne...en me versant sa tasse de café à la figure et du coup en m'obligenant à me mettre dans une petite tenue. Heureusement pour moi, aujourd'hui je porte un top sous mon tee shirt. Bref, cette journée est un chao complet et ce n'est sûrement pas fini !

J'ai ma réponse au dîner en allumant la télé. La voix mécanique du présentateur m'horripile. Bordel ! Accouche !
" Un avion en provenance du Maroc vient de se scratcher au large de la méditerranée. Nos experts pensent qu'aucun passager n'a pu survivre à ce terrible scratch. Les causes de cet accident ne sont pas encore révélées. À son bord, l'homme d'affaire Mr... "
Ma vue se trouble, mes mains se crispent, j'hurle dans toute la maison. Mes parents me regardent horrifiés. Putain ! Pourquoi faut-il toujours que la vie soit un merdier pas possible ?!!!!

Je prends un manteau et je cours jusqu'à chez lui. Je perds totalement le contrôle de mes jambes mais personne... Oh oui personne ne pourra m'arrêter ! J'entre sans même frapper. Ils sont là, ensemble, autour de leur table de salon. Joe tourne en rond, Emy tenant Eliot dans ses bras paraît fatiguée , Grégoire a le regard vide, noir. Tous se tourne vers moi. Je m'arrête. Ils paraissent trop serein.

PDV Grégoire :

Je m'approche de Judith, troublé. Elle me serre dans ses bras. Une larme coule sur ma joue. Parfois la vie permet d'apercevoir une lumière au bout du tunnel.

- Qu'est-ce que tu fou là, Ju ? Dis-je en tremblant.

Elle me regarde calmement. Je crois bien que c'est la seule personne qui se passe de pitié.

- J'ai regardé la télé et c'est là que j'ai appris...

- Chuut...OK. Viens.

Nous allons sur le canapé et je l'assois sur mes genoux. Elle tient fermement mes mains. Joé prend la parole :

- Nous sommes orphelin, Bordel ! Manquait plus que ça ! Nous avons fait une première fois la une des journaux quand notre très chère mère nous a abandonné, une deuxième fois quand elle a été aperçu avec un autre et une troisième fois, aujourd'hui, quand notre connard de père meurt dans un crash !

Il hurle ces mots avec tellement de colère que nous tremblons de peur. Je crie :

- Ce connard était toujours absent ! Comment peux-tu encore l'appeler "notre père"? Qui s'est occupé d'Eliot ? Qui est venu nous chercher en maternelle, en primaire ? Personne ! PUTAIN ! PERSONNE ! Cet homme n'est qu'un étranger qui n'a même pas su une seule fois fêter l'anniversaire d'un de ses enfants ! Notre mère a eu raison de partir ! Vous savez pourquoi ? Parce que le Monsieur qui nous sert de père n'est qu'un sal riche égoïste orgueilleux et malheureux ! Au moins, elle, elle est sûrement heureuse !

Emy bouche les oreilles d'Eliot. Le pauvre ! Orphelin à cet âge là ! Je me saisi du cadre à côté de moi et le lance contre le mur. Il se brise, des éclats de verres éclatent dans tous les sens. J'essaie de me calmer. Tous ont les yeux rivés sur moi. Ils ne disent rien.
Vous pensez sûrement que perdre notre père nous est gênant mais en fin de compte c'est tout le contraire ! Il n'est qu'une putain de signature sur un registre ! Emy se met à crier :

- Je sais que "notre père" n'est rien pour nous mais il s'avère que nous sommes orphelin et sans l'accord de Joé pour prendre notre garde nous serons placé dans un foyer comme la dernière fois ! Alors putain, calmez vous ! 

Judith me regarde. Merde ! Elle n'est pas au courant. Mais contrairement à ce que je pensais, elle ne pose aucune question.

PDV Judith :

Il ne m'avait jamais dit qu'ils avaient été placés... Bizarre. Je garde mon calme. Je sais très bien ce que c'est de voir de la pitié dans les yeux des autres. Croyez-moi c'est la chose la plus désagréable dans ce genre de situation ! Bref, passons... Je continue à écouter tranquillement. Soudain, la porte claque. Albane débarque, essoufflée, et cours dans les bras d'Emy. Nous nous regardons tous, un à un.
Greg rigole. Son rire est tellement contagieux que nous éclatons tous de rire chacun à notre tour. Nos rires nerveux s'accompagnent de larmes et de câlins réconfortants. Vous connaissez le dicton :"il vaut mieux en rire qu'en pleurer." Eh ben, c'est ce qu'on fait.
La seule chose qui me tracasse est le faite qu'aucun n'est empathie pour leur père. Je sais pas... Même si je ne m'entends pas avec ma mère mais alors pas du tout, s'il lui arrive quelque chose comme ça, je serrai en train de faire une énorme dépression. Enfin, je crois. Chacun réagit différemment mais je pense que les Maltais sont des dures !

Il est tard. Je dis au revoir à cette merveilleuse famille en espérant qu'ils arriveront à surmonter ce "drame". Grégoire m'accompagne dehors.

- Merci d'être là pour nous... Je... 

Sa garde s'abaisse au fur et à mesure qu'on se parle. J'aime ce mec touchant et adorable. Une larme coule sur sa joue. Il rajoute entre deux hoquets :

- Je peux être égoïste ou même repoussant quelques fois...mais s'il te plaît, quelque soit la situation... Ne...Ne m'abandonne pas...

Je le fixe, attendrie par ses mots. 

- Je te le jure, Maltais. Bonne nuit mon cœur. Appelle-moi si tu fais un cauchemar.

Il me sourit et nous nous embrassons. Je l'aime comme une grosse folle... Mais pour l'instant ces deux simples mots n'arrivent pas à sortir de ma bouche.

Spring will be rebornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant