Spring will be reborn

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PDV Judith :

J'emballe mes dernières affaires dans mes cartons. Tout quitter du jour au lendemain me bouleverse. Je n'arrive pas du tout à me projeter dans la villa des Maltais. Pour moi, leur maison était comme un refuge temporaire contre la tempête, un lieu de passage où j'aimais aller. Mais y vivre est une autre chose. Tous les souvenirs que j'ai dans ma maison, heureux ou triste, vont me manquer. Je n'avais pas besoin de changer d'environnement de vie en ce moment. Je voulais pouvoir me reposer sur quelque chose de stable mais, comme d'habitude, il faut tout bouleverser. J'espère profondément que ce changement de vie va me permettre de passer à autre chose, non pas oublier le passé mais juste pouvoir vivre avec.

- JUDITH !!! Le camion est là dépêche toi ! crie ma mère dans la cage d'escalier.

Grégoire passe la tête à travers ma porte et me demande :

- Tu veux que je t'aide à transporter tes cartons ?

J'acquiesce avec un petit sourire. Depuis notre dispute mardi, nous nous adressons peu la parole. D'un côté, ça me rend vraiment triste, j'ai besoin de lui. D'un autre côté, j'ai besoin d'espace et je pense qu'il l'a compris.

Je descends rejoindre ma mère et Tommy sur le perron et mon père ferme la porte à clé. Mon frère me prend dans ses bras. Je vois bien qu'il essaie de jouer au petit frère solide mais au fond il est vraiment triste de quitter notre maison. Mon père vient nous serrer dans ses bras et chuchote :

- Une nouvelle aventure commence mes chéris !

La porte de la villa s'ouvre sur Emy qui nous fait signe d'entrer chaleureusement. Joë est revenu aussi pour l'occasion. Il tient Eliot dans ses bras et vient nous dire bonjour. Beaucoup de nos affaires ont déjà été amené dans la semaine. Une pile de carton trône au milieu de la salle de séjour. Je ne suis pas revenue ici depuis le cambriolage. 

- Alors par quoi on commence ? demande mon père.

- Par les chambres ! crie Eliot avec sa petite voix.

Nous acceptons et allons à la découverte de la maison. Je pense qu'un petit room-tour ne serait pas inutile. 

Commençons par le commencement... Un grand portail noir se dresse devant la villa ainsi qu'une haie de palmiers et de fleurs exotiques. Une allée de petit caillou blanc bordée de laurier-rose nous accompagne jusqu'à la grande porte d'entrée noir, nous permettant d'entrer dans cette grande villa en pierre apparente. 

L'entrée donne sur une pièce spacieuse au carrelage noir où trône le piano. A droite de celui-ci, en descendant quelques marches, se trouvent deux grands sofas et une table basse de salon en verre. Une cheminée suspendue fait de la pièce un espace cocooning. A gauche, une grande cuisine américaine très fonctionnelle. J'y vois déjà ma mère en train de cuisiner. On peut aussi y voir un large îlot centrale où, à mon souvenir, ils prennent leur petit déjeuner. Un peu plus loin derrière le piano se trouve une table à manger en verre avec de superbes chaises blanches. 

A travers les baies vitrées où le soleil s'introduit par les petites strilles des stores, on peut voir une terrasse en bois meublée et une végétation luxuriante. Ce n'est pas la forêt amazonienne non plus, je vous rassure, mais il y a beaucoup d'arbre et de fleurs. Le jardin est raisonnablement grand. 

Quand on passe dans la cuisine, on ne peut pas ne pas être intrigué par une porte blanche qui donne sur une verranda puis sur une salle de sport encadrée par de grands miroirs puis sur le garage où sont rangés un bateau et jet ski ainsi qu'une grosse voiture noire.

Retournons au salon. Un couloir, dont la porte est sous la cage d'escalier, amène a plusieurs pièces. Au fond du couloir, se trouve une spacieuse suite parentale avec un grand dressing. A droite une porte bleue pastel indique la chambre d'Emy. En face de celle-ci, une porte conduit au sous-sol. Une fois en bas, d'un côté se trouve la chambre de Grégoire que vous connaissez déjà, de l'autre un cellier et en face une porte qui donne sur le jardin du côté piscine. 

Prenons maintenant l'escalier. La rembarde est en bois et les marches en verre. Nous arrivons dans une mezzanine d'environ vingt mètre carré un peu arrondi. Quelques poufs sont posés sur le parquet et une imposante bibliothèque se dresse sur des étagères fixées au mur. Un petit couloir amène à une salle de bain et au home cinéma...Cette pièce me rappelle un bon souvenir... Puis en retournant sur ses pas, nous pouvons voir quatres autres portes. Une pour la chambre d'Eliot, une pour celle de Joë, une pour le bureau et l'autre pour la chambre d'ami.

Ces deux dernières pièces seront nos chambres, à Tommy et moi.

- Tu veux laquelle ? me demande mon frère.

Les deux pièces donnent sur le jardin et sur la plage mais la chambre d'ami à une salle de bain et un grand dressing.

- Je vais prendre la chambre d'ami, répondis-je avec un large sourire aux lèvres. 

Mon frère me rend mon sourire et nous partons déballer nos cartons. Je dois avouer que cette maison est vraiment belle et pleine de charme. Finalement, je vais peut-être trouver un peu de plaisir à cette nouvelle vie.

Ma chambre n'a pas autant de charme que la précédente où j'adorais les poutres apparentes et les pierres apparentes. Celle-ci a un parquet foncé et les murs blancs. J'accroche mes étoiles fluorescentes au-dessus de mon lit comme avant. Puis, je rempli mon dressing qui est un grand placard blanc (aussi) avec de larges miroirs sur les portes. Je dépose mon violon à côté de mon bureau et me dirige vers la baie vitrée. Je crois que Mr Maltais devait vraiment aimé les baies vitrées au point d'en mettre partout ! Une fois sur la terrasse/balcon commune à toutes les chambres je m'allonge sur une chaise longue pour me reposer. Cette journée d'hiver est plutôt douce.

Je sursaute soudainement au contact d'une main sur mon épaule.

- Ce n'est que moi, rigole Grégoire.

A sa voix chaleureuse, je sens qu'il va mieux. Je lui souris. Je ne sais pas trop quelle attitude prendre vis-à-vis de lui.

- La maison te plaît ? me demande t-il en s'asseyant sur l'autre transat en face de moi.

- Oui c'est superbe ! Je n'ai jamais vu de maison aussi belle !

-  Je suis content pour toi ! me sourit-il. Mais c'est quand même bête que nos chambres soient si loin l'une de l'autre...

Je le regarde amusée. Si seulement nous pouvions toujours avoir ces conversations légères.

- Ah oui ? Moi je trouve ça d'autant plus excitant de devoir traverser toute la maison pour te rejoindre...

- Tu ferais ça toi ?

- Peut-être...

Je l'entends rire. C'est si bon d'avoir un petit moment de bonheur.

Il me tend la main, m'aidant à me relever, et me serre contre son torse. Nous restons blottis l'un contre l'autre jusqu'à ce qu'Eliot déboule  un ballon à la main.

- Qui veut jouer avec moi ? demande t-il.